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Tchad : Coup de semonce !

Publié le mardi 5 février 2008 à 11h19min

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Maintenant qu’il apparaît que le régime Déby survivra à cette énième rébellion dirigée contre lui, il n’est pas inopportun de revenir sur les causes principales de celle-ci et d’en tirer les enseignements majeurs. Si le régime Déby a eu le "feu aux fesses" pendant quarante-huit heures, c’est parce qu’il avait lui-même frappé le Soudan à l’Ouest il y a un mois, sous prétexte de déloger les rebelles de leur "nid".

En représailles et même s’il s’en défend, Khartoum a pu susciter et armer cette rébellion pour rendre la monnaie de sa pièce à "l’outrecuidant" Déby. Et, si ladite rébellion a pu progresser aussi facilement jusqu’aux portes de N’Djamena, c’est parce que "l’oeil" de Déby, Paris avait quelque raison de lâcher momentanément celui-ci.

L’épisode de l’Arche de Zoé a, en effet laissé un goût amer dans la bouche des autorités françaises, avec "l’incartade" de Déby qui a tenu coûte que coûte à juger les malfrats à NDjamena. Deux, faits conjoncturels qui ne suffisent pas cependant pour changer structurellement la donne régionale, surtout avec la présence de plus en plus marquée de la Chine. Ayant déjà "doublé" les Occidentaux sur le pétrole soudanais, Pékin ne serait pas fâché d’avoir la mainmise sur celui tchadien, surtout que Déby ne cesse de dénoncer le contrat léonin que le lie aux Occidentaux par le biais de la Banque mondiale.

Un Déby offensif et agressif donc, qui a besoin d’être recadré avant qu’il ne franchisse le Rubicon, et ne vive pleinement ses "amours" chinoises. Déjà concurrent sur le pétrole gabonais par ces mêmes Chinois et "éjecté" d’Irak depuis avril 2003, Paris ne se relèverait pas de cette forfaiture. Alors, il faut faire comprendre à Déby qui est le maître et dans cette occurrence, quelques coups de feu en pleine capitale sont un "remède" efficace. On a vu, comment le ministère français de la Défense a soufflé le chaud et le froid dans ce dossier, sans doute en fonction des résultats de la diplomatie souterraine qui se menait au plus fort des combats.

Car, personne ne nous fera croire que cette intervention non avouée des légionnaires français dans la "bagarre", n’a pas été négociée au prix fort, à savoir le serment d’allégeance de Déby en cas de sauvetage in extremis. Et, même si les rebelles clament qu’ils ont opéré "un repli tactique", force est de convenir qu’on assiste là à une reddition jusqu’au prochain grand jeu qui pourrait être proche ou lointain. Déby a donc sauvé son fauteuil en transigeant une fois de plus avec les intérêts du peuple tchadien. Vous avez dit pis-aller ?

Boubackar SY

Sidwaya

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