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Union africaine : Des réformes vigoureuses s’imposent

Publié le mercredi 30 janvier 2008 à 10h29min

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L’union africaine a du plomb dans l’aile. Son organe exécutif, la commission, vient de faire l’objet d’un audit qui en dit long sur la santé morale et financière de l’institution. Avant de ruer dans les brancards, il convient de saluer l’initiative même de cet audit organisationnel tant les responsables politiques africains ont généralement une sainte horreur de la clarté et de la transparence dans les affaires.

Les résultats de l’audit sont sans appel : la commission de l’Union africaine est un grand malade qui a désormais besoin d’un traitement de choc pour se remettre d’aplomb afin de jouer le rôle qui est le sien dans la coordination des actions politiques concourant à l’unité du continent. Une unité, au vu du chemin parcouru, qui ressemble de plus en plus à une ligne d’horizon tant ses vrais défenseurs se comptent sur le bout des doigts. Le président sortant de la commission en fait partie, ce hérault d’une Afrique unie.

Gabegie, corruption, incompétence, manque de communication sont autant de dysfonctionnements relevés par l’audit. La Commission, au regard de ce constat, réunissait toutes les conditions de sa léthargie et de son inefficacité. La faute n’incombe pas au président de la commission, loin s’en faut. Mais en très grande partie aux chefs d’Etat qui ont installé une structure qui n’a aucune emprise sur le terrain. Que font-ils exactement à la commission, tous ces fonctionnaires grassement payés aux frais du contribuable africain ? Depuis les indépendances, l’Afrique court toujours après un hypothétique regroupement qui puisse impulser son développement. De l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.) à l’Union africaine (UA), seul le changement de sigle aura été effectif. Son contenu et ses réalisations sont les choses les plus méconnues des populations africaines. Preuve que l’Union africaine n’est que l’affaire de quelques initiés, en l’occurence le club des chefs d’Etat. De l’O.U.A. à l’U.A, on a plutôt assisté à un forcing de Kadhafi à qui on peut tout reprocher sauf sa volonté d’aller vite et sans tarder à l’intégration africaine. Malheureusement, le Guide fait preuve d’une volonté tenace, voire obsessionnelle de brûler les étapes.

De l’O.U.A. à l’U.A , il est incontestable que la volonté de changement a eu raison de la volonté d’innovation. Pour d’obscures raisons ou pour flatter l’ego de certains chefs d’Etat, l’Union africaine a été portée sur les fonts baptismaux. Avec cet audit implacable et à l’orée de la désignation d’un nouveau président de la commission, une réforme profonde s’impose pour clarifier les missions et le profil des cadres de la commission qui, au fil des ans, est devenue une planque de fonctionnaires ou d’hommes politiques en quête de retraite dorée.

Partis de zéro et après avoir établi un bilan sans complaisance, les nouveaux commissaires et leur président devront dresser un schéma net et des objectifs suffisamment clairs, sur la base des quelques acquis de l’ancienne équipe, pour atteindre cette unité tant réclamée.

Veut-on vraiment d’une commission à l’image de celle de l’Union européenne ? Si oui, en a-t-on vraiment la détermination et les moyens ?

Il appartient aux Africains à travers leurs sociétés civiles de s’engager davantage dans le processus d’intégration et de ne pas laisser cette délicate question entre les seules mains des chefs d’Etat.

Que l’on ne s’y trompe pas. Ils ne sont pas nombreux, dans le fond, à voir d’un bon oeil l’entrée en fonction d’une commission forte qui donnerait des injonctions aux Etats et qui aurait un droit de regard sur leur gestion au nom de l’intérêt commun africain. Dans leur grande majorité, les chefs d’Etat africain soutiennent l’Union africaine du bout des lèvres. Jamais ils ne seront contre l’U.A. Mais ils ne feront rien pour qu’elle avance.

Ils n’y croient pas vraiment et la preuve est que beaucoup de pays africains ne se bousculent pas au portillon pour s’acquitter de leurs cotisations annuelles.

Depuis sa création, l’U.A meuble le décor africain des organisations de regroupement, sa voix politique porte certes - à l’image de celle de Alpha Omar Konaré, le président de la commission - mais quelle est la portée d’un discours, aussi fort soit-il, si l’U.A n’a aucune maîtrise réelle du terrain ? Les organisations sous-régionales telles que la SADC, la CEDEAO, la CEMAC.... risquent de lui survivre longtemps encore parce que plus pragmatiques, portées sur les résultats et disposant de ressources propres et de programmes cohérents de développement.

Un réajustement technique et politique s’avère nécessaire au moment où il est de plus en plus question des Etats unis d’Afrique (EUA). En Occident, on suit de près les tâtonnements d’une Afrique en quête d’une unité qui tarde toujours à venir. Une recherche vaine qui n’est pas, en réalité, pour déplaire aux Occidentaux qui redoutent une Afrique forte et unie et qui tiennent à la préservation de leurs intérêts sur le continent africain. Aux Africains de savoir enfin ce qu’ils veulent.


Un rapport d’audit pointe du doigt la commission de l’UA

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine (UA) ont commencé à examiner, lundi, un rapport d’audit de la commission de l’UA, relate RFI. Le document a été établi après un travail de trois mois et dresse le bilan, du système de l’Union africaine dans son ensemble, et formule 172 recommandations. Selon l’étude, les rapports entre le président de la Commission, le vice-président et les huit commissaires "peuvent être décrits au mieux comme dysfonctionnels, avec des chevauchements dans les portefeuilles, les lignes d’autorité et de responsabilité peu claires et des objectifs mal définis".

Source : Afrik.com

"Le Pays"

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