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Le ministre des Affaires étrangères allemand au Togo : Esquisse d’un vrai dégel

Publié le mardi 12 février 2008 à 10h20min

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(Ph. Republicoftogo.com)

En clair, une reprise "normale" des relations entre l’ex-metropole et le Togo après 15 ans de froid. Le dégel donc ! Steimeier est accompagné d’une soixantaine de personnalités.

En effet, avant que ce petit pays du Golf de Guinée ne soit colonisé par la France, il a été d’abord sous le giron allemand. Du reste, les langues fendues au mauvais endroit prétendent que les métis togolo-allemands sont numériquement supérieurs à ceux franco-togolais.

Evénement exceptionnel donc, surtout pour le Togo, qui voit en cette visite, la fin d’une bagarre qui a connu son summum en avril 2005, lors de la calamiteuse présidentielle qui s’est déroulée dans ce pays.

Rappel des faits : avril 2005, depuis des jours, le président intérimaire, Abass Benfoh, passe régulièrement à la télévision pour inciter ses compatriotes à sortir pour voter massivement le 24 avril leur président. Il est secondé dans ce rôle par le ministre de la Communication, Pitang Tchalla, dont les passages cathodiques étaient quasi-quotidiens.

Des sorties qui s’expliquent par la situation explosive que traversait le pays, après la disparition brutale, le 5 février 2005, de celui qui disputait à Omar Bongo Ondimba, la dignité de doyen des chefs d’Etat africains.

En effet, après la succession ratée de celui qui n’était alors que ministre des Mines et des Télécommunications, Faure Gnassingbé, et la décision, sous les coups de boutoirs de la communauté internationale pour que le Togo organise une présidentielle digne de ce nom, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti au pouvoir, et l’opposition, sous la bannière de la coalition jaune, partaient alors pour la conquête de la présidence togolaise.

La ferveur était très grande au niveau du camp au pouvoir d’autant plus qu’il était certain que son champion, Faure, l’emporterait sur son adversaire, le vieil Bob Akitani.

On en était là lorsqu’un coup de tonnerre retentit dans le ciel togolais déjà lourd d’orages : le ministre de l’Intérieur, le colonel Esso Boko, déclara à la télé le 22 avril aux environs de 2 h du matin qu’il fallait reporter les élections car il y avait trop de problèmes (1). A vrai dire, c’était comme un coup de poignard dans le dos du pouvoir, car celui-là même chargé d’organiser le scrutin avec la CENI soutenait à la dernière minute le contraire.

Décagnoté de son ministère, le colonel de gendarmerie, Boko, ne dut son salut qu’en se réfugiant à l’ambassade de l’Allemagne au Togo. Malgré moults tentatives pour essayer de récupérer le pandore galonné, le régime se heurtera à l’intransigeance des Allemands, qui l’exfiltreront d’ailleurs, après, vers l’Europe.

L’intéressé est de nos jours avocat à Paris. Il faut dire que cette attitude de l’Allemagne n’est pas nouvelle, car dans l’histoire du sevrage économique du Togo, ce pays de l’Europe fait partie du camp de la méthode du bâton. Jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à ce que les législatives du 14 octobre 2007 se tiennent, l’Allemagne a toujours refusé que l’Europe crache au bassinet togolais.

Pour cette locomotive de l’Union européenne, il fallait vérifier à la loupe si les 22 engagements souscrits en 2003 par le Togo étaient remplis. En foulant le sol togolais, ce 11 février 2008, après 15 ans de bouderie, l’Allemagne, sans être aujourd’hui le "tuteur" politique de ce pays, manifeste donc un geste fort que "la bagarre est finie" comme dirait l’homme de la rue.

Car, même si c’est l’Hexagone qui "dicte" toujours sa loi au pays des Gnassingbé, l’Allemagne demeure un partenaire privilégié dans le domaine économique via les phosphates, et surtout avec le Port autonome de Lomé (PAL).

On se saurait oublier les relations bilatérales, car elles touchent de nombreux volets, notamment l’éducation, la santé, (Steimeier a inauguré ce 11 février 2008, un centre de médecine tropicale) et culturel. A ce sujet, le ministre allemand a visité également le Goethe-Institut, fermé depuis des lustres, qui vient de rouvrir ses portes.

Mais, et c’est naturel pour un diplomate, c’est la politique qui a été surtout au centre de son entretien avec Faure, car il a été question des réformes politiques.

C’est connu, ce pays doit engager des réformes politiques et institutionnelles, réclamées depuis longtemps à cor et à cri par l’opposition : il s’agit entre autres du Code électoral, du découpage administratif "démentiel" à l’état actuel, selon Gilchrist Olympio, à juste raison, car c’est l’une des causes des "mauvais" résultats de l’UFC aux législatives d’octobre 2007, le statut de l’armée...

Et comme pour ne pas oublier celui par qui la paix est revenue au Togo, Steumeier doit en principe venir au Burkina aujourd’hui 12 février 2008. Comme pour dire "merci pour hier". Car, ne l’oublions pas, sans l’Accord du 20 août signé à Lomé, le Togo serait peut-être toujours dans une situation peu enviable. Au Burkina aussi, l’Allemagne semble reconnaissante avec la présence du chef de sa diplomatie. Qui s’en plaindra ?

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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