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Groupe Justice et démocratie : Non à "la diatribe et à la politique du baton"

Publié le lundi 7 juin 2004 à 07h47min

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Le vendredi 4 Juin dernier, le Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie " donnait une conférence de presse au siège du PAI autour de la clôture de la première session ordinaire de l’année. Voici ci-dessous la Déclaration liminaire que nous avons reçue qui sera suivie d’un résumé des questions/réponses à l’occasion de cette rencontre avec la presse.

Sur la question de la nature des affinités entre l’UNDD et les autres partis membres du Groupe, qui turlupinait les journalistes, notamment aux divergences possibles qui pourraient survenir quand on voit par exemple que le Professeur Laurent Bado prend très souvent le contre-pied des positions des députés du groupe, Me Sankara a fait comprendre que l’UNDD est un parti d’opposition à part entière et partage avec le reste de l’opposition des positions communes telles que la question de l’article 37 et de l’alternance.

L’UNDD est aussi partie prenante au Mémorandum sur les élections à venir. Selon lui, ce sont autant de questions qui peuvent unir des députés de diverses obédiences. A l’avocat d’ajouter que la sortie du professeur Laurent Bado relative à la marche des députés de l’opposition n’était pas de nature à ébranler la symbiose qui existe entre les partis du groupe. Le professeur n’a fait que donner son point de vue, chose qui est tout à fait normale.

Le député Fidèle Hien, à l’appui de ce qui précède, dira que le professeur aura fait du spectacle et précise que ce qu’il a dit n’engage que lui et ne fera pas prendre un coup au groupe.

A la question du journaliste qui voulait savoir quelle action le groupe allait donner aux explications parues dans la presse du groupe CDP, le président sortant répondra en disant que tous les arguments qui ont été donnés par ce dernier, ne contredisent en rien ce que le groupe des 14 a développé antérieurement. Il précise que tous les députés du groupe qui le représentent au sein de la CAGI se sont présentés à la séance pour participer aux travaux de cette commission, qu’ils ont posé une question préjudicielle qui a été refusée par le président de la CAGI, en conséquence de quoi, ils se sont retirés, contrairement à ce qui a été dit à la presse par le pouvoir.

Aux autres questions d’importance, qui faisaient référence au boycott de l’ensemble du groupe lors des élections du Bureau de l’Assemblée nationale, et au titre de Me Gilbert Ouédraogo comme chef de file de l’opposition, les députés Fidèle Hien, Benewende Sankara, Djézouma Sanon.. ont fait comprendre qu’ils ne boycottaient pas de gaieté de cœur mais que c’étaient les circonstances qui obligeaient à une réaction forte. " Le président de l’Assemblée a choisi ses collaborateurs " pour le bureau ; " on nous fait comprendre que le critère choisi est le parti politique et non le groupe parlementaire ". " La veille de ces élections (poursuivent-ils), le président de l’Assemblée désignait Me Gilbert Ouédraogo, chef de file de l’opposition. Me Sankara dit que le pouvoir avait peur que Me Gilbert perde son poste de 3ème Vice-Président de l’Assemblée et c’est là toute la raison pour lui, de tordre le cou à la Constitution et au règlement de l’Assemblée car il serait incompréhensible, selon lui, que l’Assemblée légifère, que l’Exécutif promulgue et exécute, et que pour rédiger une lettre de nomination en exécution d’une loi, il a fallu attendre tant de temps (4 ans).

Les députés ont laissé entendre qu’il y avait anguille sous roche car une telle lettre aurait pu être rédigée en 2000 au moment où le PDP avait le plus grand nombre d’élus ou en 2002 quand l’ADF-RDA de Me Yaméogo avait obtenu 17 députés. D’après le groupe, ce n’est pas la nomination de Gilbert Ouédraogo qui dérange mais c’est la manière qui est révoltante. En attendant, le groupe dit appartenir à l’opposition vraie et il s’agira pour Gilbert Ouédraogo de travailler avec l’opposition et non le contraire et de démontrer qu’il est de l’opposition vraie.

