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Union africaine : Pour des contre-sommets des sociétés civiles

Publié le vendredi 8 février 2008 à 10h46min

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Les cendres de la 10e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sont encore fumantes. Addis Abeba, siège de l’Union africaine qui a abrité cette rencontre au sommet, du 31 janvier au 2 février, a retrouvé son train-train quotidien après les sirènes et les grands déploiements des forces de l’ordre qui accompagnaient ceux qui nous gouvernent dans leurs déplacements.

En dehors de l’élection de Jean Ping comme successeur de Alpha Oumar Konaré à la présidence de la Commission de l’Union africaine, désignation que nous avions du reste qualifiée dans nos colonnes de retour à l’ordre ancien, c’est difficile, voire impossible de relever des actes notoires que ce sommet a posés dans l’option de développement de notre continent. Pourtant, à l’instar des réunions de cette envergure, le 10e sommet de l’UA a dû coûter une somme astronomique. Et c’est l’argent des contribuables africains qui a une fois de plus été gaspillé.

Au lieu d’accomplir des avancées, l’UA vient d’amorcer un recul vertigineux. Ce qui est présenté comme rapport suite à des réflexions des experts et chefs d’Etat, rejoindra l’arsenal impressionnante de décisions prises et soigneusement rangées au placard, en attendant le prochain sommet. Les communiqués finaux s’amoncellent donc avec pour seul dénominateur commun leur manque d’impact sur le développement d’une Afrique plus que jamais confrontée au défi du développement. Alpha Oumar Konaré qui est arrivé avec une autre vision a été combattu dans son entreprise avec la dernière énergie par le tout-puissant syndicat des chefs d’Etat. Par dépit, le prédécesseur de ATT au palais de Koulouba a jeté l’éponge. Lui, en tout cas, voyait grand pour l’Afrique et aurait pu aller loin, si ces idées avaient par exemple été portées par les sociétés civiles africaines.

En effet, si systématiquement, les sociétés civiles africaines tenaient des contre-sommets de l’UA, nul doute que les vrais problèmes de l’Afrique seraient débattus avec sérieux et objectivité. Contrairement aux chefs d’Etat et de gouvernement africains, elles parleraient de la même voix afin de constituer un vivier de propositions adéquates pour l’Afrique qui, depuis 40 ans, continue de s’enfoncer dans le bourbier du sous-développement.

Avec leur liberté de ton et d’esprit, les sociétés civiles africaines, aseptisées de toute infiltration des politiques, constituent à n’en point douter le salut des nations africaines. De toute évidence, ce sont les sociétés civiles qui défendent réellement les intérêts des peuples maintenus de force par les politiciens dans un obscurantisme criard au profit d’intérêts étrangers aux peuples africains. Les dirigeants, dans leur tour d’ivoire, savent-ils seulement que la vie chère fait des ravages au niveau des populations ? Non. Ça, ce sont les sociétés civiles et les syndicats qui, tous les jours, battent le pavé contre la flambée des prix du pain, du lait, des céréales ou des hydrocarbures qui sont le mieux imprégnés des réalités africaines. Ce sont les sociétés civiles et les organisations syndicales qui savent qu’il faut du "pain et de la liberté" pour le peuple.

Les contre-sommets des sociétés civiles sont donc plus que jamais nécessaires pour que le sort de l’Afrique ne dépende plus de ces sommets caviar. Seule ombre au tableau : ces sociétés civiles existent-elles vraiment en Afrique ? Les politiciens aux desseins sournois et égoïstes qui, pour sauver leurs fauteuils sont prêts à tout, n’ont-ils pas miné toutes ces organisations ayant pour vocation première la défense des intérêts des peuples ? Et si elles existent, ces sociétés civiles véritables auront-elles les moyens de s’organiser, de ternir ces contre-sommets et d’en appliquer les décisions qu’ils auront générées ? Assurément, les sociétés civiles africaines auront plus que jamais besoin du soutien de leurs homologues du Nord, des fondations et autres bonnes volontés soucieuses du bien-être des peuples africains.

L’Afrique pourrait ainsi prendre un nouveau départ pour enfin espérer figurer à terme sur l’échiquier des nations libres et véritablement promises au développement.

"Le Pays

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