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Dérives électorales en Afrique : Trois opposants burkinabè interpellent John Kufuor

Publié le vendredi 18 janvier 2008 à 10h49min

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Prenant prétexte de ce qui se passe au Kenya consécutivement à la contestation des résultats de l’élection présidentielle, trois opposants burkinabè, Me Hermann Yaméogo, Christian Koné et Dr Jean-Jacques Zeba, ont adressé une lettre ouverte au président en exercice de l’Union africaine, le Ghanéen John Kufuor.

"Nous observons en tant qu’Africains et opposants, avec un réel dépit, le manque d’engagement déterminé de la communauté africaine par rapport aux dommages causés aux gouvernances en général et aux processus électoraux africains en particulier. Notre dépit est d’autant plus grand que les chefs d’Etat et de gouvernement africains, il y a quelques années de cela à Alger, avaient solennellement décidé de lutter contre cette mauvaise gouvernance en ne reconnaissant plus en leur sein, les régimes issus de coup d’Etat.

Cette option, monsieur le président, avait été saluée à l’époque par les peuples africains qui n’ont jamais caché leur préférence pour les modes de conquête, d’exercice et de dévolution pacifique du pouvoir qui favorisent l’alternance démocratique. Mais les engagements pris à la rencontre historique d’Alger n’ont pas été respectés et l’Afrique est retournée à ses premières amours, encourageant par la passivité voire la complaisance, les violences politiques, les confiscations répétées du choix des électeurs : autant de dénis du droit souverain des peuples, à l’origine de contestations souvent violentes avec mort d’hommes.

Ces dernières années, 400 à 500 personnes selon l’ONU, seront ainsi tuées en 2005 au Togo à la suite de contestations électorales. Toujours en 2005, en Ethiopie, on enregistrera près de 200 morts, autant de pertes en vies humaines au Nigeria en 2007 après des élections toujours mal organisées. Au Kenya, c’est à plus de 700 victimes que se chiffre aujourd’hui le prix de cette passivité de l’Union africaine.

De plus en plus de voix soutiennent que ça ne peut plus durer, à commencer par la Commission de l’Union africaine ou après le constat du dévoiement des processus démocratiques, il est tout simplement demandé d’engager la refondation de la démocratie dans le continent. Ne parlons pas des peuples et des opposants africains dont l’engagement pour cette refondation ne s’est jamais démenti.

Il n’est jusqu’aux partenaires qui n’en viennent aujourd’hui, comme c’est le cas en France avec cette relance du ministre Bockel faite au président Sarkozy par rapport à l’application de la rupture en Afrique, qui ne mettent en exergue, l’impérieuse nécessité de faire observer le primat des droits de l’homme, de la démocratie, en Afrique.

Alors, monsieur le président, reprenez votre bâton de pèlerin pour poursuivre la recherche d’une solution à la crise kenyane. Ne permettez pas que ce pays glisse en raison de la boulimie du pouvoir, d’un homme, dans un chaos qui aura des répercussions dans la sous-région. Agissez pour que le hold-up de Kibaki ne passe pas, et pour faire comprendre aux dirigeants africains que la démocratie a ses principes et ses règles universels comme le football ou le volley-ball. De même qu’on ne peut pas, sous prétexte que nous sommes Africains, revendiquer un droit à jouer avec les mains au football et les pieds au volley-ball, de même, on ne saurait revendiquer un droit à tropicaliser la démocratie pour l’affliger de pratiques scandaleuses.

Ne laissez pas votre mandat se terminer sans convoquer une réunion extraordinaire de l’Union africaine sur ce problème brillant, sans vous attacher à donner suite à la requête de la Commission de l’Union africaine qui, plus que jamais, reste d’actualité.

Veuillez agréer, monsieur le président, l’expression de notre très haute considération."

Ouagadougou, le 16 janvier 2008

Pour le PNR/JV

Christian KONE

Pour le PSP

Dr Jean-Jacques ZEBA

Pour l’UNDD

Me Hermann YAMEOGO

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