Pour finir, le groupe promet de ne pas chômer.

Thierry Nabyouré
San Finna


Déclaration liminaire

Mesdames, Messieurs les journalistes,
Chers invités,

Le 31 Mai 2004, l’Assemblée nationale a clos les travaux de la première session ordinaire de l’année qui s’est ouverte, faut-il le rappeler, le 03 Mars dernier. Pour mémoire, ce jour-là, les députés de notre groupe parlementaire auxquels s’étaient joints les députés de l’UNDD et les responsables des partis politiques de l’opposition se sont retrouvés à Sapouy autour du thème : " Processus électoral et confiscation de la démocratie au Burkina Faso : les enjeux de la modification unilatérale du Code électoral ".

Nos travaux seront en outre couronnés par une déclaration dite de Sapouy dont les conclusions énoncent : " les députés du Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie ", après analyse de la situation, conscients que l’attitude du CDP met en péril le consensus politique dégagé en 2001 et compromet la paix sociale ainsi que la marche sereine vers une consolidation de la démocratie dans notre pays ; conscients également que cette remise en cause du consensus n’a pour objectif que l’instauration à terme du parti-Etat, réaffirment leur attachement à la démocratie et aux valeurs républicaines ;dénoncent les manœuvres liquidatrices de la démocratie par le CDP. "

C’est pourquoi, ils avaient décidé du retrait jusqu’à nouvel ordre de leurs propositions de lois inscrites à l’ordre du jour ainsi que de ne pas participer tant en commission qu’en plénière aux travaux relatifs à la proposition de loi portant modification du Code électoral.

Le Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie " avait également lancé un appel à toutes les forces politiques de l’opposition et à toutes les forces de la société civile à l’unité d’action et à se mobiliser pour barrer la route aux tentatives de réinstauration du parti unique et de monarchisation de notre pays.
C’est pour renforcer cette dynamique que les députés de l’UNDD ont officiellement rejoint le Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie " par leur lettre datée du 30 Avril 2004.

Mesdames, Messieurs les journalistes, notre Groupe Parlementaire, depuis sa création s’est imposé le devoir de faire avec vous de façon régulière le point de ses activités et vous en avez été constamment notre témoin privilégié.
Toutefois, permettez-moi cette fois-ci de m’attarder quelque peu sur le discours provocateur, discourtois et partisan de Son Excellence, Monsieur Rock Marc Christian KABORE, Président de l’Assemblée nationale, prononcé à la clôture de la présente session.

C’est vrai que nous comprenons son amertume et respectons son choix, mais nous ne saurons tolérer et accepter l’inacceptable surtout quand le Président de notre auguste Assemblée choisit délibérément la diatribe et la politique du bâton.
Visiblement agacé par l’affaire Norbert ZONGO, notre Président ne tarit pas d’éloges à l’endroit de la justice burkinabé qui, à la bifurcation de l’histoire s’est saisie d’un dossier de putsch cousu de fil blanc comme alibi pour redorer son blason alors que ses placards sont d’une puanteur exécrable de dossiers pendants.

Cela ne gêne évidemment pas Monsieur le Président de l’Assemblée nationale qui, confondant son fauteuil de Président de l’Assemblée nationale à celui de Président du CDP, se trompe royalement d’auditoire quand il veut donner des leçons de démocratie à l’opposition.

Aussi, Monsieur Rock Marc Christian KABORE doit revoir son cours d’épistémologie politique pour mieux diagnostiquer les comportements anti-républicains des députés de l’opposition qui n’ont pas eu besoin de son suffrage pour être à l’hémicycle. C’est le lieu d’ailleurs de rappeler que l’hémicycle doit être un lieu de débat contradictoire, voire de polémique dans le seul but d’offrir à notre peuple des lois crédibles qui seraient l’expression de sa volonté.

