LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Flambée des prix : Le gouvernement manie la carotte et le bâton

Publié le mardi 26 février 2008 à 10h47min

PARTAGER :                          

Assane Sawadogo, ministre de la Sécurité

Suite à la flambée des prix, quatre ministres (le ministre en charge du Commerce Mamadou Sanou, le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, le ministre de la Sécurité, Assane Sawadogo et le ministre chargé de l’Analyse et de la Prosepective, Guéda Jacques Ouédraogo) ont rencontré les commerçants le 25 février 2008 à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina pour leur "apporter le message du gouvernement".

Au Burkina Faso, la flambée des prix des produits de consommation a "coïncidé" selon le ministre en charge du Commerce, Mamadou Sanou, avec un certain nombre de mesures prises par le gouvernement pour améliorer le recouvrement des recettes. Il s’agit, entre autres, de la campagne de sensibilisation sur la collecte de la TVA et l’amélioration du système de dédouanement des marchandises. Le gouvernement, en rencontrant les commerçants le 25 février 2008 à la Chambre de commerce a voulu lever toute équivoque : "Il n’y a aucun lien entre les mesures prises par le gouvernement et l’augmentation des prix des marchandises", a dit d’emblée le ministre en charge du Commerce : "Ces mesures de renforcement du recouvrement des recettes douanières et de la TVA ne sont pas des mesures d’augmentation d’impôts".

Au contraire, indique le ministre Sanou, le gouvernement a procédé à des réductions d’impôts dans la loi des finances 2008. En clair, le gouvernement refuse que les commerçants fassent courir la rumeur selon laquelle la flambée des prix est due à une hausse d’impôts. "L’Etat a décidé de mieux travailler là où il travaillait moins bien". Tel est le sens de la campagne sur la TVA et la mesure de l’amélioration du recouvrement des recettes douanières. "La lutte contre la fraude est en ce moment une préoccupation du gouvernement", a révélé le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré. La fraude dit-il, est une mauvaise chose pour l’Etat et les opérateurs économiques. Elle fait perdre des recettes à l’Etat, perturbe l’activité économique et provoque la faillite d’entreprises.

Un moratoire pour les commerçants

Dans sa volonté d’améliorer les recettes douanières, d’éviter la fraude et les fausses déclarations, le gouvernement a pris la mesure suivante : "toute marchandise importée n’ayant pas été inspectée au départ, doit être inspectée à destination par COTECNA avec une pénalité de 20% de sa valeur FOB (la valeur du produit à l’origine)". Les commerçants ont manifesté leur hostilité vis-à-vis de la pénalité. Certains préfèrent même que l’ancien système reste en vigueur, à savoir que les importations de moins de 3 millions F CFA ne fassent pas l’objet d’inspection. Le gouvernement a noté que les fausses déclarations faites par les commerçants ne permettent pas une meilleure appréciation de la valeur des marchandises importées.

Aussi, pour mettre les honnêtes commerçants et les autres sur le même pied, l’inspection est désormais systématique. Mais, précise le ministre du Commerce, "pendant une période transitoire qui court jusqu’en fin mai 2008, la pénalité de 20% ne sera pas appliquée". Aussi, le gouvernement, afin d’accélérer le dédouanement des marchandises bloquées en douane, invite les opérateurs économiques à produire les "vraies factures afin que nous puissions faire le dédouanement sur cette base", a dit le ministre Compaoré. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé que l’opérateur économique qui ne sera pas à mesure de payer sa facture à la douane pourrait être autorisé à sortir ses marchandises, quitte à payer plus tard. Mais cela précise le directeur général des Douanes, Ousmane Guiro, cela se fera, tout en garantissant les intérêts de l’Etat.

Concertation, fermeté

L’objectif recherché par le gouvernement, c’est de nouer un "partenariat gagnant-gagnant" avec le secteur privé. Le président de la Chambre de commerce, El Hadj Oumarou Kanazoé a même indiqué que "sans commerçants, il n’y a pas la douane, il n’y a pas d’impôt". Il a salué la disponibilité du gouvernement à établir et mieux, à maintenir le dialogue avec le secteur privé, notamment les commerçants. Il a appelé les commerçants à la retenue, au civisme. "Ladji" a rappelé que "la vie, c’est le pardon", et imploré le Dieu Tout Puissant à guider chaque Burkinabè afin que les actes qu’il pose au quotidien renforce la paix et la quiétude. "Sans la paix, nous ne pourrions pas faire notre commerce," a-t-il conclu. Sur ce point, le ministre de la Sécurité, Assane Sawadogo a été ferme : "ceux qui ont cassé vont payer.

La justice va dire le droit. Des dispositions seront prises pour que la loi soit respectée." M. Sawadogo a par ailleurs salué le soutien apporté à l’Etat par certains opérateurs économiques suite aux troubles de Bobo-Dioulasso et invité les uns et les autres à dénoncer les fauteurs de trouble en appelant au numéro vert (1010). Le gouvernement a également révélé aux commerçants que depuis la semaine écoulée, la commission nationale de la concurrence et de la consommation est sur le terrain pour vérifier l’effectivité de l’application de la loi sur la concurrence. "Il y a des pratiques anticoncurrentielles qui peuvent être sources de flambée des prix". Le gouvernement, selon le ministre du commerce a décidé de sévir contre toutes sortes d’ententes visant à augmenter les prix : "La liberté des prix signifie que chaque opérateur économique fixe son prix en toute liberté, certes, mais la liberté des prix doit se faire selon les règles du jeu". Il y aura donc permanemment une "surveillance accrue" des prix afin de soulager les consommateurs contre les mauvaises pratiques.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhin@yahoo.fr

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique