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Laongo 2008 : Les créateurs se dévouent et les œuvres prennent forme

Publié le vendredi 29 février 2008 à 10h30min

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Dès le lendemain de l’ouverture officielle du VIIIe symposium le 10 février 2008, une trentaine d’artistes sculpteurs, hommes et femmes, de plusieurs nationalités ont attaqué la pierre. Bravant l’adversité du temps (harmattan, poussière et soleil), ils ont déjà réussi à changer la physionomie du granit de Tambi-yârgo.

Le nouveau site de sculpture sur granit de Laongo grouille de monde en cette matinée du mardi 26 février. En arrivant sur les lieux, on aperçoit des hommes et des femmes rompus à la tâche et s’attaquant, avec détermination, au granit. L’objectif étant de l’apprivoiser et de faire apparaître des formes et des figures plus vivantes et plus attrayantes. Chaque jour qui passe accentue l’inspiration de ces artistes-plasticiens et laisse libre cours à leurs créations. Les traits de leur visage expriment le courage, malgré la tenacité de ce granit. Mais ici, l’ambiance est plutôt confraternelle, où les échanges entre certains artistes sont amplifiées par le bruit des compresseurs et des groupes électrogènes servant à alimenter les meules disqueuses et les polisseuses. Les marteaux et les burins n’intervenant que pour mieux présenter certains détails dans les pièces reproduites. Les thèmes et les images sculptées sont variés, témoignant ainsi de la diversité artistique et culturelle des artistes-sculpteurs. Ils évoquent en même temps, des situations liées à la femme, aux systèmes de pouvoir, aux puissances surnaturelles, au monde animal et à l’environnement, à la sagesse et la morale dans nos sociétés africaines. Ces différents thèmes donnent à contempler la richesse des œuvres à travers un savoir-faire des artistes. Dans quelques jours, le nouveau site de Tambi-yârgo présentera aux visiteurs, des chefs-d’œuvre inimaginables et empreintes d’une beauté artistique.

Privat OUEDRAOGO


Ce qu’ils ont déjà fait !

Blandine Ouédraogo du Burkina Faso : "Mon œuvre est intitulée "Le partage et l’échange". Elle invite tous les hommes et femmes au partage sans distinction de race, de couleur, de sexe et de classe sociale. Mon message prône également l’intégration entre les artistes. C’est ma première participation au symposium sur granit et j’avoue que c’était stressant dès les premiers moments, mais lorsque j’ai réussi à faire apparaître les formes sur la pierre, j’ai tiré une satisfaction réelle de cette participation".
Caroline Teesing, Pays-Bas : "J’ai exprimé sur le granit, mon idée sur la vie et les éléments représentatifs concourant à animer cette vie (la terre, l’eau, le vent, le feu) pour caractériser les mouvements de cette vie, à travers son parcours et son évolution".

Moussa Yira, Côte-d’Ivoire : "Je suis en train de matérialiser le symbole du foyer à travers ces trois pierres côte à côte. Le travail a été déjà réalisé sur deux blocs de pierre, la troisième pièce n’étant pas encore entamée. A travers ces blocs, je m’exprime sur l’importance de la tradition et de nos valeurs culturelles . Nos langues sont en train de perdre de leur valeur et le foyer familial représente une base fondamentale de notre vie dans la société, le père et la mère étant les piliers du dialogue en cas de problème. La langue de Molière est souvent employée pour trancher des litiges au détriment des langues traditionnelles. C’est pourquoi mon œuvre présente des visages humains et des masques qui expriment ces messages".
Romain Nikièma, Burkina Faso : "Mon œuvre est un cri de détresse contre la piraterie des œuvres artistiques. Je me suis inspiré du Plan triennal de lutte lancé ici même à Laongo le 14 février dernier".

Gustave Shubotz, Allemagne : "Je suis au stade de finition de la surface de mon œuvre. Après avoir sorti la forme générale en dégrossissant la pierre, je commence à faire voyager mon idée dans cette matière granitique, illustrant en même temps, l’intérieur de la terre et de l’eau de mer, comparée aux souffrances endurées par ma mère qui m’a mis au monde en Namibie (Afrique du Sud). Pour me résumer, mon œuvre est d’une forme assez voluptueuse symbolisant la fertilité de la femme, les conditions de vie, la féminité et la maternité. La pièce représente une figure féminine qui ploie sous la douleur de l’enfantement, les mains croisées sur la poitrine et recouverte d’une voile. La poitrine étant le point de concentration de la douleur où se loge le cœur".

Propos recueillis par
Privat OUEDRAOGO

Sidwaya

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