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Cuba : Le départ symbolique de Fidel Castro

Publié le mercredi 20 février 2008 à 10h31min

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Le leader Maximo Fidel Castro, à la tête de Cuba depuis 1959, a annoncé sa démission, lundi 18 février 2008 dans un message à la Nation, promettant de ne jamais revenir à la direction du pays.

« Je ne vous fais pas mes adieux. Le chemin sera difficile et requerra l’effort intelligent de tous ». Comment comprendre de tels propos du leader Maximo Fidel Castro au moment où celui-ci a annoncé son départ du pouvoir, le 18 février ? Même si Fidel Castro, éloigné du pouvoir depuis bientôt 19 mois pour cause de maladie soutient : « Je n’aspirerai ni n’accepterai-je répète-je n’aspirerai ni n’accepterai la charge de président du conseil d’Etat et de commandant en chef ». Sa démission reste toutefois ambiguë.

A y voir de près, celle-ci relève d’une surprise et ressemble à une stratégie de Fidel Castro qui, après avoir renoncé provisoirement à son pouvoir, confiant la charge à son frère Raul Castro Ruz depuis le 31 juillet 2006, pense qu’il est temps de passer symboliquement la main et d’agir dans l’ombre. « Je souhaite combattre comme un soldat des idées. Je continuerai à écrire sous le titre « Réflexions du camarade Fidel ». Ce sera une arme de l’arsenal avec lequel il faudra compter. Peut-être que ma voix sera entendue », précise le président cubain démissionnaire. De cette prise de position, il transparaît que le départ de Fidel Castro ne sera que symbolique et que le peuple cubain tout comme les adversaires externes (USA et autres) qui accusent le leader Maximo de dictature ne devraient pas s’attendre de si tôt à un changement. Il est inutile de penser à une nouvelle ère politique surtout démocratique à Cuba. D’autant plus que celui qui est positionné pour remplacer Fidel Castro, à savoir Raul Castro a été à l’ombre de son frère aîné pendant sa gouvernance.

Avec ses 82 ans dont 48 au pouvoir, Fidel Castro, à défaut de vouloir demeurer président à vie, ne pouvait que passer la main. C’est donc un homme fatigué par l’âge et la maladie qui a décidé de s’éclipser diplomatiquement en conservant le pouvoir en famille. Ainsi, après avoir subi en juillet 2006 une intervention chirurgicale aux intestins, Fidel Castro a provisoirement délégué ses fonctions à son frère Raul.

Un départ inévitable

Malgré sa maladie, une commune de Santiago de Cuba, berceau de la Révolution cubaine a avancé sa candidature à la députation. Raul Castro a recueilli 99,3 des voix, soit 1,1 % de plus que son frère aîné Fidel Castro à ces élections pour l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP, parlement) qui ont eu lieu le 20 janvier dernier à Cuba, selon le bilan officiel annoncé par la commission électorale cubaine. Le parlement de Cuba récemment élu se réunira le 24 février pour désigner les membres du conseil d’Etat, la plus haute instance du pouvoir exécutif du régime communiste cubain, ainsi que son président, le chef d’Etat et le ou les vice-présidents. En tous les cas, Fidel Castro estime que le moment est venu de les élire. « Connaissant mon état de santé critique (...), ma première obligation après tant d’années de lutte était de préparer le peuple à mon absence, psychologiquement et politiquement. Jamais je n’ai cessé de signaler qu’il s’agissait d’un rétablissement qui n’était pas exempt de risques », a confessé Fidel Castro. A-t-il atteint son objectif ? Son successeur pourra-t-il maintenir Cuba comme un pays communiste ?.

Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr


Un veinard du pouvoir tire sa révérence

« El commandante » ou « le leader Maximo » Fidel Castro a bien répondu à ses sobriquets d’abord pendant la campagne militaire contre Batista dans les années 1950 puis sous son règne à la tête de Cuba de 1959 à 2008. Ennemi numéro un des Etats-Unis d’Amérique, le proche et puissant voisin capitaliste, l’île de la Jeunesse a été au cœur de profondes contradictions et confrontations silencieuses de la guerre froide. Le régime communiste de Castro a dû essuyer en permanence les assauts répétés de l’Oncle Sam. Malgré la détermination des services secrets américains, la volonté des locataires de la Maison blanche et la complicité des réfugiés cubains, le « leader Maximo » est resté égal à lui-même face aux menaces et aux attaques.

Ni le débarquement de la baie des Cochons en 1961, ni la crise des fusées en 1962 ne sont venus à bout du pouvoir du compagnon de Ernesto Che Guevara. Le blocus économique et commercial imposé à l’île qui a vu Ernest Hemingway écrire son best seller « Le vieil homme et la médaille » ne l’a pas empêché de se forger des amitiés diplomatiques dans le monde et une renommée dans de nombreux secteurs : tourisme, médecine, sport, agriculture... Et le célèbre « cigare de La Havane ». Perçu tantôt comme un Etat dictatorial avec un peuple opprimé par l’Occident, tantôt comme une nation résistant à l’impérialisme par le Tiers-monde, Cuba et son leader Fidel se sont toujours dressés comme le porte-parole des sans-voix dans le concert des Nations. Le long règne de 48 ans a tout de même couvé de réelles dissensions dans un pays où les habitants, sans être administrés par un roi ni un empereur, ont été tenus en respect, guidés par les seuls idéaux de leur maître.

La démocratie et l’alternance sont des mots éloignés de leur bouche. L’ère Castro a semblé sans fin jusqu’en juillet 2006 où un malaise intestinal le cloue au lit pendant 19 mois et le contraint à déléguer son commandement à son frère cadet Raoul Castro Ruz. Un arrangement bien familial pour s’assurer une sérénité dans la continuité des affaires. A 82 ans, le leader Maximo abdique enfin et quitte la tête de son pays sans s’éloigner réellement du pouvoir, son souffle vital, son combat de tous les jours.

Jolivet Emmaüs(joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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