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Manifestation contre la flambée des prix : "C’est par le ras-le-bol qu’il faut comprendre les dérapages" (UNIR/MS)

Publié le lundi 25 février 2008 à 15h54min

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Peuple du Burkina Faso, depuis le 20 février 2008, certaines villes du Burkina Faso dont Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Banfora, ont été le théâtre d’un ras-le-bol des populations, notamment sa frange jeune, sorties manifester leur mécontentement contre la cherté de plus en plus aiguë de la vie.

Les jours à venir nous en diront davantage, car des manifestations du même type sont annoncées, traduisant ainsi la colère légitime, sinon la révolte compréhensible du peuple burkinabé qui ne peut plus accéder aux denrées de première nécessité comme l’huile, le savon, le riz, le maïs... alors que tous les jours des discours ronflants sont prononcés par le gouvernement qui se targue chaque fois de dire qu’au Burkina Faso tout est rose.

En effet, notre pays est présenté aux bailleurs de fonds comme étant le pays le plus stable de la planète avec un peuple docile, prêt à tout accepter, y compris le pillage de ses maigres ressources. Mais erreur ! La patience a une limite dit-on et l’histoire a toujours démontré que les peuples sont capables de sursaut, même des plus inattendus.

C’est pourquoi, depuis fort longtemps, votre parti, l’Union pour la Renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS), n’a eu de cesse de dénoncer avec force le chaos social et moral dans lequel le régime de la IVe République et Monsieur Blaise Compaoré sont en train de nous jeter avec la complicité d’intellectuels malhonnêtes comme ces ministres qui dénient toute paupérisation au Burkina Faso et s’indignent quand les partenaires au développement crient à la corruption. Pourtant, tout le monde connaît les réalités du vécu quotidien des burkinabé.

On n’a pas besoin seulement du rapport du PNUD pour savoir que le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres de la planète même s’il se trouve des théoriciens à la petite semaine pour soutenir qu’il fait bon vivre au Faso, confondant leur confort personnel aux dures réalités du peuple.

Si donc il n’y a pas de pauvreté...

L’on a soutenu qu’avec le "projet de développement pour une société d’espérance" du Président Blaise Compaoré, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes au Faso. Et cependant, la pauvreté crève les yeux au pays des hommes intègres. La réalité palpable du vécu quotidien de chaque Burkinabé est là, constante et têtue, crue et cruelle, hélas ! Et croyez bien que nul ne peut avoir plaisir à dépeindre un tableau noir de son propre pays. On le fait parce que c’est la triste réalité et on ne peut lutter contre une situation tant qu’elle n’existe pas.

Si donc il n y a pas de pauvreté, on ne peut que jouir ensemble du fruit de notre croissance, qui, si elle est effective, se traduirait aujourd’hui dans le bien-être des populations qui pourraient par exemple accéder, au moins, aux produits de première nécessité, à la santé, à l’éducation, à l’emploi etc. Malheureusement, notre peuple n’est sollicité que quand il y a des enjeux électoraux. Adulée aux élections passées, c’est cette même population qui est aujourd’hui reléguée aux oubliettes en attendant les prochaines échéances.

Passés ces enjeux, les tenants du pouvoir, fidèles à leur tradition d’enrichissement et de corruption, se perdent dans leur politique de folie des grandeurs et de mégalomanie comme par exemple fêter avec faste alors que des millions de burkinabé meurent de faim et de soif.

Le mariage des réalisations gigantesques

Cette situation de cancer généralisé a fini par faire perdre espoir et patience à notre peuple, pourtant reconnu pour sa contenance et son sens de la mesure que d’aucuns confondent avec l’apathie. C’est par ce ras-le-bol qu’il faut comprendre les dérapages de ces derniers jours dans plusieurs localités de notre pays.

Succombant au mirage des réalisations gigantesques n’ayant rien à voir avec les préoccupations de l’écrasante majorité des Burkinabé, à l’instar de bien d’autres potentats en Afrique ayant perdu prise avec les réalités de leur peuple, le pouvoir de la IVe République consacre des milliards pour réaliser des échangeurs afin de rendre fluide une circulation où prédominent bicyclettes et charrettes. De même, des dépenses somptuaires sont engagées pour commémorer avec faste la fête nationale du 11-Décembre ainsi que des cérémonies de présentation de vœux de nouvel an donnant lieu systématiquement à d’inutiles ripailles dans tous les services publics. Et c’est à qui organisera la plus grandiose ripaille.

Pendant ce temps, tout à côté, l’hôpital national Yalgado est un véritable mouroir, l’université manque cruellement de salles, de nourriture et de dortoirs ; des écoliers tiennent à 200 dans une seule et même classe dans des écoles ici à Ouagadougou, avec un seul enseignant pour les encadrer. Et comme si cela ne suffisait pas, les forces de sécurité sont incapables d’assurer leur mission de sécurisation de nos routes où les coupeurs règnent en maître ; les commerçants abandonnés au même titre que les travailleurs.

Accuser à tort le contexte international

Cela est inacceptable et l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) refuse que le peuple continue de courber l’échine. Les tenants du pouvoir n’ont point pitié de sucer son sang et sa sueur. A la faveur des artifices d’une pseudo démocratie, ils se sont hissés au pouvoir pour assouvir leur dessein. Ils n’ont pas, par exemple, hésité à engager le pays dans une vaste entreprise d’exploitation à travers le Programme d’ajustement structurel (PAS), dont les conséquences immédiates ont été les privatisations sauvages.

Aujourd’hui, il s’agit de la hausse vertigineuse des prix, que le gouvernement ne peut plus maîtriser, accusant à tort le contexte international, alors qu’il aurait pu, par exemple, relever le pouvoir d’achat des travailleurs, puisqu’il soutient au moins qu’il y a une réelle croissance au Burkina Faso. De même, il pourrait, à l’instar d’autres pays de la sous-région, organiser le contrôle des prix, la libéralisation ne rimant pas avec l’anarchie, qu’il a lui-même instaurée.

Pour sa part et tout en déplorant les malheureux événements ayant occasionné blessés et dégâts matériels, l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) en appelle à la lutte déterminée et consciente du peuple, seul et unique artisan de son destin ; réaffirme sa détermination de se tenir aux côtés du peuple meurtri pour cheminer avec lui, lutter avec lui pour vaincre avec lui ; - demande instamment au gouvernement de mettre tout en œuvre pour un contrôle effectif des prix des denrées de première nécessité au lieu de servir au peuple des explications vaseuses pendant que pour certains produits, les prix ont doublé en l’espace de quelques semaines ; - appelle toutes les forces vives de la Nation à se tenir aux côtés du peuple organisé pour faire triompher ses justes et légitimes revendications.

Avec le peuple, victoire !

Ouagadougou, le 22 février 2008

Le Président Me Bénéwendé Stanislas Sankara

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