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Le gouvernement et la flambée des prix : Journée marathon pour des rencontres tous azimuts

Publié le mercredi 27 février 2008 à 11h23min

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Les ministres Minata Samaté, Alain Yoda et Jean-Baptiste Compaoré avec le corps diplomatique

Ainsi qu’on le verra, tous ceux qui s’étaient faits une religion de la défaillance gouvernementale en matière de communication de crise auront été servis par cette journée marathon du mardi 26 février 2008.

Flambée des prix oblige, Tertius Zongo a en effet dépêché les membres de son équipe expliquer, et prêcher l’apaisement auprès des chefs coutumiers ; des Organisations syndicales ; de l’Association des consommateurs et Mouvements des Droits humains ; la Communauté catholique ; la Communauté musulmane ; du Corps diplomatique dont nous vous proposons ci-après le compte rendu partiel, en attendant la rencontre ce mercredi 27 février avec les partis politiques.

Les associations des consommateurs soutiennent, les syndicats se réservent

Les responsables des centrales syndicales et ceux des associations de défense des consommateurs ont eu, hier 26 février 2008 dans la matinée, à l’immeuble Baonghin, leur part d’explication du Gouvernement sur la hausse des prix. La délégation officielle qui les a reçus, tour à tour, était composée des ministres Mamadou Sanou du Commerce, Gilbert Ouédraogo des Transports, Jérôme Bougouma du Travail et de la Sécurité sociale, Seydou Bouda de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Salif Sawadogo des Relations avec le Parlement et Lucien Marie Noël Bembamba, ministre délégué chargé du Budget.

Ils étaient porteurs d’un message du Premier ministre, Tertius Zongo, au sujet de la vie chère et de la tension sociale qui en découle. Dans son mot introductif, le chef de la délégation, Jérôme Bougma, a souligné que le Gouvernement n’a jamais nié la réalité de la hausse des prix dont souffre la population. Le Gouvernement est, selon lui, étranger à cette situation d’autant plus qu’aucune augmentation des taxes et des droits de douane n’a été décidée.

Toutefois, a-t-il précisé, le Gouvernement a pris des dispositions pour assainir l’économie nationale en procédant à l’application pure et simple de la loi fiscale en vue d’enrayer les fraudes qui avaient cours. Cette nouvelle mesure de bonne gouvernance, de l’avis du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, permettra de réaliser une politique sociale efficiente pour les couches défavorisées de notre pays. Le ministre délégué chargé du Budget s’est employé à démontrer que COTECNA, qui a le droit de regard sur toutes les importations, peut contenir le phénomène de la fraude.

En effet, toutes marchandises d’une valeur supérieure à 3 millions de francs CFA passent nécessairement par le contrôle de cette structure. Dans le sens d’apaiser le climat social, des marchandises bloquées, parce que sous-évaluées, seront exemptées de la pénalité de 20% jusqu’à la fin du mois de mars 2008.

Le ministre Gilbert Ouédraogo des Transports a assuré que des mesures sont prises pour accélérer le déstockage au niveau des ports et à l’intérieur du pays. Cela pourrait combattre, selon lui, les pénuries volontairement provoquées par certains commerçants.

“Celui qui casse paye“

Le ministre du Commerce, Mamadou Sanou, s’est voulu ferme sur les casses qui ont eu lieu ces derniers temps à Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Banfora. « La loi sera respectée pour que les casseurs soient sanctionnés ; quel qu’en soit le montant, ceux qui ont causé les dégâts payeront », a-t-il soutenu.

Selon toujours ce dernier, la Commission nationale de la concurrence et de la consommation est en pleine action dans la surveillance des prix renforcée pour lutter contre la fixation concertée des prix, qui est contraire à la loi. Le consommateur, semble-t-il, constatera un changement positif dans les jours à venir.

Ce sont les centrales syndicales et syndicats autonomes qui ont été les premiers à être rencontrés. Après avoir écouté près d’une heure les membres du Gouvernement, ils ont, par la voix de leur président du mois, Laurent Ouédraogo, relevé que c’est une rencontre d’information et non de discussion d’autant plus qu’ils n’ont pas été ampliateurs du contenu du message.

Ils ont souligné n’avoir pas été à l’initiative des manifestations de la semaine dernière. Ils disent cependant avoir engagé des explications dans toutes les sections pour la conduite à tenir face à la situation. Ils ont loué l’esprit de dialogue du Gouvernement, tout en se réservant le droit de ne réagir aux mesures gouvernementales qu’après concertation en leur sein.

Quant aux associations de défense des consommateurs, leur porte-parole, Mathias Somé, a salué les mesures de l’Etat dans la lutte contre la fraude. « Un bon consommateur est un bon citoyen ; se baser sur les mesures antifraudes pour augmenter les prix, c’est du banditisme », a-t-il souligné. Seuls le plaidoyer, le lobbying et le boycott des produits ou des services sont, selon lui, les actions des associations de consommateurs. Aussi s’est-il désolidarisé des actes de vandalisme constatés.

Les représentants des consommateurs ont déploré le fait que quelques grossistes aient plusieurs magasins de distribution et imposent leur loi. Ils ont aussi dénoncé la commercialisation de produits de mauvaise qualité, comme certaines huiles. Et ce, sans réaction concrète des structures étatiques, a regretté Mathias Somé. Le ministre Sanou a, quant à lui, fait remarquer que les informations ne montent pas souvent jusqu’au sommet avant d’assurer que « si nous sommes saisis, nous allons nous assumer ».

A la fin de la rencontre, un petit entretien avec ce dernier, sur les produits de mauvaise qualité, a provoqué de sa part une réaction incompréhensible (lire en encadré). Même si de telles rencontres sont venues un peu tard, il faut saluer le dénouement du fil du dialogue, qui est une de nos valeurs fondamentales à préserver absolument.

Hamidou Ouédraogo

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur

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