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XIIe Journée Nationale du Paysan : Ouverture et franchise ont caractérisé les échanges

Publié le lundi 28 janvier 2008 à 10h21min

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La traditionnelle rencontre du président du Faso avec les producteurs du Burkina lors de la Journée nationale du paysan, s’est déroulée samedi 26 janvier 2008, au gouvernorat de la région des Hauts-Bassins. Le président Blaise Compaoré a animé les débats qui portaient sur le thème de la journée, « Intensification des productions agro-sylvo-pastorales » appuyé par le premier ministre entouré des ministres en charge de l’Agriculture, des Ressources animales et de l’Environnement.

Ils étaient plus de 1000 producteurs venus des 45 provinces du Burkina pour échanger avec le président du Faso sur leurs préoccupations afin de trouver des pistes de solution. En leur nom à tous, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques Salif Diallo a, dans son mot introductif, remercié Blaise Compaoré pour la tenue régulière de cette rencontre et pour la mise en œuvre des engagements pris lors des éditions précédentes. A la suite du ministre Salif Diallo, le président du Faso a félicité les producteurs, les ONG et projets partenaires pour leur mobilisation et leur dévouement au développement de l’économie rurale, « sève nourricière du pays ». Il a justifié le choix du thème par le fait que malgré les efforts consentis et les engagements pris, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre une véritable sécurité alimentaire au Burkina Faso.

Le chef de l’Etat a ajouté que l’intensification des productions exige de nombreux efforts de part et d’autre. Pour lui, les producteurs burkinabè doivent désormais s’impliquer dans une agriculture et un élevage qui ne détruisent pas l’environnement. La conservation et la protection des sols doivent être donc au centre de leurs préoccupations. Toujours selon le président Blaise Compaoré, Il ne peut pas y avoir de production ni d’intensification sans les producteurs. « Par conséquent, je place l’Homme au cœur de ce grand projet d’intensification », a-t-il dit. Il a laissé entendre qu’il faudra désormais accroître les capacités de production des paysans. Tout en disant être conscient des limites de l’encadrement agricole, il a invité les producteurs à saisir toutes les opportunités d’apprentissage et de formation qui s’offriront à eux, surtout en matière d’alphabétisation. Toujours selon le président du Faso, ils devraient également baser leurs productions agricoles sur des semences sélectionnées.

Après le capital humain, le chef de l’Etat a déclaré que la mobilisation de l’eau est également un maillon important de cette intensification, ajoutant qu’autant l’agriculture que la foresterie, l’aquaculture et l’élevage ont besoin d’eau pour leur développement. Il a donné l’assurance que le gouvernement s’attellera à réaliser des ouvrages hydro-agricoles, mais qu’il revient aux producteurs de les utiliser de façon efficiente. Il les a exhortés à travailler d’arrache-pied
« car, l’avenir de notre pays ainsi que nos perspectives de sécurité alimentaire et de développement durable dépendront fortement de nos capacités de production ». Le président Blaise Compaoré s’est réjoui de la tenue de la Journée du paysan à Bobo-Dioulasso qu’il considère comme un espace école dans les domaines agricole et forestier. Avant de donner la parole aux producteurs, il les a une fois de plus rassurés de la volonté du gouvernement à les accompagner afin qu’ils persévèrent dans le travail malgré les énormes difficultés qu’ils rencontrent.

Le ministre malien de l’Agriculture Tiémoko Sangaré, invité du ministre Salif Diallo et les représentants des institutions inter-africaines telles que l’Alliance pour la révolution verte en Afrique, ont salué l’initiative du président du Faso d’échanger directement chaque année avec les producteurs. Le ministre malien a déclaré que la vision de Blaise Compaoré d’axer le développement sur l’intensification de l’agriculture est prometteuse. Selon lui, cette vision est partagée par le président du Mali, Amadou Toumani Touré. C’est pourquoi il a souhaité voir un jour une organisation commune de paysans maliens et burkinabè.

Quant au représentant de l’alliance pour la révolution verte en Afrique, il a donné l’assurance que son institution est prête à accompagner tous les pays africains membres de l’alliance dans les secteurs des semences améliorées, de l’irrigation et de la fertilité des sols, entre autres. Après ces interventions, les échanges entre les producteurs et le président du Faso ont débuté. Avant de soumettre leurs préoccupations au président Blaise Compaoré, les producteurs ont d’abord tenu à porter à sa connaissance les conclusions des travaux du forum et des ateliers sectoriels qui s’étaient déroulés la veille.

