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Robert Mugabé : Le dernier des « Mohicans »

Publié le mardi 1er avril 2008 à 13h22min

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Robert Mugabé

« Honte de toute l’Afrique » (sic), anti-démocrate notoire et « roi-nègre » (resic), les qualificatifs les plus désobligeants sont adressés au président zimbabwéen, de la part de dirigeants occidentaux « bien pensants ».

Vilipendé et jeté aux orties par des hommes qui ne sont pas eux-mêmes exempts de critiques (l’Irak nous rappelle au quotidien les conséquences désastreuses des actions de ces démocrates auto-proclamés), le vieux guerrier shona réplique du tic au tac, convaincu de son bon droit et surtout fort de l’appui de son peuple. Car, contrairement aux sirènes alarmistes qui nous proviennent d’Occident, relayées par des médias aux ordres, il n’y a jamais eu divorce entre Mugabé et son peuple. Non pas que ledit peuple n’ait pas faim du fait en grande partie de l’embargo décrété par l’Occident, mais du fait qu’héritier d’une longue tradition de lutte, il a compris ce que l’impérialisme pouvait orchestrer comme manœuvre déstabilisatrice des peuples en lutte.

Car assurément, Mugabé et son peuple sont en lutte contre l’impérialisme anglais qui a refusé d’appliquer les Accords de Lancaster House signés en 1979 et qui prévoyaient non seulement la rétrocession des terres aux Noirs, mais aussi des mesures d’accompagnement financières pour leur permettre d’exploiter lesdites terres. Pressée par les « cousins » blancs installés au Zimbabwe qui ne voulaient pas quitter cet eldorado, Londres a fini par reculer, et, de reports en fausses promesses, n’a jamais tenu sa parole. Acculé lui aussi par ses « pays » , Mugabé ne pouvait dès lors que proclamer la nationalisation des terres malgré les immenses risques qu’il faisait ainsi courir à son pays. Du reste, le marxiste dialecticien qu’il est l’avait compris, ce qui l’a amené à hésiter pendant longtemps avant de franchir le pas.

Mais, comme la fierté d’un peuple ne se marchande pas, sa fibre patriotique a fini par prendre le dessus. Depuis les Occidentaux ont entrepris une vaste campagne de déstabilisation économique et politique du pays, en suscitant les pénuries et l’inflation et en créant une opposition qu’ils ne cessent de porter au pinacle. On l’a encore vu lors des dernières élections générales, où les radios caporalisées ont agrée la thèse d’une opposition victorieuse tout en soulignant que le pays est sous tension. La propagande impérialiste entre ainsi en jeu pour créer les conditions subjectives d’un soulèvement populaire au Zimbabwe.

Mais, la base sociale de l’opposition étant faible pour les raisons sus-indiquées, on peut parier que si crise il y avait, elle ferait long feu. Mugabé incarne aux yeux de ses compatriotes le héros de la guerre de libération, ce qui lui permet de dire que, lui vivant, l’opposition « ne gouvernera jamais » au Zimbabwe. Alors, le dernier des Mohicans survivra à cette tempête, même si les temps sont durs pour les prolétaires zimbabwéens. Souvent, la liberté a un goût amer, mais, on la savoure toujours avec délice.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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