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Flambée des prix : La libre concurrence s’est muée en libres surenchères

Publié le lundi 25 février 2008 à 11h36min

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La vie chère s’invite encore sur la scène publique burkinabè. Le yo-yo du prix du carburant à la pompe a fait place à la valse des étiquettes sur les rayons des boutiques et magasins. L’heure est à la flambée des prix des produits de première nécessité. Les Hommes intègres hurlent depuis quelque temps, comme si on leur arrachait les poils du nez (lire aussi « Megd’alors »).

Le lait, le sucre (on tant pis pour le beurre !), le riz (ah là là !), le savon (aï !) et les ingrédients du panier de la ménagère (woï !) ont fait une poussée de fièvre en coût, ce qui rend le Burkina d’en-bas malade. Il n’en faut pas plus pour que l’on crie haro sur le baudet. Et au pays des Hommes intègres, le baudet, c’est le gouvernement. Ce dernier n’est pas resté longtemps dans sa tranchée. Dans un communiqué lu à la presse, donc bien écrit avec les termes qu’il faut, l’équipe de Testicus Zorro, par la voix du porteur de parole de service, a juré la main sur le cœur être lui-même surpris par ces hausses de prix a priori inexplicables, sinon injustifiables, puisque aucune taxe douanière n’a été augmentée, aucun impôt supplémentaire n’a été créé et les cours internationaux des prix n’induisent aucune nécessité d’ajustement des prix. Qu’est-ce qui explique alors cette valse des prix ? « Qui a organisé », comme dirait le regretté Jean Miché Kankan ?

Il faudra alors croire que tout se passe comme la propagation d’un virus sur un réseau Internet ou la diffusion de SMS douteux de portable à portable. Dans ce phénomène de vie chère tant décrié, il faudra admettre que, même si l’État est, en dernier ressort, le garant du mieux-être de l’ensemble de la population, tous les acteurs sociaux devraient accepter de se remettre en cause ; du client à l’administration en passant par le commerçant. Qu’ils soient industriels, ‘’n’opératères’’ économiques ou commerçants du secteur formel ou du secteur informel, ces hommes et ces femmes qui s’adonnent à la production ou à l’acquisition, à la vente ou à la distribution de biens et services courent après un bénéfice qui se calcule de la manière la plus élémentaire, selon l’opération prix de vente moins prix d’achat. La marge bénéficiaire, voilà le couteau qui égorge le citoyen. Il n’est un secret pour personne que dans un pays de tradition de négoce comme le Burkina, le commerçant se fixe une marge à la tête du client qui va du simple au double, à charge pour lui de savoir négocier à la baisse. Dans tous les cas, le client n’est jamais sûr de n’avoir pas été grugé.

La plupart des opérateurs économiques de la place n’ont pas véritablement rompu avec cette pratique de chercher à gagner toujours plus, tant que c’est possible. On assiste même à l’application d’une sorte de mot d’ordre d’aller toujours plus haut et toujours plus fort comme aux jeux Olympiques et gare à celui qui trahit malgré la libéralisation des prix qui aurait dû normalement avoir pour effet de baisser les prix. La Révolution démocratique et populaire avait raison de faire la chasse aux « commerçants véreux », aux « commerçants affameurs du peuple », aux « commerçants cupides ».

La quatrième République ne saurait répéter ces slogans, ponctués à l’époque par des « à bas ! », mais il faudra que les « instructions fermes » de Testicus Zorro données aux ministres concernés aient les mêmes effets ; et, par-dessus tout, faire appliquer dans l’esprit et dans la lettre le principe de la libéralisation des prix et de la libre concurrence. C’est cela sa responsabilité.

Journal du jeudi

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