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Lutte contre la pauvreté au Burkina : Difficile ascension vers les OMD

Publié le mardi 29 janvier 2008 à 11h34min

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Au cours de la décennie écoulée, le Burkina Faso a enregistré des progrès considérables vers la stabilité macroéconomique. La croissance du PIB réel, durant les dix dernières années, a été ferme, en moyenne 6% par an, et l’inflation a été maîtrisée. La croissance a été diversifiée, s’appuyant surtout récemment sur les secteurs des télécommunications et des transports.

Grâce aux réformes structurelles et aux politiques macroéconomiques axées sur la stabilité, l’économie repose davantage sur le marché et fait la preuve d’une plus grande souplesse. Les avancées des réformes macroéconomiques se sont traduites par une amélioration des indicateurs sociaux, l’incidence de la pauvreté mesurée par l’enquête auprès des ménages passant de 54,6% en 2000 à 46,4 % en 2005.

Cependant, le Burkina Faso figure toujours parmi les pays les plus pauvres du monde et il lui sera sans doute difficile d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres.

Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des renseignements économiques et financiers, et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays.

De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l’examen du Conseil d’administration. À l’issue de cet examen, le Directeur général, en qualité de président du Conseil d’administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays.

Les résultats macroéconomiques du Burkina Faso en 2006 ont été supérieurs aux projections des dernières consultations au titre de l’article IV en dépit d’une conjoncture difficile.

La croissance du PIB réel s’est établie aux environs de 5,5% et l’inflation a chuté en deçà du critère de convergence de l’UEMOA de 3%, du fait de la diminution des prix alimentaires.

Le compte courant a enregistré une amélioration car les transferts courants officiels ont dépassé les attentes. Les exportations ont connu une solide progression en partie parce que le fléchissement des cours mondiaux du coton n’a pas été complètement répercuté sur les producteurs. La politique budgétaire a été relâchée comme prévu et le déficit budgétaire (dons exclus) s’est creusé.

Des recettes restées modestes

Les résultats macroéconomiques globalement positifs s’expliquent par une solide mise en œuvre des politiques, mais aussi par l’ajustement retardé aux cours mondiaux du coton et par un nouvel allégement de la dette. La diminution des cours mondiaux du coton n’ayant été que partiellement répercutée, les producteurs ont été épargnés et la production - au même titre que les exportations et la croissance du PIB réel - s’est maintenue a un niveau élevé.

Les sociétés d’égrenage ont ainsi subi de considérables pertes financières et la plus importante, qui appartient en partie à l’Etat, la SOFITEX, a dû être recapitalisée, ce qui a lourdement grevé le budget. En répercutant les prix plus élevés de l’énergie par le biais d’ajustements automatiques du prix des combustibles et d’une augmentation des tarifs de l’électricité, les autorités ont agi de manière décisive pour faire face au choc du prix du pétrole.

L’allégement au titre de l’IADM a eu une incidence positive sur la viabilité de la dette, ce qui a atténué une des principales contraintes pesant sur la politique budgétaire. Les efforts sur le plan des recettes sont restés modestes, y compris par rapport aux autres pays de l’UEMOA ; avec des recettes inférieures aux projections, les autorités ont aussi dû limiter les augmentations de dépenses.

La balance des paiements du Burkina Faso a subi un choc extérieur imputable au recul des exportations de coton - lui-même attribuable aux conditions climatiques - et à l’augmentation des prix du pétrole, ce qui a produit des retombées sur les perspectives à moyen terme. Cela a agi de façon négative sur les perspectives de viabilité de la dette et devrait entraîner un fléchissement de la croissance.

La croissance réelle du PIB devrait baisser à environ 4,5 % pour 2007, bien que l’augmentation attendue de la production aurifère puisse partiellement neutraliser ces effets. Le déficit du compte courant, les transferts officiels exclus, se creusera vraisemblablement en 2007 et 2008.

Toutefois, les entrées de dons plus importantes, y compris les décaissements de la Millenium Challenge Corporation (MCC), devraient permettre de maîtriser le déficit du compte courant, les transferts inclus. Avec l’appréciation de l’Euro, le Burkina Faso aura plus de mal à diversifier ses exportations.

