Une nouvelle ère s’ouvre pour les acteurs des filières banane, karité et lait. En effet, ils bénéficient d’un projet Dynamisation des filières agroalimentaires (DYFAB), lancé officiellement le 14 mars 2008. Ce projet qui couvre tout le territoire national pour une durée de cinq ans est soutenu par la coopération canadienne à hauteur de quatre milliards deux cents millions de F CFA.

Selon le directeur de la coopération canadienne au Burkina Faso, Jacques Lamonde, ce projet a pour objet de contribuer à la sécurité alimentaire, au renforcement des capacités des acteurs économiques et à l’organisation professionnelle dans les filières banane, karité et lait. Il s’inscrit dans les priorités du Burkina Faso telles que définies dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et la stratégie de développement rural. Jacques Lamonde a rappelé que son pays soutient le Burkina Faso dans le domaine des filières agricoles depuis plusieurs années.

Ceci à travers des interventions telles que le programme de micro réalisations, le projet de commercialisation des céréales, le projet d’appui à la filière karité et plus récemment le projet d’appui 2007. "Le DYFAB constitue donc une suite logique de notre appui au monde rural et vise essentiellement à consolider ces acquis. D’autres perspectives vont bientôt s’ouvrir dans le sens de notre soutien au domaine agroalimentaire", a poursuivi le directeur de la coopération canadienne. Le représentant du ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Kassim Traoré a salué l’engagement du Canada en vue d’améliorer la sécurité alimentaire et particulièrement dans la promotion des filières agricoles. Le DYFAB va améliorer la compétitivité des filières banane, karité et lait sur les marchés nationaux, sous-régionaux et internationaux en vue de "contribuer à une croissance agricole équitable au Burkina Faso".

La représentante des bénéficiaires du projet, Mme Nathalie Yaméogo a remercié la coopération canadienne pour son appui constant dont la DYFAB viendra consolider les acquis. Les acteurs des filières banane, karité et lait se réjouissent de "l’approche accompagnement" qui a été retenue comme stratégie d’intervention du projet DYFAB avec une attention soutenue sur l’égalité des chances entre hommes et femmes, la bonne gouvernance, la préservation de l’environnement et la lutte contre les IST/VIH/Sida. "Cette approche a fini de nous rassurer de l’implication des tables filières au centre du projet et aussi de la dynamisation des filières autour des actions définies par les acteurs eux-mêmes, maîtres de leur destin professionnel", a souligné Mme Yaméogo.

Les ambitions de production des trois filières

Les acteurs de la filière banane veulent mettre en place un programme de lutte contre la cercosporiose, qui attaque les plants, intensifier et professionnaliser la production de banane autour des grandes retenues d’eau. Ils comptent aussi améliorer la commercialisation de la banane par la mise en place d’une centrale d’achat et mieux organiser la distribution des consommateurs par la mise en place de distributeurs agréés. "Nous entendons atteindre une production commerciale de 50 000 tonnes d’ici fin 2012, avec la création d’une "Maison de la banane", à l’effet de faciliter la capitalisation des acquis et servir de cadre de professionnalisation des opératrices et opérateurs", ont-ils affirmé.

En ce qui concerne le karité, la diversification des produits de qualité à base de karité d’une part, et d’autre part le renforcement du positionnement sur les marchés national, régional et international sont les principaux chantiers de la filière. Pour ce faire, un accent sera mis sur l’organisation du marché du karité au Burkina soutenu par la mise en place de deux "Maisons du karité" à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. "Des prélèvements sont envisagés pour permettre à la filière de disposer d’un fonds de développement. Cette nouvelle orientation s’avère nécessaire dans la perspective du renforcement de la position du Burkina Faso en matière de karité", ont-ils indiqué.

Par ailleurs, les opératrices et opérateurs ont retenu, pour ce faire, l’organisation prochaine et périodique d’un Salon international du karité de Ouagadougou (SIKO) qui permettra de doper les activités de cette filière.
La filière lait entend réaliser, intensifier et professionnaliser la production laitière bovine autour des grands centres de consommation que sont Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Fada N’Gourma, Ouahigouya, Kaya, Banfora et Koudougou. Les acteurs vont élaborer "un cahier des charges de ferme laitière avec un objectif de production de 150 litres de lait par jour et par ferme sur toute l’année". Ils entendent faire de ce métier une activité économique à part entière.

En fin de compte, les acteurs des filières banane, karité et lait veulent accroître leur production, valoriser le concept "consommons burkinabè" et faire face aux défis de la mondialisation.

En marge de la cérémonie de lancement, les autorités ont visité l’usine de presse de karité du Dr Boblewendé Sakandé à quelques encablures de Koubri. Cette usine a une capacité de presse de 40 tonnes d’amandes de karité par jour et 3 tonnes de beurre filtré (huile).
Des encouragements ont été prodigués à cet industriel "en blouse blanche", inspiré, a-t-il confié dans cette activité de transformation du karité, par sa grand-mère.

Bachirou NANA

Sidwaya