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Comité exécutif de l’EFO : C’est sur le terrain qu’on reconnaît la “dream team”

Publié le mercredi 27 février 2008 à 09h35min

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C’est l’un des vieux clubs de la capitale et depuis son existence, ils sont nombreux, ceux qui ne jurent que par lui. Le club dont il s’agit est l’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO). Son fief est Dapoya, où, à l’époque, il recrutait la plupart de ses joueurs. Comme les tentacules de la pieuvre, il allait aussi dans des quartiers tels que Paspanga et Koulouba faire la chasse aux jeunes talents.

Les Carabines Jaunes étaient sa réserve. Kassoum Ouédraogo dit Zico, l’actuel président de la section football, étaient de ceux-là. A l’époque, sans grands moyens, les stellistes, en raison du football qu’ils produisaient, gagnaient de plus en plus les cœurs de beaucoup de gens.

Le Zinda était le lieu où l’EFO s’entraînait et à une certaine époque, il fallait jouer des coudes pour avoir accès à son « temple ». Des dirigeants se sont succédé à la tête de ce club dont le plus célèbre est Georges Raymond Marshall. Président de l’EFO pendant 10 ans, il avait, avant son départ, remporté 8 fois le championnat national et autant de coupes.

A l’époque, l’homme était au summum de la célébrité. Toujours bien mis, il ne passait pas inaperçu quand il arrivait au stade pour assister à un match de son équipe. Il avait, à un moment, des opinions révolutionnaires et c’est grâce à lui qu’on a découvert dans le championnat burkinabè un certain André Zacharie Lambo, le feu follet de l’attaque stelliste à l’époque.

A côté de ce dernier, on peut citer Bemba Touré, les regrettés Jules Kadeba et Bakary Diabaté, Mohamed Kam, Abas Ouro, Nti Koffi et d’autres. A l’époque, ce « grand président », comme l’appellent des supporters de l’EFO, et les François Konseiga, Jean-Paul Zoundi avaient l’amour du football et se saignaient aux quatre veines pour ce sport. Ils achetaient même de leurs poches des madres sans se soucier du lendemain.

Aujourd’hui, une nouvelle race de dirigeants a surgi dans le milieu et le football est devenu subitement leur passion. Ce sont des sympathisants, même s’ils ne jouaient pas de rôle dans le club. Ils étaient dans l’ombre et finançaient discrètement la Reine des stades.

A la faveur de l’assemblée générale extraordinaire de l’EFO le dimanche 24 février 2008 au CBC, on a pu se rendre compte que le club a derrière lui des gourous. La composition du bureau du Conseil d’administration l’atteste de façon formelle. La plupart de ses membres occupent de hautes fonctions très bien rémunérées. Des opérateurs économiques y sont et ils ont aussi une grande capacité financière. N’allez pas les demander s’ils savent qu’une équipe de football est composée de 11 joueurs.

A l’issue de cette AG, la famille stelliste a confié la présidence du Conseil d’administration à Lazare Banssé, le directeur général de la CAMEG. Il a remplacé à ce poste Théodore Zambendé Sawadogo, élu le 12 janvier dernier président de la Fédération burkinabè de football (FBF).

Comme l’avait écrit notre reporter dans notre édition du 25 février 2008, une AG est aussi une tribune pour discuter des problèmes de la structure. C’est même l’occasion pour le club de faire des projections et de recueillir les avis des uns et des autres pour atteindre l’objectif qu’on s’est fixé.

Lazare Banssé a promis aux supporters de « faire de l’EFO un grand club africain ». Pour ce faire, il dit avoir besoin de l’apport de tous. Quelle mouche a bien pu piquer le 2e vice-président du Conseil d’administration, Hubert Yaméogo, pour qu’il lâche une telle phrase qui en dit long :

« Il se comporte comme un ministre qui, une fois viré du gouvernement, rejoint l’opposition ». Le DG de la SONABHY s’en prenait ainsi à Georges Marshall, qui avait fait liste commune avec le lieutenant-colonel Yacouba Ouédraogo lors de l’AG de la FBF pour l’élection à la présidence du comité exécutif. Il a fallu que le mis en cause insiste à maintes reprises pour avoir la parole. Alors, est-ce à dire qu’à l’EFO, la démocratie est perçue autrement ?

A ce qu’on sache, cette AG était une occasion de parler sport et non de tenir un langage politique. Et puis, la constitution du Burkina Faso interdit-elle à quelqu’un qui est chassé du gouvernement de rejoindre l’opposition ? Ici-bas, chacun à son idéal et la gloire n’est qu’une illusion.

C’est quand même étonnant que la Reine des stades, qui a tant de personnalités dans ses rangs, brille seulement sur le plan local. Aujourd’hui, on songe à faire d’elle un grand club africain alors que l’année dernière en coupe de la Confédération, elle a échoué au moment où ses supporters y croyaient beaucoup.

Après avoir éliminé respectivement le Sahel (Niger) et l’US Ouakam (Sénégal), les stellistes sont tombés de haut à la grande surprise de leurs fans. Vainqueurs de Mwana Mwana à l’aller à Ouaga par 2-0, ils avaient mordu la poussière (3-0) chez leurs adversaires. Une élimination qui à faire dire à certains que leur parcours jusqu’en huitième de finale était un fait du hasard.

Ce club, il faut le dire, n’a pas d’ambition, puisqu’en 2006 il pouvait faire mieux en coupes africaines s’il avait un peu songé à renforcer son effectif. On a « vendu » des joueurs à l’extérieur sans penser à demain. Zico est au début et à la fin de tous les transferts. A-t-il peur qu’un changement survienne à ce niveau ?

Marchall l’ayant eu comme joueur avant qu’il ne commence sa carrière internationale à l’Espérance de Tunis, il s’occupe presque de tout. Les autres n’ont pas le temps de s’occuper de l’équipe ; pourvu qu’elle gagne et que la paie des joueurs soit assurée grâce au Conseil d’administration. A l’époque où le DG de la SONABEL, Salif Kaboré, était aux affaires, les choses se faisaient dans les règles.

Etre un grand club signifie qu’il faut avoir le minimum pour pratiquer le sport. Il y a quelque mois, les stellistes avaient délaissé leur terrain d’entraînement pour aller sur celui de l’ONEA. Pour la simple raison que leur gazon était parti. Où étaient à ce moment les hommes puissants qu’on a vus lors de l’AG ?

Si vous l’avez remarqué, depuis le début du championnat, aucun d’eux ne vient au stade à l’exception de Salif L. Kaboré. Or, c’est par là qu’il faut commencer à prouver qu’on aime le football. Si ce n’est pas un paradoxe, comment faut-il appeler cela ? Ce qui est sûr, c’est sur le terrain qu’on reconnaîtra la « dream team » …

Justin Daboné

L’Observateur

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