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Réinstallation au marché Rood-Woko : Qui veut faire un bébé dans le dos de Simon ?

Publié le vendredi 8 février 2008 à 10h15min

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Rood-Woko, le marché central de Ouagadougou, renaît lentement mais sûrement des cendres qui l’ont mis hors d’usage depuis le 27 mai 2003. Après moult tractations qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive, le gouvernement et la commune de Ouagadougou ont fini par avoir l’oreille attentive de l’Agence française de développement (AFD) pour le financement de l’opération de réhabilitation. Mais le plus dur ne semble pas passé pour autant.

Alors qu’une commission ad hoc mise en place par le conseil municipal prépare le retour des commerçants dans l’infrastructure réhabilitée, Simon doit faire face à des spéculations parallèles. Des rumeurs persistantes de lancement d’une - vraie fausse - opération « d’établissement de demande pour la réinstallation des commerçants de Ouagadougou » a même obligé le courtmestre de la capitale à se fendre d’un communiqué de démenti. Lorsque Simon sort de ses gonds, c’est que ça sent vraiment mauvais. D’où a pu surgir ce groupe de « recenseurs pirates » qui donne visiblement du fil à retordre au maire de la ville ? Pour qui bosse-t-il ? Que cache-t-il ?

On aurait bien voulu que le communiqué laconique de la commune, signé du nom de Simon Compaoré, apporte des réponses à ces interrogations. Hélas ! Au moment où le communiqué était publié dans les journaux de la place, le maire était en mission ‘’au froid’’. C’est ce qui expliquerait peut-être ce silence radio. Mais il est curieux de voir que le 1er adjoint au maire, qui est en réalité le président de la commission ad hoc, ne monte pas lui-même au créneau pour donner la réplique qu’il faut aux pirates et éclairer l’opinion.

Le dossier Rood-Woko serait si sensible qu’aucune autorité municipale n’oserait s’y impliquer, en dehors de Simon himself ? Si Christophe Ilboudo ne veut pas se mouiller en l’absence de son patron, aujourd’hui, comment pourra-il affronter les éventuelles bisbilles qui pourraient subvenir au sein de la commission ? Au fur et à mesure que la réhabilitation prend forme, les spéculations et autres enchères montent dans les milieux des commerçants et pour cause.

Selon les prévisions, le Rood-Woko new-look devrait offrir plus de places qu’avant l’incendie. Non seulement la capacité d’accueil passera de 2 750 à 3 200 étals, mais il y aura 1 500 et 1 700 boutiques supplémentaires. De quoi exciter les convoitises des anciens installés anarchiques mais aussi de nouveaux commerçants qui nourrissent l’espoir de se faire une place dans le plus grand marché du pays. Dieu sait que la demande est très forte. Et certains sont même prêts à toutes sortes de magouilles et de raccourcis pour réaliser ce rêve apparemment mythique. Quand on sait que toutes les illusions sont bonnes à vendre dans ce milieu des commerçants, on comprend aisément que les « pirates » n’ont pas dû trop se décarcasser pour faire partir la rumeur.

Dans les marchés périphériques, les plus chanceux des sinistrés de Rood-Woko qui attendent depuis près de 5 ans maintenant la réhabilitation et surtout leur installation dans le marché alimentent quasi quotidiennement les discussions. Ces sujets ont pris encore plus d’intérêt depuis la visite très médiatisée du chantier effectuée par le Conseil municipal le 28 décembre 2007, soit 4 mois après le lancement des travaux. A cette occasion, Simon Compaoré s’est naturellement félicité de l’avancée des travaux, non sans exhiber fièrement les « 500 boutiques et échoppes » déjà réalisées. C’était sans compter avec les spéculateurs tapis dans l’ombre.

Les « fausses informations » faisant « état de l’établissement de demande pour la réinstallation des commerçants au marché de Rood-Woko » ne seraient qu’une manière de faire un bébé dans le dos de Simon, qui, en plus, se trouve en mission hors du pays. Mais au lieu de provoquer le courroux de l’édile de la ville, cela devrait l’amener à prendre la mesure des attentes, mais aussi des convoitises que suscite le problème de la réinstallation des commerçants.

Débutés le 27 août 2007, les travaux de réhabilitation doivent s’achever, en principe, en février 2009, soit dans un délai de 18 mois. La meilleure manière de couper l’herbe sous les pieds des pirates n’aurait-elle pas été d’accélérer les travaux de la commission ad hoc et surtout de rendre publiques et transparentes les conditions de réinstallation, la liste des commerçants régulièrement installés avant le sinistre, les critères de recrutement de nouveaux commerçants, etc.? Les « jours sombres de l’incendie » sont désormais derrière le Conseil municipal, mais il va falloir jouer sérieusement la carte de la communication et de la transparence pour éviter des lendemains de tiraillements inutiles à l’après-réhabilitation de Rood-Woko. Le diable est lâché ! Il faut contenir ses dégâts.

A. Houédraogo

Journal du jeudi

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