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Rébellion touarègue : Tel un cancer qui se métastase

Publié le mardi 25 mars 2008 à 05h30min

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Après six mois sans combats, la trêve militaire qu’observaient les rebelles de l’Alliance touarègue du Nord-Mali pour le changement (ATNMC) et l’armée régulière malienne a volé en éclat à la mi-mars.

Depuis, les combats ne cessent de gagner en intensité dans les parages de Tinzaouatène. S’il est difficile de connaître le nombre de victimes, on sait par contre que dès jeudi, les rebelles avaient fait prisonniers 33 militaires maliens. Un réveil étonnant et douloureux donc d’une crise que beaucoup croyaient en voie de résolution.

En effet, contrairement à son voisin nigérien, le président-général Amani Toumani Touré n’avait pas hésité à reconnaître les rebelles et même à ouvrir des négociations avec eux. Lesquelles concertations ont abouti à la signature d’un Accord à Alger le 4 juillet 2006 entre l’ATNMC et les autorités maliennes.

La poursuite du dialogue avait permis en août 2007 d’opérer des ajustements dudit Accord, qui prévoit le retrait de l’armée malienne des positions antécédentes à la rébellion de 2006, ainsi que de multiples autres points liés à l’intégration des Touarègues et au développement socioéconomique des régions touarègues (Kidal, Tombouctou et Gao), particulièrement pauvres. Et Ibrahim Ag Bahanga, le chef rebelle, avait fini par ordonner la libération, par vagues successives, des prisonniers militaires. Les derniers ont même été libérés le 13 mars dernier.

C’est dire que les choses se passaient pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Alors on ne comprend pas pourquoi dès le lendemain de cette libération, la trêve a été rompue. Comme réponse, on peut imaginer que Bamako avait assez d’une rébellion qui se métastase, mais s’était résolu à négocier avec elle à cause des militaires faits prisonniers par les hommes d’Ibrahim Ag Bahanga.

C’est connu, quand on a sa main dans la gueule du chien, il vaut mieux le caresser dans le sens du poil. ATT a-t-il donc voulu passer à la vitesse supérieure une fois ses derniers soldats libérés ? Rien n’est moins sûr.

En tout cas, la reprise des hostilités doit être un fait de l’armée régulière, car si tant est que les rebelles avaient une intention belliqueuse, on peut bien se demander pourquoi diable ils ont consenti à élargir les prisonniers maliens. C’est justement cette analyse qui fait qu’il est difficile d’imaginer que le premier coup de fusil ait été donné par la fronde touarègue.

Il est tout à fait normal et même légitime que les Touarègues revendiquent de meilleures conditions de vie dans leurs zones. Mais Ibrahim Ag Bahanga et ses troupes doivent savoir que même si le nord malien est une zone très désavantagée par la nature, le reste du territoire est loin d’être le pays de Cocagne où coule en abondance le miel et le lait.

C’est justement pour cela que la rébellion doit mettre un peu d’eau dans son vin, et donner du temps au temps afin qu’on puisse voir sur le terrain les investissements promis par le gouvernement pour développer le nord du pays.

Le président malien a tout intérêt à gérer sa rébellion comme il l’a fait jusqu’à une période récente. Il doit éviter d’imiter son homologue nigérien, car nier l’évidence ne peut que conduire à une impasse, à une situation explosive. C’est par des négociations qu’on peut résoudre durablement une crise.

Alors pourquoi ne pas commencer par là ? Seulement, il faut un programme global de résolution des crises dans ces larges bandes désertiques, véritable terreau fertile pour les rébellions…touarègues, qui sont depuis en train de se métastaser tel un cancer au Mali et au Niger mais aussi dans les no man’s land mauritanien et algérien. C’est pour cela qu’il ne sert à rien de régler la question touarègue malienne en laissant par exemple celle du Niger.

San Evariste Barro

L’Observateur

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