En ce qui concerne les conclusions du forum, c’est le président de la Chambre régionale d’agriculture de la Boucle du Mouhoun, Karim Traoré qui les a présentées. Il en ressort que des filières stratégiques ont été identifiées, ainsi que les actions prioritaires en vue de les valoriser (voir encadré). Trois autres producteurs se sont également succédé au parloir pour livrer les résultats des ateliers organisés par les trois ministères, à savoir ceux ayant en charge l’Agriculture, l’Hydraulique et les Ressources halieutiques, les Ressources animales et l’Environnement et le Cadre de vie. Après ces différentes présentations, le président du Faso a invité les paysans à soumettre à lui et aux membres du gouvernement présents, leurs préoccupations.

Une trentaine de producteurs ont pris la parole qui pour faire des propositions, qui pour poser des questions, qui pour faire des doléances. C’est ainsi que Jonas Yugo, membre du bureau des Chambres d’agriculture a souhaité un meilleur accès des producteurs aux semences. Nebnoma Sawadogo, président de la Chambre régionale d’agriculture (CRA) du Nord a demandé que les fonds alloués aux CRA puissent être débloqués à temps. Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Faso (CPF) a émis le vœu de voir baisser les taxes sur les équipements et les intrants agricoles. Il a aussi invité le gouvernement à trouver des voies et moyens pour transformer les produits agricoles.

François Traoré, président de l’UNPCB a cherché à savoir pourquoi jusqu’à présent, les cotonculteurs ne sont pas encore payés alors que la campagne de commercialisation a été lancée il y a de cela trois mois. Assétou Traoré et Madeleine Da se sont préoccupées de la dégradation des forêts tandis que Ali Sangaré, Boureima Diallo et Hama Bocoum, tous des éleveurs se sont inquiétés du manque d’aliments de bétail avant de souhaiter la construction d’un barrage à Tina-Koff. François Tani a demandé à Salif Diallo où en est-on avec le programme Saaga ?

Boureima Maïga, un producteur a réclamé à la SOBFEL les 8 millions que lui doit cette société. Un autre, Ousmane Yattara qui, lui est artisan, a demandé au président du Faso de l’aider à écouler ses produits artisanaux. Il a même remis à Blaise Compaoré et à Tertius Zongo une paire de chaussures chacun. Nouhoun Sidibé, éleveur a plaidé la cause d’un des leurs qui ne parvient pas à avoir de titre foncier qu’il demande pourtant depuis plus de dix ans. Enfin Seydou Ouédraogo a souhaité un accès des paysans aux médias d’Etat.

Les autres soucis des producteurs étaient relatifs au manque de certains projets dans leur région, à la mise en œuvre de la politique de sécurisation foncière, à l’utilisation des fruits de la recherche, à la protection des marchés locaux, à la recherche de débouchés pour des produits burkinabè comme le miel, à l’impact de la signature des APE sur le monde rural, au manque de routes et au transport du bétail en Côte-d’Ivoire.

A toutes ces préoccupations, le président du Faso appuyé par les membres du gouvernement a apporté des réponses. Le président Blaise Compaoré a dit notamment : « Les questions de détaxation doivent être appréciées de façon globale dans un souci d’équilibre des finances publiques. Le coton a traversé des périodes difficiles et l’Etat a dû injecter plus de 80 milliards pour sauver la filière coton. Quant au barrage de Tina Koff, sa construction a déjà été budgétisée ». Il a ajouté : « Un pays ne peut pas fermer ses portes. Le monde est appelé à s’ouvrir et nos producteurs sont appelés à compétir avec les autres. Il faut donc trouver des formules qui conviennent à tout le monde ».

Le Premier ministre Tertius Zongo, les ministres de l’Agriculture, Salif Diallo, des Ressources animales, Sékou Bâ, du Commerce, Mamadou Sanou, de l’Environnement et du Cadre de vie, Laurent Sédégo, de la Culture, du tourisme et de la Communication, Filippe Savadogo, du Désenclavement, Hyppolite Lingani, de la Jeunesse et de l’Emploi, Justin Koutaba ont chacun apporté des réponses aux questions qui leur ont été adressées. Le Premier ministre a rassuré les cotonculteurs que les dispositions ont été prises pour qu’ils soient payés. Salif Diallo a laissé entendre qu’il faut des nuages pour que les programmes Saaga puissent intervenir et a rassuré les créanciers de la SOBFEL qu’ils auront leur argent en mars. Filippe Savadogo a dit qu’il y aura bientôt une télévision du monde rural (dans deux ans) et que les radios rurales seront développées.

En plus, des radios de proximité seront installées dans les communes qui n’en ont pas. A l’issue de ces échanges qui ont duré plus de 5 heures d’horloge, Blaise Compaoré a salué la détermination des producteurs à respecter l’environnement et à produire beaucoup plus. Il a suggéré la création d’un cadre qui puisse faire le bilan à mi-parcours des engagements pris lors de cette 12e JNP avant la 13e Journée nationale du paysan.

Clarisse HEMA &
Adaman DRABO

Sidwaya

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