LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Unité des sankaristes : Un véritable serpent de mer

Publié le mardi 4 mars 2008 à 09h19min

PARTAGER :                          

Ce qui devait être un congrès de fusion avec comme socle l’Union des partis sankaristes (UPS), née le 13 janvier 2007, aura finalement consacré la désunion de cette famille politique. Une fois de plus.

Le symposium sur Thomas Sankara, tenue en octobre 2007 à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du président du Conseil national de la révolution (CNR), avait beau inviter et inciter toutes les étoiles de la galaxie sankariste à former un seul astre pour mieux briller au firmament du microcosme politique national, rien n’y a fait. Pas même les adjurations de Mariam Sankara, du haut de son statut de veuve d’une légende.

La faute, disent les congressistes des 1er et 2 mars 2008, à des personnalités comme Norbert Tiendrébéogo, député... UPS qui, à défaut d’être calife, aurait boudé le rassemblement. Et de fait, l’incriminé a d’ores et déjà déclaré que son parti, le Front des forces sociales (FFS), n’en fait pas partie. La faute aussi, croit-on lire entre les lignes, à l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS), à qui le vieux Joseph Ouédraogo et ses camarades ont fait un appel du pied, mais qui se ferait désirer.

A mots à peine couverts, certains accusent en fait Me Bénéwendé Sankara, auréolé de sa deuxième place à la présidentielle de novembre 2005 et de ses scores honorables aux législatives de 2002 et de 2007, de se la jouer perso, convaincu qu’il serait de pouvoir exister et réussir sans les autres. "Une Union sans l’UNIR", tel était d’ailleurs le titre de notre papier qui annonçait la naissance de l’UPS (1).

Et voici ce qu’en pensait alors Me Sankara : "L’unité est une chose louable, seulement elle doit avoir des bases solides et reposer sur des principes clairement établis". Et d’enfoncer le clou de la division en estimant que "les dés ont malheureusement été pipés depuis la présidentielle, où certains responsables se sont déclarés candidats sans un consensus, qui était pourtant en gestation". Sa position a-t-elle évolué entre-temps ? On peut en douter.

Dans une situation où les uns imputent aux autres la responsabilité de l’échec, difficile de dire qui a raison et qui a tort. Une chose est par contre sûre : hors de l’union, point de salut. Cette vérité, elle vaut non seulement pour le cas présent, mais aussi pour toutes les autres obédiences politiques, où beaucoup de chefs de partis sont à la tête de leur propre "affaire" (dans tous les sens du terme) ; n’ayant d’existence véritable qu’à travers des déclarations soporifiques dans les médias à l’occasion de leur anniversaire, de journées mondiales de ceci ou de cela ou quand la conjoncture s’y prête.

Comme c’est le cas en ce moment avec les manifestations violentes contre la vie chère, une occasion en or pour des formations, dont on avait oublié jusqu’à l’existence, de se faire un peu de pub pour se donner l’illusion d’exister. Sans l’UPS, Norbert Tiendrébéogo et Nestor Bassière auraient sans doute éprouvé quelque difficulté à siéger à l’hémicycle, car malgré leur valeur intrinsèque et leur expérience certaine, il n’est pas sûr que leur équation personnelle eût suffi à les y propulser.

Les regroupements donc, c’est a priori tout bénef surtout quand on a la chance d’avoir une mascotte fédératrice, mythifiée de son vivant et sanctifiée depuis qu’elle a été fauchée par les balles assassines du 15-Octobre. D’où vient donc que toutes les cellules du sankarisme ne parviennent pas à fusionner ? Certainement du choc des ego parfois surdimensionnés, des protubérances du moi sur un air de "plus sankariste que moi tu meurs".

Thomas Sankara a beau se retourner dans sa tombe, il a de la peine à réaliser ce miracle, son idéal comme on dit dans le jargon du cru n’étant manifestement pas un ciment suffisamment fort pour rassembler tous ceux qui se réclament de lui. Faut-il donc se résoudre à l’idée que, décidément, cette introuvable unité sankariste est un véritable serpent de mer qu’on ne verra jamais ?

Ousséni Ilboudo

(1) Cf "L’Observateur paalga" n°6804 du 15 janvier 2007

L’Observateur

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique