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Situation nationale : Le Burkina à la croisée des chemins, selon Emile Paré du MPS/PF

Publié le lundi 11 février 2008 à 10h58min

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C’est ce que Emile Paré, le « chat noir » du Nayala veut nous faire croire en organisant une conférence de presse le jeudi 31 janvier dernier. Pour lui, le tableau du « recul démocratique » et du « retour à la case-départ » est complet et notre processus démocratique est en panne. Un constat qu’il qualifie de dramatique, mais pour lui le moment est venu pour l’enfant terrible de Ziniaré d’opérer « sa deuxième rectification », une rectification démocratique.

Emile Paré est un homme politique connu pour ses prises de positions. Docteur en médecine de son état celui qu’on surnomme le « chat noir » du Nayala a animé le PDP/PS du regretté professeur Joseph Ki-Zerbo où il était un des fidèles lieutenants. Député à l’Assemblée nationale dans les années 2000, il s’est fait remarqué par les Burkinabè. Après une dispute sur son inscription sur la liste du PDP/PS en 2002, le Dr Paré abandonne le bateau du professeur pour créer le Mouvement du peuple pour le socialisme/Parti fédéral (MPS/PF). Après une brève aventure avec le PAREN du professeur Laurent Bado qui a abouti à la formation de l’OBU, le MPS/PF fait cavalier seul. Sorti bredouille des élections municipales, présidentielle et des législatives, Emile Paré et sa troupe cherche toujours une branche pour s’accrocher afin d’éviter une chute libre déjà amorcée. En 2005 Emile Paré, lors de l’élection présidentielle, avait qualifié le processus démocratique au Burkina comme un retour à la case-départ. Aujourd’hui, il revient en disant à qui veut l’entendre que les faits sont clairs et limpides, que même les « sans-parti » s’accordent sur son analyse de la situation actuelle du processus démocratique (comme si le pays vivait une crise politique sans précédent). Au cours de cette conférence de presse, il a dressé un tableau noir de la situation. Une façon de faire croire que le navire est sur le point de couler alors qu’il n’en est rien, pour enfin dire qu’il est le seul salut pour ceux qui veulent le salut. Pour lui, la politique pratiquée par Blaise Compaoré et son CDP depuis le début du processus démocratique a atteint ses limites. Pour cela, dit-il, Blaise Compaoré doit avoir le courage de convoquer des assises nationales pour la réorientation, la relance, le recentrage du processus démocratique ou pour la refondation démocratique ; et ces assises doivent requérir la participation de toutes les forces vives de la Nation. Pour lui, ces assises doivent conduire à un gouvernement d’union nationale en vue de la mise en œuvre de ses conclusions.

Va-t-on réviser la Constitution ?

Pour le « chat noir » du Nayala, une révision de la Constitution s’impose. La Constitution actuelle connaît, pour lui, des insuffisances. Cette révision, à son sens, doit être profonde de manière à consacrer un véritable Etat de droit qui garantit outre le plein exercice des libertés, une séparation et un équilibre des pouvoirs. Pour lui, il n’est pas normal que le pouvoir soit centralisé sur une personne qui est président de la République, président du Conseil des ministres, « l’Exécutif » président du Conseil supérieur de la Magistrature « judiciaire », chef suprême des armées. Il a un pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale, il nomme le Premier ministre sans l’avis du Parlement, il nomme six (6) membres sur neuf (9) du Conseil Constitutionnel et nomme son président qu’il peut démettre à volonté, il nomme tous les hauts fonctionnaires de l’Administration et de l’Armée y compris l’Administration judiciaire. Pour Emile Paré, les 15 années d’expérimentation de ce régime montrent clairement qu’il n’existe pas de séparation de pouvoir. Pour cela, il propose le remplacement de ce régime présidentiel par un régime semi-présidentiel, semi-parlementaire dont le président nomme et démet le Premier ministre après avis du Parlement, le président est doté d’un pouvoir de dissolution de l’Assemblée et cette dernière est dotée d’un pouvoir de démission du président après avis du Conseil Constitutionnel ; les membres du Conseil Constitutionnel sont composés par des magistrats de grade exceptionnel élu par le collège des magistrats. Le Conseil Constitutionnel élit en son sein son président. Pour lui, un tel régime permet non seulement une séparation nette des pouvoirs mais en garantit son équilibre. Pour les mandats, le MPS/PF propose la limitation des mandats électifs. La Constitution actuelle traite de cette question à son article 37 et porte uniquement sur le cas du président de la République. Il propose une extension du principe de la limitation à tous les mandats électifs.

Emile Paré réclame un statut pour l’opposition

Pour le MPS/PF, le Code électoral actuel qui est le résultat de la modification unilatérale du code consensuel de 2004 a montré à la pratique toutes ses limites et ses insuffisances. La CENI doit être révisée au niveau de sa composition, de la procédure de choix de ses membres, de ses rapports avec le gouvernement et les partis. Les circonscriptions électorales, propose le MPS/PF, prennent la région pour l’élection des députés, la province pour l’élection des conseillers régionaux, la commune pour l’élection des conseillers municipaux. Pour le mode du scrutin, Emile Paré opte pour la proportionnelle au plus fort reste. La loi portant statut de l’opposition adoptée en 2000 n’a jamais eu un décret d’application, constate le « chat noir » du Nayala, cela fait que toutes les tentatives de l’opposition pour faire appliquer cette loi ont échoué. Pire, le président de l’Assemblée nationale, chef de file de la majorité, s’est autorisé à désigner par un arrêté de l’Assemblée le chef de file de l’opposition. Il se réjouit que Salif Diallo ait dit que l’ADF/RDA ne peut plus être chef de file de l’opposition. Pour Emile Paré ce poste doit revenir à l’UNIR/MS qui compte 4 députés à l’Assemblée nationale.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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