Mais le CDP, trop habitué à la pensée unique, ne peut plus s’accommoder d’une opposition qui dérange. C’est ce qui explique que son premier responsable soit obligé de monter au créneau, malheureusement de façon maladroite et en écrasant les textes, dont notre loi fondamentale.

En effet, l’article 84 de notre Constitution dispose que l’Assemblée nationale vote la loi, consent l’impôt et contrôle l’action du gouvernement. En outre, la loi est une délibération de l’Assemblée nationale régulièrement promulguée (article 97).
Mesdames, Messieurs les journalistes, pourquoi la lettre n° 2004-266/AN/PRES/CAB du 21 mai 2004 de Monsieur le Président de l’Assemblée nationale qui nomme l’ADF-RDA comme chef de file de l’opposition ? Quels en sont le sens et la portée ?

Cette lettre est-elle le décret d’application de la loi N° 007-2000/AN du 25 avril 2000, auquel cas, il faut en déduire une confusion de pouvoirs entre le législatif et l’exécutif, ou bien s’agit-il purement et simplement d’une arnaque politique de la part du Président de l’Assemblée nationale ?

Cette dernière hypothèse nous semble la plus plausible car le Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie " constitué conformément à l’article 4 de la loi n° 21-2002 et à l’article 13 du règlement de l’Assemblée nationale, est respectueux de la légalité et sait que les membres de l’Assemblée nationale portent le titre de Député.

Que l’article 28 de la même loi prescrit que les députés peuvent porter leurs insignes en toutes circonstances où ils font à faire connaître leur qualité.
De même, l’information aurait pu lui être donnée par Monsieur le Premier Ministre sur la qualité de ceux qui ont sollicité l’audience tant décriée.

Enfin, nous devinons pourquoi, par correspondance n°2004-0281/AN/PRESS/SG du 26 mai 2004, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, au mépris de l’article 162 du règlement de l’Assemblée nationale, demande la relecture éventuelle dudit règlement.

En définitive, s’il n’y a pas de salut en dehors de la République, il est évident que nos donneurs de leçons de démocratie devraient en être des modèles.
En tout cas, le Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie ", qui s’est fixé pour objectifs dans sa charte constitutive le renforcement de la démocratie, de la justice et de la bonne gouvernance au Burkina Faso et particulièrement dans l’institution parlementaire, la promotion de la défense de l’intérêt général et le renforcement de l’opposition démocratique, peut, deux (02) ans après, se féliciter de son action et des résultats obtenus pour notre peuple.

En revanche, nous sommes persuadés que c’est le renforcement de l’opposition démocratique véritable qui ébranle le CDP. Il est donc compréhensible que son Président tombe dans le désarroi total. Mais ce sont là aussi les exigences de la démocratie auxquelles il faut satisfaire absolument comme le dit Monsieur Rock Marc Christian KABORE lui-même qui reconnaît pourtant que nous revenons de loin à l’examen de l’histoire récente de notre pays.

Mesdames, Messieurs les journalistes, chers invités, si l’opinion dans son ensemble reconnaît que l’Assemblée nationale n’a pas du tout chômé durant cette session des lois, il est évident que notre part de dynamisme a contribué au rayonnement de cette institution. C’est à ce titre également que tous les députés du Groupe Parlementaire " Justice et Démocratie " se sont inscrits chacun dans une commission générale avec la perspective d’un combat encore plus accru et plus âpre pour apporter à notre peuple plus de démocratie et plus de bonheur.

De même, conformément à sa charte constitutive, le Groupe parlementaire " Justice et Démocratie "a procédé au renouvellement de ses instances. Aussi, le Député Philippe OUEDRAOGO a désormais la charge de la présidence du groupe et ce depuis le 31mai 2004.

Mesdames, Messieurs les journalistes, c’est sur ces propos que je voudrais vous réitérer nos remerciements les plus sincères pour votre attentive écoute. Je reste persuadé que de cet entretien, vous saurez être nos relais auprès de l’opinion qui a besoin de l’information juste.
Je vous remercie.

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