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Lettre de l’Editeur de l’Hebdo : Tous les commerçants de Ouahigouya ne sont pas des fraudeurs

Publié le lundi 10 mars 2008 à 12h22min

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Quel est le meilleur pour un journal ? Etre lu et bien lu. Et le pire ? Ne pas être lu ou mal lu. Eh bien, notre édition du 29 février, l’Hebdo du Burkina N°462 semble avoir ravi la palme du meilleur et du pire de nos publications depuis 7 ans.

En effet, depuis la fin de la crise liée à l’affaire Norbert Zongo que l’on peut raisonnablement situer en 2001, notre journal n’a jamais soulevé autant de controverses que l’édition sus-citée. Des coups de fil, des visites dans nos services, on en a eu plus que d’ordinaire. Les uns nous félicitaient pour la justesse et le courage de nos analyses. Les autres s’inquiétaient sur des « indexations faciles, tendancieuses » qui pouvaient envenimer une situation sociale quelque peu délétère.

Aux lecteurs qui nous félicitent nous disons merci pour les encouragements. A ceux d’ente eux qui sont sceptiques, voire mécontents de nos articles « qui veut déstabiliser Tertius Zongo », « Il faut siffler la fin des passe-droits dans le monde des affaires », il faut faire un mea maxima culpa sincère.

C’est sûr, notre ligne éditoriale n’est pas pour plaire à tout le monde. Mais nous sommes militant farouche du respect de la déontologie du métier de journalisme. Notre part de responsabilité sociale, nous nous battons pour sa sauvegarde comme la prunelle de nos yeux. N’importe qui ne devrait pas se proclamer professionnel des médias pour faire n’importe quoi. Nous avons la prétention de concourir avec notre part d’opinions et de vérités à l’émergence d’un esprit citoyen fondé sur un système démocratique exemplaire dans un Burkina uni, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Ce sont des convictions fortes qui sont comme une boussole dans l’expression de la ligne éditoriale de notre publication que connaissent bien ceux qui nous font l’honneur de nous lire chaque semaine.

Mais une chose est de nous lire, une autre est de bien nous lire et surtout de bien nous comprendre. Quand nous ne sommes pas bien compris, nous avons assurément notre part de responsabilité. Celle par exemple, du style, de la syntaxe, de la clarté des idées et des images. Et comme la répétition est pédagogique, nous n’avons pas peur de nous répéter, de dire plus simplement, en français facile, ce que les grands mots auraient rendu touffu.

Dans nos analyses sur les émeutes contre la vie chère nous n’avons jamais voulu dire que tous les commerçants du Nord, sont des fraudeurs et sont contre le régime du président Blaise Compaoré. Nous n’avons pas affirmé que ce sont eux, les vandales, les casseurs, les pilleurs des biens publics et privés. Des commerçants honnêtes à Ouahigouya, civiques et patriotes, nous en connaissons plusieurs qui font la fièrté du pays avec leur capacité à s’insérer dans le monde des affaires. Partis de presque rien certains ont pu se faire honnetement une place au soleil. Cela est historique. Ils sont nombreux par ailleurs les fils du grand Nord qui soutiennent activement le président Compaoré, tant à travers le CDP que l’ADRF/RDA, la Mouvance présidentielle et plusieurs autres associations. Du reste, une partie de cette composante du Nord, le Yadga en particulier, descendant du roi Yadéga, fondateur de Ouahigouya, est d’abord colporteur, commerçant, avant d’être forgeron, agriculteur, éleveur et artisan.

Il faut rendre à César, ce qui est à César et aux Yadsé ce qui est aux Yadsé. Etant les plus nombreux de par leur culture dans les affaires, ils viennent également tout de suite au premier plan lorsqu’il est question de commerçants.

Ce que nous avons dit et que nous maintenons comme notre part de vérité, c’est que les mesures de rigueur budgétaire du gouvernement doivent s’imposer à tout le monde des affaires au Burkina. Tous les commerçants burkinabè, grands ou petits, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, doivent se conformer à la loi. Et pour cela, nos hommes politiques en particulier ceux qui sont dans le sérail du pouvoir, ont des bras très long pour le faire, doivent arrêter d’être ceux par qui le scandale de la fraude et de l’évasion fiscale s’enracine au Burkina.

Nous espérons avoir été clair cette fois-ci même si nous ne sommes pas dupes. Des lecteurs bien avertis qui nous ont compris, continueront de déformer nos écrits pour servir leur dessein : accentuer la crise sociale actuelle aux fins de mettre l’Exécutif en difficulté. C’est connu, en politique, on ne se fait pas de cadeau. Et ça, nous n’y pouvons rien à la rédaction de l’Hebdo.

Zéphirin KPODA Le directeur de publication

L’Hebdo

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