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Quand le gouvernement manque de lucidité dans la gestion d’une crise mondiale

Publié le jeudi 10 avril 2008 à 12h14min

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L’actualité au Burkina Faso reste toujours marquée par le phénomène de la vie chère qui continue de dicter sa loi dans les ménages. Comme si le calvaire ne faisait que commencer, la vie chère prend de l’ampleur au fur et à mesure que le temps passe.
Et l’on s’achemine à grand pas vers la fin de la période de « grâce » que le gouvernement s’est vu obligé de concéder à travers des mesures gouvernementales.

Cette conjoncture assez difficile qui menace la stabilité des nations a une envergure internationale, voire mondiale. C’est du reste l’argument que les gouvernants invoquent sans gêne comme l’excuse à leur responsabilité face à la gestion de la crise socio-économique qui frappe le pays. Ces derniers auront bon dos de rappeler que le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui sont des géants de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas épargnés par cette « tragédie » des temps modernes au regard des troubles et des manifestations qui ont fait monter le mercure dans ces différents pays. Mais à la différence du Burkina Faso, la grogne inhérente à cette situation de misère n’a pas été mise au compte des « manipulateurs » de conscience et autres apprentis sorciers en mal de popularité.

Au Burkina Faso en effet, la religion des princes qui gouvernent est déjà faite sur ces genres de manifestations qui perturbent leur mode de vie. Tant et si bien que la grogne des âmes désespérées qui ne cherchent qu’à améliorer leurs conditions de survie n’est pas perçue au sommet comme l’expression d’un raz-le-bol mais plutôt comme les stigmates d’une manifestation à la solde des adeptes de la courte échelle.
Le premier ministre Tertius Zongo s’est fait l’écho de cette perception en vogue dans son gouvernement lors de son dernier discours sur l’état de la nation prononcée le 27 mars 2008 devant les députés de l’Assemblée nationale.

« Tenter de faire une carrière, ou de jouer à la vedette, sur la douleur des populations et sur les malheurs de nos commerçants ne correspond pas à l’idée que le gouvernement se fait de l’engagement public ».

Dès lors que la question est posée sous cet angle, sa gestion ne peut que prendre des allures cavalières avec des résultats qui sont loin de combler les attentes des acteurs sociaux et partant de toute la population.
Réduire une crise mondiale à des tentatives de récupération politique et de manipulation, n’est-ce pas une grave erreur que les autorités n’ont pas manqué de commettre ? Alors qu’une telle erreur laisse peu de place à la lucidité pour apprécier et trouver les réponses aux préoccupations.

L’archevêque de Ouagadougou, Mgr Jean Marie Compaoré qui a pris la mesure du problème a déclaré que « à la faveur de la manifestation contre la vie chère qui est un phénomène mondial, c’est en fait contre l’indifférence, les injustices et la suffisance des nantis de notre société que les gens ont manifesté ». (cf Le Pays du mercredi 26 mars 2008). En a-t-on pris conscience au sommet de l’Etat ? C’est la question qu’on se pose au regard de la gestion en haut lieu de la crise en vigueur. Pendant que la vie chère accule le Burkinabé moyen et assomme les paysans et les citoyens à faible revenu, l’Etat conserve son train de vie qui contraste d’avec la situation économique du pays.
Celles et ceux qui incarnent l’Etat ne cessent eux aussi de narguer la misère de leurs concitoyens en faisant étalage d’un luxe insultant et provoquant.

La société burkinabé souffre donc de cette cassure et de cette classification éhontée qui met à mal sa cohésion sociale. C’est bien là l’une des facettes du mal qui ronge la nation.
Il faut appliquer la thérapie qui convienne sans œillère et sans faux fuyant. Mais pour cela, il faut une bonne dose d’honnêteté, de patriotisme, de civisme et de citoyenneté. Le mal est profond. Et aux grands maux, …les grands remèdes. Car même si la crise est certes mondiale, le peuple attend de ses dirigeants une réponse concrète et locale d’abord avant toute sorte de théorisation. N’est-ce pas eux qui, à coup de campagnes électorales, de manoeuvres diverses et de promesses parfois démagogiques ont sollicité au peuple de leur confier la destinée du pays ?

Par Bendré

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