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Agriculture familiale : Un Burkinabé primé par l’Union des producteurs agricoles du Québec

Publié le lundi 21 janvier 2008 à 11h08min

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Abdoulaye SawadogoAbdoulaye Sawadogo, producteur agricole installé dans le département de Karangasso Vigué (province du Houet) a été primé, en tant que “Famille terre” de l’année 2007 par l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). Il a reçu son prix le 19 janvier 2008 au siège de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) à Bobo-Dioulasso.

C’est entouré des membres de sa famille, d’amis et de collègues producteurs qu’Abdoulaye Sawadogo a reçu sa distinction des mains du président de l’UPA, André Baudouin, venu du Canada pour la circonstance. Celui-ci a précisé que c’est “en vertu de la pérennité de son engagement en agriculture, de son rayonnement familial, de sa compétence professionnelle, de son souci du patrimoine et de son sens social” que la “famille Abdoulalye Sawadogo” a été proclamée “Famille terre de l’année 2007”. M Sawadogo a ravi la vedette à plusieurs postulants à ce prix international, notamment des familles rwandaise et sénégalaise, respectivement deuxième et troisième. Pour le président de l’UPA, ce prix est “ la reconnaissance de la valeur de la profession de l’agriculture dans toute la société”.

La profession d’agriculteur a été d’ailleurs revendiquée par les présidents de l’UNPCB, François Traoré et de la Confédération paysanne du Faso (CPF), Bassiaka Dao, qui ont assisté à la cérémonie. “C’est nous qui nourrissons l’humanité ”, a en effet souligné François Traoré avant que Bassiaka Dao ne plaide pour “une professionnalisation à visage humain de l’agriculture” basée sur la trilogie “Quand produire, où produire, avec quoi produire ? ”.

Le lauréat a reçu son prix avec une grande émotion puisque pour lui, à travers ce prix, “l’UPA a pensé aux paysans”. Lui également a une vision de l’agriculture en tant que profession et non plus en tant qu’une punition qu’on brandissait comme un épouvantail aux enfants qui refusaient d’aller à l’école par exemple.

En effet, dit-il “Même si je ne gagne pas beaucoup dans ce que je fais, c’est tout de même suffisant pour entretenir ma famille et résoudre des problèmes familiaux”. Il faut préciser que M. Sawadogo exploite à Konoticombo 31 ha sur lesquels il produit des semences améliorées de maïs (25 ha), de niébé (3 ha) et de la banane (3 ha). La particularité dans son exploitation est que toute sa famille (sa femme et leurs trois enfants) y travaillent, surtout pendant les vacances. “Je les ai amenés à s’intéresser à ce que je fais”, précise-t-il en caressant l’espoir qu’une de ses filles lui emboîtera véritablement le pas dans son activité. Bien que son exploitation soit familiale, Abdoulaye Sawadogo veut quitter le “cercle vicieux” de l’agriculture de subsistance telle que pratiquée dans bien d’exploitations au Burkina. Pour lui, on peut s’en sortir réellement si on fait de l’agriculture une profession, ce qui lui a d’ailleurs valu ce prix de l’UPA.

A noter que l’UPA est une organisation qui réunit tous les producteurs du Québec et qui existe depuis 84 ans. Cela fait 50 ans qu’elle a créé en collaboration avec la coopérative fédérée du Québec et le ministère québécois de l’Agriculture, une fondation (la fondation de la famille terrienne) pour “reconnaître à la fois le travail professionnel des agriculteurs, mais aussi l’apport social et patrimonial des familles agricoles dans l’évolution de cette profession”.

D’où l’idée du concours de la “Famille terre” qui a pris une dimension internationale il y a une dizaine d’années. Quatre Burkinabé ont été primés depuis lors.

Urbain KABORE


Qui est Abdoulaye Sawadogo ?

Agé de 46 ans, Abdoulaye Sawadogo est originaire de Kossouka dans le Yatenga (région du Nord). Faute de moyens, ses études s’arrêtent au niveau du Certificat d’études primaires élémentaires (CEPE). A 18 ans, il est recruté comme ouvrier à la Société africaine de pneumatiques (SAP) à Bobo-Dioulasso.
Après 13 ans de bons et loyaux services, il est licencié en 1994 emporté par le “vent” de la compression de l’époque. Il se lance alors dans l’agriculture avec ses 300 000 FCFA reçus comme indemnités de licenciement.

Sa femme de l’époque le quitte parce qu’elle ne veut pas vivre dans un coin perdu aux côtés d’un pauvre paysan et réduite à cultiver la terre. Il rencontre une autre femme qui, elle, l’aime et aime ce qu’il fait.
C’est avec elle qu’il a agrandi son exploitation, mais en 2003, une inondation lui fait tout perdre (28 ha de riz, 5 ha de banane, 15 ha de maïs, 700 volailles, 400 pintadeaux). “Si je ne me suis pas sucidé, c’est grâce à ma croyance en Dieu et à l’amour de la terre. Elle donne et elle prend, il faut savoir la dompte”, dit-il, croyant et philosophe.

Actuellement, il exploite 31 ha en saison pluvieuse et en saison sèche . Abdoulalye Sawadogo est le responsable régional de la semence amélirorée et président de la table filière banane du Burkina. Il est chevalier de l’Ordre du mérite avec agrafe agriculture.

U.K.

Sidwaya

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