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JUNA : Journées de réflexion sur l’Afrique

Publié le jeudi 10 juin 2004 à 07h43min

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Du 22 au 25 mai 2004 se sont tenues à l’université de Ouagadougou des journées de réflexion sur l’Afrique, placées sous le thème « Le monde estudiantin au service de l’Afrique ». Ces journées organisées par l’association Jeunesse unie pour une nouvelle Afrique (JUNA) avaient pour but d’impliquer le monde estudiantin dans le combat pour le développement de l’Afrique. Celles-ci ont connu la participation d’éminentes personnalités (Pr Cheick Hamidou Kané, Monique Ilboudo, Jean de Dieu Somda...), une cinquantaine de leaders de mouvements d’étudiants et des centaines d’étudiants.

Au cours de ces journées, plusieurs questions africaines ont été débattues, et des suggestions formulées par les participants. La Juna présente à l’opinion nationale la vision des leaders de mouvements d’étudiants sur les questions du développement, de la dette africaine, de la réparation de l’esclavage et de la mondialisation.

• La question du développement : l’échec du développement en Afrique s’explique d’une part par les handicaps historiques du continent, les fléaux naturels et les injustices de l’ordre mondial. Il faut mettre à ce compte le triptyque explicatif : traite, colonisation, mondialisation qui ont fait des Africains des êtres totalement passifs. D’autre part, cet échec s’explique par ce que l’on peut appeler les dérives africaines que sont l’externalisation des élites africaines, autodamnation sous-tendue par une sorte survictimisation confortant le continent dans son rôle de victime.

• La question de la dette africaine : l’aide et l’action humanitaire tout comme la dette s’inscrivent dans un rapport de domination qui conforte l’Afrique dans son rôle de victime. La dette se révèle être un instrument pour brider tout processus de développement engagé dans les pays africains. La dette doit être certes annulée, mais l’Afrique doit combattre le système qui la génère. Ce système est l’appendice du colonialisme. Autrement dit, la dette est structurellement comprise dans le pacte colonial et tant que ce système sera en place, la dette, même annulée, renaîtra de ses centres.

• La question de l’esclavage : la réparation de l’esclavage doit être remise à l’ordre du jour afin de réhabiliter non pas l’Afrique, mais l’humanité. Il faut connaître et reconnaître ce qui s’est passé, assumer les responsabilités qu’on a de ce qui s’est passé. Il faut surtout reconnaître non pas le tort qui a été fait aux Noirs en tant que Noirs, mais le tort fait à l’espèce humaine à travers les Noirs.

• La question de la mondialisation : la voie de la mondialisation choisie par la plupart des dirigeants africains est un échec, car la mondialisation est une extension du modèle capitaliste occidental. Ce modèle qui impose à l’homme la loi de l’argent s’accommode mal avec les mœurs et la culture africaine. L’Afrique doit trouver une alternative à la mondialisation, car elle n’est rien d’autre que le prolongement logique de l’exploitation coloniale et attribuer au continent le rôle de réserve de matières premières.

Le libre-échange prôné par la mondialisation permet donc le pillage officiel par le jeu de l’ouverture imposée aux économies. Suggestion : A la suite des débats, les participants ont formulé des suggestions dans le sens d’une plus grande implication du monde estudiantin dans ce qu’on peut appeler désormais le combat africain.

Ces suggestions sont :
- la création de cellules de réflexion « Think Tank » pour étudier les questions qui engagent l’Afrique, suivre les politiques européenne et américaine des dirigeants africains et tenir les étudiants informés de ces questions ;
- la création d’une fédération estudiantine des Alter mondialistes qui fonctionnera à la manière de la FEANF (Fédération estudiantine des Africains noirs de France) ceci afin de coaliser les efforts dans le sens du combat africain.

Dans l’attente d’une suite favorable à ces recommandations, les participants ont émis le vœu de voir se perpétuer ce grand rendez-vous de la jeunesse estudiantine qui est une instance idéale pour elle d’affirmer son appartenance olympienne à l’Afrique.

Les rapporteurs des JRA

- Lankondé Y. Jerôme, président de la JUNA
- Ouédraogo Roselyn, président du CEJUO
- Kéré Alassane, président de l’AWES.

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