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Colloque international d’archéologie : Le Burkina à la conquête scientifique de son identité

Publié le vendredi 14 mars 2008 à 10h38min

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Le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique et celui de la Culture, du Tourisme et de la Communication coorganisent un colloque international sur les richesses archéologiques du Sahel. La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 12 mars 2008 à Ouagadougou.

"Développements culturels et innovations technologiques pendant le premier millénaire avant et après Jésus Christ en Afrique de l’Ouest", c’est le thème du colloque international qui se tient à Ouagadougou du 12 au 14 mars 2008. Co-organisée par les ministères des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique et de la Culture, du Tourisme et de la Communication, la rencontre s’est ouverte le mercredi 12 mars 2008. La raison principale de la tenue du colloque est le retour des objets archéologiques trouvés lors des fouilles à Kissi dans la province de l’Oudalan. Ces objets trouvés avaient été envoyés en Allemagne par les soins de l’Université de Francfort pour être analysés et datés.

Ainsi, l’un des objectifs poursuivis par le colloque est de donner la preuve que l’Afrique a eu une historie et ainsi, donner des dates fiables sur l’histoire africaine. Ce qui a fait dire au Dr Oumarou Nao, que "l’histoire africaine est toujours en écriture et c’est le sens de notre investissement afin que chaque fois que possible, un échange se projette sur le passé". Il a par ailleurs, ajouté que l’histoire qui est devenue idéologique depuis particulièrement les temps modernes, cimente les peuples et édifie les communautés.

Pour sa part, le Dr Lassina Koté du laboratoire d’archéologie de l’Université de Ouagadougou a dit que l’archéologie permet d’aller au-delà de ce que la mémoire peut retenir et permet d’établir des dates sûres. Les fouilles de Kissi sont "la preuve que les sociétés africaines ne sont pas restées en état de barbares. Car, on se rend compte que les gens vivaient à cette époque et étaient aussi organisés que les peuples romains etc", a dit le Dr Koté. Il a souhaité une meilleure synergie entre l’administration et les chercheurs burkinabè. Ce qui n’a pas été le cas pour le retour des objets archéologiques de Kissi.

Pour Sonja Magnavita de l’Université de Francfort, "la place idéale et destinée des objets archéologiques est le musée national du Burkina Faso". Les objets de Kissi ont d’abord été exposés en Allemagne selon les accords, pour montrer que l’Afrique a une histoire qui a besoin d’être révélé. C’est pourquoi l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina Faso Dr Ulrich Hoschschild a encouragé les recherches des universités de Ouagadougou et de Francfort. "L’Afrique a une historie et pratiquement personne ne nie ce fait. Elle est marginalisée et mise à l’écart dans les livres d’histoire en Europe", a affirmé M. l’ambassadeur. Il a par ailleurs, expliqué cet état de fait par le manque de sources et la vision européenne de l’histoire africaine, qui vise les derniers siècles "L’archéologie aide à surmonter lacunes et les communications de la trentaine d’experts rendront plus compréhensible, l’histoire du Sahel", se convainc l’ambassadeur de la République d’Allemagne.

Le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Joseph Paré qui a présidé la cérémonie d’ouverture a pour sa part, remercié l’Allemagne pour le retour des objets issus des fouilles archéologiques. "Ce qui est un fait rarissime", a-t-il dit. Les résultats des fouilles, a ajouté le ministre Paré, "doteront peu à peu notre histoire nationale et sous-régionale d’une profondeur historique avec des preuves irréfutables. Ainsi, silencieusement, mais significativement, les preuves seront faites que le continent africain a bel et bien une histoire. C’est la preuve que les méthodes scientifiques sont en train d’établir".
Ainsi, l’Afrique pourra construire son histoire selon sa vision, a souligné M. Paré. La collaboration et la coopération sont les marques qui permettent des résultats probants.

C’est pourquoi le ministre Paré a exhorté les chercheurs à relever ce défi.
Car conseillera-t-il, "c’est par la recherche et la publication des résultats que nous reculerons les limites des suppositions et des hypothèses qui occupent encore aujourd’hui, hélas, une bonne partie de notre histoire".

Jonathan YAMEOGO
(Stagiaire)


Les objets trouvés à Kissi

Selon Sonja Magnavita, les recherches archéologiques près de la mare de Kissi ont montré que l’occupation sédentaire au bord du lac s’étendait ente le 4e siècle avant J.C et le 12/13e siècle après. C’étaient des agriculteurs, des éleveurs, des forgerons et des guerriers dont la présence est marquée par de grands tertres d’habitats, des cimetières à stèles et des arrangements de pierres. Les fouilles aux cimetières ont relevé que des contacts existaient avec des régions voisines et même lointaines ; Des objets exotiques de luxe comme des bijoux en cuivre, des perles, des épées et des cauris étaient donnés à certains morts dans leur tombe.

Ces objets étaient transsahariens et d’outre-mer. De nombreux objets importés datent de l’époque d’avant l’introduction du commerce arabe transsaharien. Les travaux à Kissi ont ouvert par hasard, la porte d’un passé riche de l’Afrique de l’Ouest, ce qu’on ne pensait pas possible jusqu’à présent.

J.Y

Sidwaya

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