Vie des partis : Un peu de retenue, Monsieur Soumane !
« Nous existerons même dans l’illégalité ». Ce sont là les propos de Soumane Touré, qui signait sa rentrée politique de l’année, le samedi 15 mars 2008. C’était dans l’édition d’hier de l’Observateur Paalga.
Pour que l’on ne nous accuse pas d’avoir enlevé ces propos de leur contexte, laissons parler le reporter qui était de service ce jour-là : « Sans mâcher ses mots, Soumane Touré déclare" : « Que son neveu (parlant du ministre Clément Sawadogo, qui, selon lui, serait le neveu du président du Faso) nous délivre notre récépissé. Nous prenons la presse à témoin. C’est le PAI qui a choisi d’avoir une existence légale ; si on nous le refuse, nous allons continuer d’exister, et d’agir même dans l’illégalité ». Soumane faisait cette fois-ci allusion à l’usage des tracts.
Ces propos, surtout émanant de Soumane Touré, une personnalité au long parcours politique doublé d’une ancienne et forte expérience syndicale, désarçonnent plus d’un. Soumane Touré et ses colistiers du PAI ont été députés à la 3e législature. Ils ont eu à voter des lois grâce à une existence légale, que leur avait conférée la justice à une certaine étape de sa procédure. Il devrait donc être bien placé pour savoir que dans l’illégalité, un parti ne peut aspirer à avoir des conseillers municipaux, des députés, encore moins à prendre les rennes du pouvoir.
Loin de nous l’idée d’entrer dans ce marécage juridico-politique entre les différentes tendances du Parti africain de l’indépendance (PAI). La justice, elle-même, trouve bien de la peine à s’en dépêtrer. Disons simplement que prôner l’illégalité pour survivre n’est pas une bonne stratégie politique. En attendant, sa tendance à lui a bien accepté de suivre la procédure judiciaire du jour de la séparation d’avec la tendance Philipe Ouédraogo à aujourd’hui. Qu’il accepte donc de boire cette légalité jusqu’à la lie, en attendant peut-être que le vent tourne en sa faveur. Peut-être existe-t-il des regroupements qui se complaisent dans l’illégalité.
Mais il n’est pas évident qu’un parti politique puisse prospérer dans la clandestinité, encore moins dans l’apologie de l’illégalité. Hier, dans le cadre des manifestations contre la vie chère, c’est Nana Tibo qui prévenait : « Autorisation ou pas, nous allons marcher ». Aujourd’hui, c’est Soumane Touré qui menace : « Même dans l’illégalité, le PAI continuera d’exister ». Par ces temps qui courent donc, s’il y a quelqu’un qui sourit d’aise depuis sa tombe, c’est bien Bakounine (1)
(1) Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine (1814-1876). Révolutionnaire russe, il s’opposa à Karl Marx et fut le théoricien de l’anarchisme.
L’Observateur