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Cameroun : La sortie malheureuse du président Biya

Publié le vendredi 29 février 2008 à 10h37min

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Pour une sortie très attendue, c’est totalement raté ! Si la parole est d’argent, et le silence d’or, le silence de Paul Biya n’aura été finalement qu’un silence… de pacotille, tant il l’aura rompu par un discours à ternir davantage son image. En mettant la flambée de violences sur le compte de manipulations politiques de l’opposition, qu’il accuse d’en vouloir à son pouvoir, Biya se livre assurément à une fuite en avant.

De toute évidence, que l’opposition soit de près ou de loin mêlée à cette gigantesque agitation, la poussée de fièvre trouve son origine dans les problèmes existentiels des Camerounais, qui ont du reste manifesté leur désarroi à travers des marches contre la vie chère.

Une entrée en ébullition du front social qui est sans aucun doute liée aussi à l’opposition au projet de révision de la Constitution qui permettrait à Biya, au pouvoir depuis 1982, de briguer un nouveau mandant en 2011. Mais de cette délicate question, Biya n’en a pas fait cas, se contentant de propos aux allures de déclaration de guerre contre ceux qui ne partagent pas sa conception du pouvoir d’Etat. Et d’ailleurs, si manipulation par l’opposition il y a, comme le prétend Biya, le pouvoir ne devait-il pas, en visionnaire, éviter de multiplier les frustrations en amont, si tant est qu’il fût certain que l’opposition bondirait sur l’occasion ?

Dans tous les cas, le bilan provisoire des victimes fait état d’au moins 17 personnes tuées depuis le début de la crise. Une comptabilité macabre à laquelle semble indifférent Paul Biya, lui qui donne l’impression de ne vouloir reculer devant rien pour assouvir ses ambitions personnelles. Quel dommage que son allocution ait été celle d’un chef de parti, alors qu’il a mieux à gagner en prônant l’apaisement tout en tirant les conséquences qui s’imposent après ces émeutes qui ont suffisamment témoigné de son impopularité. Un mandat supplémentaire pour Biya, la plupart des Camerounais n’en veulent plus et le président devrait en prendre acte.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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