Ce parce qu’ils avaient été placés sous tutelle politique et économique avec l’imposition autoritaire de programmes d’ajustement structurel qui ont le néolibéralisme comme credo. "Un vent libéral dangereux" comme le rappelait Salif Diallo, invité du "Tapis d’honneur" de la Radio nationale, le 27 janvier 2008, si tant est que l’on ne s’engage plus en politique "par conviction", mais dans le souci de profiter des retombées du "naam" (pouvoir en langue nationale mooré). Conséquence, il n’y a plus selon le docteur Diallo, "de projets de société", ni de "réflexion globale et prospective sur la vie de nos Etats".

Qui pis est comme le souligne par ailleurs Joseph Ki-Zerbo (in Repères pour l’Afrique, p.81) "à force d’ingérer à hautes doses l’évangile du développement prêché après la seconde guerre mondiale par les deux camps de la guerre froide, grâce à des transferts de capitaux, de technologies, d’expertise, de gadgets faisant du développement un article d’importation de l’avoir, du savoir et donc de l’être d’autrui, nous avons fini par oublier qui nous sommes nous-mêmes".
Le Kenya est ainsi au bord de l’implosion parce que très tôt le colonisateur a fait comprendre au Luo que son frère Kikuyu pouvait être "dangereux" pour lui.

L’histoire tourmentée du pays avec la révolte des Mau-Mau matée dans le sang par les supplétifs des colons (Peaux noires, Masques blancs, a dit Franz Fano) indique clairement que le germe de l’ethinicisme était dans le corpus social kenyan.

Il a fallu ici comme ailleurs (Liberia, Côte d’Ivoire, Soudan...) d’une petite étincelle pour qu’il gangrène ledit corps social.
Dès lors, toutes ces "pleureuses" qui se ruent au chevet du pays ne sont mues que par une hypocrisie crasse, la sauvegarde de leurs intérêts les préoccupant plus que le "machetage" de quelques Luos sacrifiés sur l’autel du pouvoir, version africaine.

Un pouvoir qui a généré une Afrique en "pièces détachées" qui n’a plus une conscience de soi encore moins pour soi. Un gâchis face auquel l’amertume est le sentiment le mieux partagé.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya