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Périple africain de Bush : L’Oncle Sam préfère la côtière

Publié le vendredi 15 février 2008 à 09h42min

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Top, c’est parti pour la deuxième et dernière tournée du président américain, George W. Bush, en Afrique. En effet, il entame du 15 au 21 février une visite au Bénin, en Tanzanie, au Rwanda, au Ghana et au Liberia, cinq pays dont le Bénin de son coreligionnaire évangéliste Thomas Yayi Boni est la seule étape en terre francophone.

Cette visite marque-t-elle un regain d’intérêt pour le continent noir ou est-ce seulement l’expression d’une stratégie d’ensemble qui arrive à maturation ? Georges Bush, qui vient juste de boucler en janvier une tournée dans quelques pays arabes et qui fait face à beaucoup de critiques sur la gestion de sa politique africaine, pourrait aussi vouloir se rattraper en effectuant cette tournée.

Officiellement placée sous le signe de la santé et du développement, cette tournée africaine n’est pas dénuée d’ambitions économiques et sécuritaires. S’il est de notoriété publique que les Etats-Unis prévoient d’allouer pour le développement du continent noir 4,1 milliards de dollars, dont 80% seront consacrés à la lutte contre le Sida et le paludisme, c’est-à-dire "à l’humain", il reste entendu que pour l’Oncle Sam, c’est le principe du "traide but no aid" qui prime.

Même si la part des échanges commerciaux entre les USA et le continent africain reste dérisoire puisqu’elle ne représente que 1,7% des exportations et 2,3% des importations, le pétrole y occupe une place de choix. En effet, sur la soixantaine de milliards des exportations subsahariennes vers les USA, 90% sont composées d’hydrocarbures.

De l’avis de Bernard Conte, chercheur au Centre d’études Afrique noire de Bordeaux, l’Afrique s’inscrit dans la stratégie d’ensemble où le pétrole reste au centre des préoccupations. Même si les pays visités ne sont pas officiellement producteurs de pétrole, trois d’entre eux sont aux confins des côtes ouest-africaines, appelées la côtière, d’où l’Oncle Sam tire une bonne partie de ses ressources énergétiques.

Et si au Bénin, au Ghana et au Liberia, on ne produit pas présentement du pétrole, sait-on si demain ces pays pourraient faire partie de l’OPEP ? Autant donc les avoir avec soit tout de suite, serait-on tenté de dire.

Mais en dépit de sa population, l’Afrique subsaharienne reste un nain du commerce mondial. Elle héberge 11% de la population mondiale, mais pèse seulement 2% du commerce mondial. "Mais les Etats-Unis sont résolus à mettre le pouvoir transformateur du commerce à la portée de tous les Africains", déclarait Georges Bush pour donner le sens de son déplacement en Afrique, et pour ce faire, il faut aider l’Afrique à prendre une part active à ces transactions afin que les USA en profitent des retombées demain.

Ainsi, si l’aide américaine au Sud du Sahara est passée de 1 milliard de dollar en 1996 à environ 5 milliards en 2007, les échanges commerciaux eux ont tout simplement pris une véritable ascension, passant de 44 à 71 milliards, soit une hausse de 60%. Toutes choses qui ne sont pas pour mécontenter l’Oncle Sam.

Si donc Bush ne cherche pas dans l’immédiat du pétrole dans ces 5 pays à visiter, il entend par contre leur manifester tout son attachement en raison de leur bonne gouvernance politique et économique, de l’éradication de la corruption, de l’ouverture des marchés et du dynamisme entrepreneurial qui s’y déroulent.

Et dans cette classe des meilleurs élèves, figurent en bonne place le Bénin, le Ghana, la Tanzanie. Le Rwanda et le Liberia, qui sortent lentement d’un long cauchemar fait de génocide et de guerres civiles, sont aux yeux de Bush des pays qui avancent aussi.

Après tout, la politique du président américain ne consiste-t-elle pas à gouverner avec justice, à investir dans la santé et l’éducation et à appliquer des politiques qui encouragent la liberté économique ?

Boureima Diallo

L’Observateur

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