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Salif Diallo limogé du gouvernement

Publié le lundi 31 mars 2008 à 10h02min

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Tout ou presque tout a été dit sur le dernier remaniement ministétiel. L’observateur averti a pu en compilant ou en synthétisant les analyses abondamment publiées dans les médias se bâtir sa propre opinion. Mais l’événement continuera à faire couler de l’ancre et de la salive. Toute chose qui participe à une clarification et de la scène politique et du paysage médiatique.

Pour paraphraser l’adage, dites-moi comment les journaux analysent le limogeage de Salif Diallo du gouvernement et je vous dirai pour qui roulent les plumes qui les pondent. C’est connu l’homme a ses réseaux dans la presse et aujourd’hui il est payé en retour par un soutien à peine déguisé. N’est-ce pas qu’il faut de nos jours, beaucoup de communication pour faire de la politique ? Mais pour rester dans le sujet de l’heure, disons qu’il y a des limogeages qui n’ont pas besoin d’être expliqués. Ils parlent par eux-mêmes selon la dynamique des circonstances de temps et de lieu. Les circonstances de temps pour l’exécutif remanié sont celles d’un gouvernement vieux d’à peine 10 mois qui avait fait long feu avant de voir le jour. Mais elles sont surtout celles d’une crise sociale non entièrement résorbée qui a occasionné des manifestations violentes inattendues, expressions de fortes demandes sociales en attentes. On ne peut donc pas expliquer ce remaniement en faisant fi des manifestations de la fin février. Qu’est-ce qui a pu les provoquer et quelle est la meilleure manière d’éviter qu’elles se reproduisent. Les circonstances de lieu sont celles d’une République en maturation dans un pays en développement. Le président démocratiquement élu, doit rendre compte aux populations et passer régulièrement l’épreuve du verdict des urnes pour un renouvellement du contrat de confiance. Il ne peut donc se payer le luxe d’une paralysie ou tout au moins d’une incohérence de l’action gouvernementale et partant de tout l’appareil d’Etat. 2010 n’est pas loin. C’est donc en toute logique que dans ses explications sur ce remaniement ministériel, le président a plaidé pour une plus grande cohérence dans l’action du gouvernement et pourtant de tout l’appareil d’Etat. Par ailleurs ce que ni Blaise Compaoré ni Tertius Zongo n’ont dit, c’est que Salif Diallo s’est épuisé à la fonction de ministre depuis au moins 18 ans. D’abord directeur de Cabinet avec rang de ministre, il a été titulaire d’un porte-feuille plein pour la première fois en juin 1991 quand il fut nommé ministre de l’Emploi, du Travail et de la sécurité sociale. Un an plus tard, il était titulaire d’un emblématique porte-feuille de ministre chargé de Mission à la présidence du Faso. Il est nommé ministre d’Etat pour la première fois en 1996. Il quitte le gouvernement l’espace d’un an entre octobre 1999 et novembre 2000. Et depuis le 12 novembre 2000, il a sans discontinuer participer à l’Exécutif jusqu’à ce 23 mars 2008. On ne peut pas être si longtemps sur la brèche mais surtout user à la fois des méthodes à la hussarde et à la pieuvre sans devenir encombrant… par l’ambition. Eh oui, celui qui se définit lui-même comme le cuisinier du président voulait être Premier ministre depuis belle lurette ! A défaut d’avoir obtenu cette promotion, il regardait avec condescendance ceux commis à la tâche s’il ne développait pas des initiatives parallèles pas toujours en harmonie avec le souci de collégialité de l’équipe gouvernementale. De fait, l’homme en étant venu à se considérer non pas seulement comme le numéro 1 bis du parti majoritaire, mais également comme le numéro 1 bis à la tête de l’Etat tout simplement. La peur de perdre un tel piédestal qu’il s’était forgé l’a conduit à créer et à alimenter dès 1998 la thèse d’une succession dynastique à la tête de l’Etat. Se rendait-il compte qu’en véhiculant pareille hypothèse, il érodait insidieusement le capital de sympathie des Burkinabè à l’endroit du président, indirectement accusé de népotisme ? Drôle d’attitude pour un « fidèle des fidèles camarades » du président de Faso ! En somme, à force de jouer au n°1 bis avec des arrières pensées de positionnement politique, l’homme a pu paraître encombrant aux yeux du président, gênant sans gêne une coordination efficace de l’action gouvernementale. Son limogeage donne une forte indication de la volonté de Blaise Compaoré de donner des couleurs neuves au système de gouvernance. Celle débarrassée du trafic d’influence en tout genre, des passe-droits indus et des intouchables. N’est-ce pas que le signe des temps est à la bonne gouvernance ?

Djibril TOURE - Par : L’Hebdo

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