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Assemblée nationale : La vie chère pour entamer une session

Publié le mercredi 5 mars 2008 à 10h27min

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C’est aujourd’hui que s’effectue la rentrée parlementaire 2008. Cette première session de l’année s’ouvre dans un contexte assez particulier ; lequel est marqué par la cherté de la vie et qui a occasionnée l’embrasement d’une bonne partie du pays : il n’y a qu’à se rappeler des folles journées des 20, 21 et 28 février dans les villes de Bobo, Banfora, Ouahigouya et Ouagadougou.

Ces jours-là, certains ont pris pour prétexte l’augmentation vertigineuse des prix des produits de première nécessité pour se laisser aller à des actes purement vandales. Ils se sont pris aux biens publics (bitume, feux de signalisation, certains services étatiques…) mais aussi aux biens privés (commerces et boutiques, banques…). Créant ainsi dans le pays des hommes intègres une vive tension sociale.

C’est donc dans cette ambiance colorée par la colère des citoyens que nos députés ou encore les élus du peuple procèdent à leur rentrée des classes. Un premier jour de cours des plus attendu dans la mesure où c’est quand même nos porte-voix qui se retrouvent dans leur antre pour discuter de nos problèmes. Des problèmes, il y en a suffisamment pour les tenir en haleine pour les 3 mois que va durer cette session. Ils auront mieux à faire que voter entre autres des lois ou de consentir l’impôt.

Ce qui peut paraître très curieux, c’est qu’au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti majoritaire, on compte placer cette session sous le sceau de « contrôle de l’action gouvernementale ». On est en droit de se demander ce qu’il y a d’innovant et de particulier dans ce thème dès lors qu’il fait partie intégrante des prérogatives de nos élus. Il sera intéressant de savoir ce qui peut bien se cacher derrière ce camouflet. Si l’Assemblée Nationale ne contrôlait pas l’action gouvernementale, c’est qu’il y a problème ; elle doit dans ce cas revoir sa copie.

Malgré tout, ce thème, même s’il n’est pas extraordinaire, pour ne pas dire recherché, tombe à pic car suite à la hausse générale des prix et à son corollaire de conséquences que l’on a connues, le gouvernement Tertius a adopté comme disposition transitoire d’exonérer les taxes douanières sur certains produits dits de première nécessité (riz, lait, savon, l’huile…) pour une période de 3 mois.

A-t-on pris la bonne décision face à cette flambée tout azimuts des prix, d’aucuns diront, et ils n’ont pas entièrement tord de le penser, que c’est juste une mesure pour endormir les consciences et de jouer avec le temps. Car en aucun moment, elle ne résout pas dans le fond l’impasse sociale que nous traversons.

Qu’à cela ne tienne, même si les honorables députés et leur base électorale ne vivent pas les mêmes réalités, car n’étant pas logés à la même enseigne (il y a le Burkina d’en haut et celui d’en bas), il y a qu’ils doivent montrer de la poigne pour que des mesures beaucoup supportables et définitives soient adoptées.

En tout cas, rarement une rentrée parlementaire aura été attendue comme celle-ci. De toute façon, il faut qu’on arrête de se faire des illusions sur le rôle que va jouer l’AN dans ce remous social car entre le gouvernement et la représentation nationale, les positions sont convergentes. C’est le même parti au pouvoir qui est encore majoritaire à l’Hémicycle. C’est donc toujours le même son de cloche.

Il n’est pas point besoin de dire que le pays va mal, et même très mal. Malheureusement l’expression « aux grands maux, les grands remèdes » ne semble pas faire école ici.

Au cours de la même session l’on attendra aussi et avec beaucoup d’intérêt, la discours du premier ministre sur l’état de la nation. Que pourra bien nous dire Tertius Zongo lors de sa première sortie dans cet exercice ? Lui qui, lors de son discours de politique générale, n’était pas allé par quarte chemins pour mettre le doigt sur les plaies qui minent le Faso. A notre avis, le temps des gros mots, est dépassé. Les maux sont déjà connus, il ne reste plus qu’à leur appliquer la thérapie adéquate. Dommage que dans ce pays, ce n’est la chose la plus aisée.

Kader Traoré

L’Observateur

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