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Piratage des œuvres littéraires et artistiques : La riposte engagée par un plan triennal de lutte

Publié le vendredi 15 février 2008 à 09h37min

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Le Plan triennal de lutte contre le piratage des œuvres artistiques et littéraires a été officiellement lancé jeudi 14 février 2008 sur le site granitique de Laongo (province d’Oubritenga) en présence du Premier ministre, Tertius Zongo. C’est un plan qui devrait permettre de consolider les mécanismes et instruments de lutte contre ce fléau au Burkina Faso.

Hier jeudi 14 février 2008, jour de la Saint-Valentin, ils étaient nombreux ceux qui ont pris la route de Laongo, direction le site granitique pour assister à la cérémonie officiellement de lancement du Plan triennal (2008-2010) de lutte contre le piratage des œuvres littéraires et artistiques au Burkina Faso.

En faisant le déplacement de Laongo, autorités politiques, coutumières, artistes, distributeurs, producteurs et éditeurs avaient à cœur (je dirai un amour affiché, Saint-Valentin oblige) le combat contre un fléau qui n’a de cesse rendu la vie difficile à la chaîne de création des œuvres littéraires et artistiques. Assainir au mieux l’industrie culturelle au Faso, permettre aux artistes d’avoir un mieux-vivre, favoriser le développement de la culture burkinabè, voilà donc les objectifs qui ont guidé le Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA) pour l’élaboration du Plan triennal (2008-2010) de lutte contre le piratage des œuvres artistiques.

Selon Balamine Ouattara, directeur général du BBDA, le plan triennal devrait s’appuyer sur une nouvelle approche des ressorts traditionnels de lutte que sont la formation, l’information, la sensibilisation, le contrôle et la répression. "Le plan triennal de lutte n’est pas à priori un instrument de répression. Il met un accent particulier sur une approche concertée et participante de tous ceux qui ont un intérêt dans l’exploitation des œuvres de l’esprit en favorisant la création des conditions techniques et matérielles de commercialisation légale et intéressante des supports". Un autre axe central de ce plan consiste en la mise en place de brigades de lutte contre la piraterie sur le territoire national.

Le plan triennal devrait coûter la bagatelle de 430 949 400 F CFA dont 170 073 800 F CFA pour l’année 2008. Ce plan triennal a reçu le soutien fort affiché de tous les artistes burkinabè. Mobilisés pour l’occasion (ils étaient près d’un millier), ils ont par la voix de Moustapha Laabli Thiombiano réaffirmé leur engagement aux côtés du BBDA contre la piraterie. "La piraterie, c’est l’usine des voleurs et la place des voleurs, c’est la MACO", a relevé M. Thiombiano. Des distributeurs et revendeurs de cassettes et CD aux producteurs et éditeurs de musique, les déclarations de soutien et d’engagement à la lutte n’ont pas manqué. A Laongo enfin, le BBDA a témoigné son engagement dans la lutte contre la piraterie en désignant certaines personnes bien connues du milieu culturel, "Ambassadeurs de la lutte contre la piraterie pour l’année 2008".

Ismaël BICABA
bicabai@yahoo.fr


Propos du Premier ministre sur l’événement

Il faut louer cette initiative du BBDA et des artistes. Ce sont eux qui vivent les problèmes et peuvent mieux orienter le gouvernement dans ses décisions. Je ne peux que soutenir l’appel qui a été lancé parce que quoiqu’on dise, il faut que chacun puisse vivre de son initiative, développer un certain nombre d’initiatives qui lui permettent de se sentir homme comme tout le monde. Ce que nous pouvons faire, c’est de soutenir les Burkinabè pour qu’ils aient confiance en eux. Ma présence ici à Ziniaré consistait à redonner plus de dignité à tous ceux qui ont quelque chose à apporter à notre pays. Le plus gros moyen de lutte, c’est la volonté et nous souhaitons qu’il y ait une approche concertée, forte, pour lutter contre la piraterie.

I. B.

Les ambassadeurs 2008 de la lutte contre la piraterie

1) Madame Alimata SALEMBERE
2) Madame Monique ILBOUDO
3) Madame BARRO née Mariam dite Amety Méria :
4) Monsieur Toubeyam Boubacar Zida dit Sid Naaba :
5) Monsieur Abert OUEDRAOGO
6) Monsieur Georges OUEDRAOGO
7) Monsieur Seydou Richard TRAORE
8) Monsieur Moustapha Laabli THIOMBIANO
9) Monsieur Issaka OUEDRAOGO dit Zougnazagmda
L’Appel de Laongo

A l’occasion du lancement du Plan triennal de lutte contre le piratage des œuvres artistiques, les artistes ont rédigé un appel transmis au Premier Ministre. C’est un appel pour la protection des œuvres de l’esprit, la promotion des biens et valeurs culturelles et touristiques par la communication pour le développement. Nous vous le proposons en intégralité.

