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Intervention de l’UA à Anjouan : Que cela fasse jurisprudence

Publié le mercredi 26 mars 2008 à 08h55min

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Ce qui était, jusque-là, présenté comme imminente éventualité sur l’île d’Anjouan, est devenu réalité depuis les premières heures du mardi 25 mars dernier. Les troupes de l’armée fédérale comorienne, flanquées de soldats de l’Union africaine, ont débarqué sur l’île dite séparatiste, délogeant Mohamed Bacar, ce colonel président dont la réélection à la tête de l’île, le 10 juin dernier, avait été au centre d’une vive polémique dont les retentissements avaient dépassé les limites de l’archipel.

Pour une fois, pourrait-on dire, l’UA a fait, de la façon la plus concrète et la plus spectaculaire, oeuvre utile. Au-delà de cette action qui consacre l’épilogue d’une si longue crise, ce coup d’éclat salutaire devrait faire jurisprudence sur un continent où les attentats à la démocratie sont devenus le sport favori des dirigeants. La liesse populaire qui a accompagné ce débarquement montre combien la soif de liberté était réelle de ce côté de l’Afrique. C’est dire que l’UA, si elle le veut bien, peut beaucoup pour le salut des peuples africains. Sans verser dans une légitimation sans réserve de la force, cette intervention vient démontrer à quel point, bien des fois, elle peut être un mal nécessaire et salvateur.

Malheureusement, la notion de démocratie semble un phénomène à géométrie variable pour l’Union africaine dont la manifestation de ce genre d’engagement est, bien souvent, à la tête du client. Une réaction similaire aurait pu épargner le peuple kényan des affres du supplice qu’il a connu récemment. Le peuple tchadien aussi aurait pu éviter l’enfer qu’il a connu récemment. Pourquoi ce traitement particulier pour les Comores ? Qu’on ne se cache pas derrière le prétexte facile de la géographie de cet archipel dont la situation permet une intervention bien aisée. La proximité d’Anjouan avec Mayote, cette autre île qui a fondu dans la France est sans doute pour quelque chose dans ce traitement particulier. La sécurité de la zone constitue un enjeu majeur qui n’autorise pas qu’on laisse perdurer une telle situation. En tout état de cause, il n’est pas superflu de saluer cette belle unanimité internationale qui a caractérisé l’opération car, rarement intervention dans une affaire intérieure d’un Etat n’aura rencontré un tel consensus de la communauté internationale. Pourvu que désormais, sur le continent, face à tout dirigeant mal élu, ce droit et devoir d’ingérence soit exercé et conserve à jamais sa force de dissuasion.

Par Ladji BAMA

Le Pays

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