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Election à la Fédération de football : Un niveau de confusion jamais égalé selon Demba Fofana

Publié le mardi 5 février 2008 à 09h59min

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Demba Fofana, observateur avisé du football burkinabè revient dans les lignes qui suivent sur les élections du 12 janvier dernier à la Fédération burkinabè de football (FBF). Pour lui, elles ont atteint un niveau de confusion jamais égalé et le football national en sort "très divisé et plus affaibli".

Dans mon article paru dans "Le Pays" du 26 novembre 2007, je proposais entre autres qu’au poste de président de la fédération s’abstiennent les anciens présidents et les membres du Comité transitoire au regard de la délicatesse de la situation. Et quelques jours avant les élections dans un nouvel article de trois pages remis à "L’Observateur", au "Pays" et à "Sidwaya" pour publication, je m’étais permis de déterminer dix conditions (termes de référence) et d’évaluer les cinq candidats potentiels révélés par la rumeur, à l’exception du Colonel Yacouba Ouédraogo (YAK) et, dans une moindre mesure de Bertrand Kaboré qui

avaient publiquement annoncé leurs candidatures à maintes reprises. Ces dix conditions non exhaustives, classées par ordre d’importance sont les suivantes :

1. la disponibilité ;

2. la conviction et la passion positive ;

3. l’indépendance financière ;

4. les relations entretenues au Burkina et hors du Burkina ;

5. la connaissance minimale du milieu sportif en général et du football en particulier ;

6. les connaissances managériales minimales (gestion des hommes, des biens...) ;

7. la recherche du compromis et non de la compromission, être un homme de caractère et

non caractériel, et faire autorité plutôt qu’être autoritaire, être plutôt rigoureux que rigide... ;

8. la liberté d’expression et de parole ;

9. la modestie, l’humilité, la bonne communication et la transparence, même formelle ;

10. l’honnêteté intellectuelle au-dessus de la moyenne.

Division et affaiblissement si rien n’est fait

Curieusement, des cinq candidats évalués (observation, sondage informel, programme...) sur la base des dix conditions notées sur 20, c’est YAK, considéré à tort ou à raison comme étranger au football et que je connais moins bien que les autres (jusqu’à ce jour, je ne connais ni son bureau, ni son domicile) qui avait obtenu la plus forte moyenne. Et puis, une après-midi, une information surprise de source a fait cas de la candidature de mon ami Zambendé, lequel me l’a confirmé au téléphone et sans grand enthousiasme, une heure après. Cette nouvelle donne me fit suspendre immédiatement la publication de mon article (désormais dépassé) dans les trois journaux qui furent compréhensifs. De tous les présidents de fédération de 1976 à 2008, le Colonel Félix Tiemtarboum est le seul que j’avais activement soutenu par

pure conviction et sans aucun calcul comme d’habitude. Concernant YAK, j’avais demandé à certains responsables sportifs de Bobo, notamment SalI Karamoko, de le soutenir, mais l’arrivée tardive de Zambendé a bouleversé et fait changer beaucoup de choses, compte tenu de la forte position sociale et politique de l’intéressé. En clair, un soutien actif à YAK au

détriment de son nouvel adversaire serait incompréhensible par certaines personnes... mais si rien n’est fait, notre football sera plus divisé et plus affaibli qu’avant, et je sais de quoi je parle... Je fus moi-même candidat en 1997 suite à l’insistance, voire l’exigence de certains conseillers de la Présidence du Faso, mais lorsque la candidature du futur président désigné fut rendue publique seulement le matin même des élections à la Chambre de Commerce, j’ai retiré la mienne et je ne suis même pas rentré dans la salle, soulagé que je fus de ne pas participer à ces élections dont les résultats en ma faveur auraient pu néanmoins surprendre, mais avec encore plus de confusion dans ce milieu mafieux.

Le sport amateur est différent du sport professionnel en ce sens que le premier exige plus de disponibilité que le second qui fonctionne comme une entreprise. En clair, les présidents de Lyon et de la Fédération française de football par exemple, ne sont pas tenus d’être toujours présents ou même d’être connus, mais les structures en place font fonctionner la machine. Quant aux présidents de l’USO et de la FBF, leur disponibilité est une exigence pour réussir. Chelsea appartient à un nouveau milliardaire Russe et le fils de Kadafi est aussi propriétaire d’un club acheté en Italie, et ça marche parce que ce qui leur est demandé, c’est leur argent et non leur présence, parce que 80 à 90 % du boulot est réalisé par le personnel d’encadrement technique, financier, médical..., choisi sans complaisance et tenu par des contrats d’objectifs.

Un niveau de confusion jamais égalé

Malheureusement, les leçons ne nous servent pas parce qu’aucune autre élection à ma connaissance, n’a atteint le niveau de confusion de celle du 12 janvier 2008 aux conséquences probablement dommageables à court, moyen et long termes :

1. malgré les apparences et les hypocrisies, notre football en sort très divisé et plus affaibli ;

2. je regrette beaucoup ce qui s’est passé à l’occasion de ces élections. Bobo, où les clubs adoptent généralement des positions communes, a connu cette fois-ci des fissures dans son choix, aux conséquences évidentes sur le football de cette ville ;

3. je ne suis pas sûr qu’on ait rendu service à notre football, et je me demande même si ce n’est pas un piège tendu à ce monsieur affable, simple, courtois et gentil qu’est Zambendé. Affaire à suivre ;

4. j’ai pris part en tant que sportif et non candidat à un quelconque poste, à une rencontre à l’hôtel Eden Park dans la soirée du 11 janvier 2008, veille des élections, rencontre à laquelle m’avait convié avec insistance YAK, pour dire un mot à ces électeurs qui y étaient logés. De ce que j’ai vu et entendu en passant par le déroulement des élections, je ne peux qu’être plus malheureux pour cette génération.

En tout état de cause, le vin est tiré et il faut le boire en essayant de rester solidaires derrière la nouvelle équipe dirigeante, car ce sera très très difficile au regard des difficultés multiformes qui pointent à l’horizon.

Par exemple, très prochainement, les compétitions africaines vont démarrer tant au niveau des clubs qu’à celui de l’équipe nationale. D’autre part, l’affaire Saboteur contre la fédération pourrait trouver une solution à l’amiable au lieu du tribunal. Car ce grand expert incontesté du football n’est pas un homme facile et notre sport roi et ses dirigeants actuels gagneraient dans l’intérêt de tous, à ne pas l’avoir contre eux... et je sais très bien de quoi je parle. Pourquoi ne l’utiliserions-nous pas par exemple, s’il acceptait bien sûr, au poste de conseiller technique ou spécial de la fédération ou du président lui-même ?

Il faudrait aussi réconcilier toutes les composantes de notre football (1996 - 2008) à travers une journée de réconciliation par exemple, car c’est un impératif de se dire certaines vérités entre frères sur cette période, et de se pardonner, pour repartir sur de nouvelles bases. La fuite en avant et le refus de nous dire la vérité (ce qui s’est passé depuis 1996) tout en demandant à chacun d’oublier le passé, d’être positif et de prôner l’union sacrée autour de l’essentiel à savoir la construction d’un football compétitif qui nous honore, nous conduiront encore vers un nouvel échec.

Très sincèrement

Demba FOFANA

NB : Mis à part ce problème de candidature tardive de Zambendé somme toute préjudiciable, et les problèmes de liste et des dossiers incomplets et autres, des efforts appréciables ont été faits relativement à l’organisation générale de ces élections 2008.

Le Pays

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