Nous, artistes et entrepreneurs culturels et touristiques, réunis à Laongo le 14 février 2008, lançons un appel solennel à une vaste mobilisation nationale et internationale contre la piraterie des œuvres de l’esprit et pour la promotion des biens et valeurs culturels et touristiques, respectueuse de l’environnement.

1. Aujourd’hui, nous savons que la piraterie est en train de détruire, à un triple plans, social, économique et culturel, les efforts consentis par les acteurs culturels et l’Etat dans la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, la communauté internationale œuvre pour le développement des industries culturelles, toutes choses qui contribuent au développement d’un pays et en assurent l’avenir. Nous sommes conscients que seuls la réduction du volume des importations de supports piratés, l’amélioration de l’environnement juridique, la sensibilisation et la formation, l’accès aux licences d’exploitation pour les ceuvres étrangères, le développement des circuits de distribution des supports légaux pourront assurer la protection et la promotion de nos biens et valeurs culturels ainsi que le bien-être des artistes et des acteurs culturels.

2. Nous savons également que le développement de l’entreprenariat ainsi que des industries culturelles et touristiques ne peuvent se faire sans une vision éco-touristique soucieuse de la protection de l’environnement, un soutien financier conséquent aux artistes et acteurs culturels et touristiques et encore moins sans une approche communicationnelle à la hauteur de nos ambitions. Rassurés de la mobilisation de la communauté internationale et de la société civile qui oeuvrent dans la cohésion et la paix autour de la culture et le tourisme, nous réaffirmons notre conviction sur la nécessité de prendre en compte la dimension culturelle et touristique dans les autres politiques de développement et sur l’importance d’une offre culturelle et touristique attractive et diversifiée pour accroître la rentabilité économique de la culture et du tourisme.

3. C’est pourquoi, conscients du coût de notre attentisme et de notre inaction, nous nous engageons à mettre au centre de nos décisions et de nos actions, chacun dans le domaine qui le concerne, la préoccupation de préserver nos valeurs culturelles et de promouvoir nos produits artistiques et touristiques, en tenant compte de la protection de l’environnement.

4. Nous nous engageons à faire progresser cette prise de conscience aux niveaux local, national et international. Pour promouvoir cette vision de l’équité et du bien-être des créateurs, des entrepreneurs et des consommateurs des produits culturels et touristiques, nous appelons au soutien du Plan triennal de lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques du Burkina Faso.

5. Nous soutenons la décision clairvoyante des autorités burkinabè de créer une télévision rurale, aux côtés des chaînes nationales publiques et privées déjà existantes. Cette télévision sera au service du développement durable et de la lutte contre la pauvreté à travers la préservation de la diversité culturelle, la promotion de l’inculturation. Toutes les populations des zones rurales et urbaines doivent pouvoir accéder au niveau de vie auquel ils aspirent légitimement à travers la communication pour le développement et la sensibilisation en matière de santé, d’éducation, d’agriculture, d’élevage et d’environnement dans les langues qu’elles maîtrisent le mieux.

6. Dans cette responsabilité collective, l’effort doit être partagé entre l’Etat, le privé, la société civile, les responsables coutumiers et religieux, les partenaires au développement. Nous artistes, acteurs du développement culturel et touristique, de la communication pour le développement, ici présents, appuyons les efforts des nations qui se mobilisent, dans un esprit de souveraineté, pour renforcer la gouvernance internationale en matière de culture, de tourisme, d’environnement et de communication.

7. Nous nous félicitons de l’engagement du pouvoir exécutif du Burkina Faso de réviser à la hausse le volume du fonds alloué au développement de la presse privée nationale. A l’image des fonds déjà existants dans les domaines du cinéma, de la presse écrite et audiovisuelle, nous appelons à la création de fonds pour soutenir le développement de la culture et du tourisme au Burkina Faso. Ces fonds doivent être des instruments efficaces pour promouvoir la créativité et les actions les plus respectueuses des écosystèmes et des libertés d’expression et de communication. Ils doivent être des moyens pour soutenir la mise en œuvre des politiques culturelles et
touristiques.

8. Nous nous réjouissons de la ratification par le Burkina Faso de la convention internationale sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et de l’adoption par l’Assemblée nationale, à l’unanimité, de la loi sur le patrimoine culturel matériel et immatériel.

9. Nous appelons tous les Etats du monde à rejoindre ce combat, car il est de la responsabilité de tous les hommes de la terre, qu’ils soient acteurs ou bénéficiaires des biens et valeurs culturels et touristiques, d’assurer un lendemain meilleur à la postérité. Il en va de l’avenir de l’humanité toute entière.

Laongo, le 14 février 2008

Sidwaya

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