Les réformes structurelles en cours font intervenir des mesures visant à améliorer la performance en matière de recettes. Comparées aux repères régionaux, les recettes intérieures sont encore faibles et les mesures mettent l’accent sur l’amélioration du civisme fiscal et sur l’élargissement de l’assiette de l’impôt.

Les réformes en vue d’optimiser l’administration fiscale incluent l’informatisation de l’unité des gros contribuables, l’élimination des exonérations et la simplification du code fiscal.

Le renforcement de la gestion des finances publiques est un autre axe du programme de réformes. Dans d’autres domaines, les réformes structurelles visent à réduire les contraintes qui pèsent sur le climat des affaires, à combattre la corruption et à doper la compétitivité extérieure. Les autorités se sont également attelées avec les parties prenantes à la réforme de la filière coton.

Les administrateurs ont félicité les autorités burkinabé pour avoir mené des politiques vigoureuses en 2006 et 2007 dans une conjoncture macroéconomique difficile. Ces politiques ont contribué à assurer une croissance économique robuste et un faible niveau d’inflation

Il faut réduire le déficit budgétaire

Les administrateurs ont signalé que la chute des cours internationaux du coton, l’appréciation de l’euro et la montée des cours du pétrole constituent autant d’obstacles à la croissance et à la stabilité macroéconomique à l’avenir. Ils ont salué les mesures d’ajustement que les autorités ont adoptées pour tenter de les surmonter, et ils ont rappelé combien il était important de poursuivre une politique budgétaire saine et de maintenir le cap des réformes structurelles pour renforcer la compétitivité, diversifier l’économie et attirer l’investissement privé. Un cadre de politique économique prudent est particulièrement important pour accroître la compétitivité extérieure.

Les administrateurs ont encouragé les autorités à réduire le déficit budgétaire en relevant à moyen terme le ratio recettes/PIB. Cela sera nécessaire pour accroître les dépenses prioritaires tout en réduisant le déficit courant et en préservant la viabilité des finances publiques et de la dette extérieure. A cet égard, il est essentiel d’adopter sans tarder les mesures voulues d’administration des recettes et de politique fiscale globale.

Aussi les administrateurs ont-ils salué l’attention portée aux réformes génératrices de recettes en 2008, en encourageant par ailleurs les autorités à adopter rapidement la réforme projetée de la politique fiscale. Les administrateurs ont par ailleurs recommandé de ne pas contracter de nouveaux emprunts non concessionnels, et ils ont insisté pour que les austérités s’efforcent d’obtenir de nouveaux concours sous la forme de dons dans toute la mesure du possible.

Hiérarchiser davantage les dépenses

Les administrateurs ont félicité les autorités des efforts qu’elles ont consentis pour renforcer la gouvernance et la gestion des finances publiques en améliorant la préparation et l’exécution ?du budget, en renforçant la maîtrise des dépenses et en assurant un suivi plus rapproché des dépenses financées sur ressources extérieures et des dépenses de lutte contre la pauvreté. ?Ils ont notamment salué les mesures prises pour renforcer le dispositif d’audit des pouvoirs publics. Les administrateurs ont encouragé les autorités à accroître encore plus la transparence et à hiérarchiser davantage les dépenses, et ils se sont réjouis de la décision d’adhérer à l’Initiative pour la transparence des industries extractives.

Les administrateurs ont félicité les autorités pour l’adoption du nouveau mécanisme d’établissement des prix à la production du coton, mesure décisive pour rendre la viabilité aux sociétés d’égrenage. Ils ont encouragé les autorités à libéraliser la filière coton et à y réduire le rôle de l’Etat, ainsi qu’à relancer le mécanisme d’ajustement automatique des prix intérieurs des produits pétroliers.

Les administrateurs ont salué les considérables progrès enregistrés dans l’amélioration du climat des affaires et ils ont incité les autorités à continuer de porter leur attention sur l’amélioration de la gouvenance, la réduction des rigidités du marché du travail et de renforcement des institutions publiques et de l’infrastructure.

Les administrateurs ont noté que si le système bancaire semble être stable, le nombre croissant de vulnérabilités souligne cependant qu’il est nécessaire de le raffermir davantage. Le prochain PESF devrait être une bonne occasion de contribuer à la formulation des mesures de réforme nécessaire.

A.K.

L’Observateur

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