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Arrestation d’opposants au Tchad : Quand Déby donne raison à posteriori la cause de rébelles

Publié le lundi 11 février 2008 à 10h48min

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Selon plusieurs sources indépendantes recueillies sur place dans la capitale tchadienne, une chape de plomb s’est abattue, depuis le week-end dernier, sur l’opposition politique et les organisations de défense de droits de l’homme. Des enlèvements auxquels s’ajouteraient, selon l’ONG Amnesty international, des exécutions sommaires. « Nous avons reçu des informations selon lesquelles, le 6 février, au moins trois personnes auraient été exécutées par des membres de l’armée tchadienne », rapporte l’AFP, vendredi dernier.

Parmi les opposants arrêtés et dont les familles sont sans nouvelles de leurs lieux de détention, si toutefois elles sont toujours en vie, on compte l’ancien chef de l’Etat, Lol Mahamat Choua, le chef de la principale coalition de l’opposition, Mahamat Saleh Ibni Oumar et l’opposant radical Ngarlégi Yoranga. Que leur reproche-t-on ? Une complicité avec la nébuleuse rébellion qui serait déjà, une semaine après sa déroute, sur le point de passer à nouveau à l’assaut de N’Djaména ? Certainement, au regard de l’enchaînement des faits.

Mais si tant il est vrai que le Tchad est un Etat de droit que prétend défendre le président Déby contre des « rebelles à la solde du Soudan », pourquoi ces arrestations qui jurent avec les principes élémentaires de l’Etat de droit ? Le warrior de N’Djamena serait-il saoulé par sa victoire la semaine dernière au point de retourner ses canons contre son opposition ? Ou s’agit-il d’une manœuvre machiavélique visant à profiter de la confusion pour éliminer des adversaires politiques ? En tous les cas, Idriss Déby Itno donne du grain à moudre à une rébellion qui ne cesse de clamer, urbi orbi, que son objectif est l’instauration de la démocratie au Tchad. Ce qui passe, selon elle, par le renversement de l’actuel président dont les habitudes s’accommodent mal avec les exigences de la démocratie.

Va-t-il enfin se résoudre à respecter les règles du jeu démocratique ou s’entêter à vouloir régner à vie (n’a-t-il pas à cet effet fait modifier la constitution en 2006) avec la bénédiction de la France suspectée d’avoir soutenu les forces gouvernementales lors des combats de la semaine dernière. En effet, dans son édition du vendredi 8 février, le quotidien français, La Croix, affirmait que « des troupes spéciales françaises ont pris part aux affrontements » et que « des officiers français ont notamment coordonné l’attaque menée le 1er février par l’armée tchadienne contre les colonnes rebelles ».

Le quotidien affirme également que dès le lendemain, « des éléments du commandement des opérations spéciales (COS) français se sont impliqués dans les combats à N’Djamena avec une stratégie qui se révèlera payante : épuiser les rebelles bientôt à court de munitions ». Informations que tentent de démentir les autorités de l’Hexagone, déclarant n’avoir agi que dans le strict cadre de l’accord de 1979 complété par le dispositif « épervier » en 1986 et portant uniquement sur la logistique et la santé. Vraisemblablement, un flou artistique dans lequel tous les soutiens français sont possibles et monnayables en tout genre comme la grâce du président tchadien aux membres de l’équipe de l’arche de Zoé.

L’Observateur

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