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UEMOA - CEDEAO : Que de défis à relever !

Publié le vendredi 18 janvier 2008 à 10h57min

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Depuis hier 17 janvier 2008, Ouagadougou est la capitale des deux importantes organisations de la sous-région ouest-africaine. Il s’agit de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En effet, les chefs d’Etat ou de gouvernement des pays membres - et même ceux qui n’y sont pas comme la Libye dont le Guide, Mouamar Khadafi, est parmi les invités, à la surprise générale - ont investi notre capitale pour les sommets annuels de ces deux organisations. Le bal - la grand-messe diront certains - a été ouvert hier avec le 12e sommet ordinaire de l’UEMOA et se poursuit aujourd’hui avec la 33e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. Comme d’habitude, ceux qui ont en main les destinées de la sous-région vont, selon la formule consacrée, réfléchir sur des sujets d’intérêt commun.

Au-delà du fonctionnement des organisations concernées, c’est l’état de la sous-région, sur bien des plans, qui sera fait à l’occasion. Puis suivront les décisions qui seront prises pour des lendemains meilleurs. A propos de la signature des Accords de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et l’Afrique, les populations attendent avec beaucoup d’intérêt de savoir ce que leurs dirigeants vont décider. Vont-ils signer ? Ne vont-ils pas signer ? Que feront la Côte d’Ivoire et le Ghana qui, au niveau de l’Afrique de l’Ouest, ont déjà paraphé - et non signé comme on prend bien soin de le préciser - des accords intermédiaires avec l’UE ? Au moment où nous mettions sous presse, nous avons appris la nomination de l’Ivoirien Philippe Henri Dakoury au poste de gouverneur de la BCEAO et celle du Béninois Abdoulaye Bio Tchané à celui de président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), un autre organe de l’UEMOA. Pour le poste de gouverneur de la BCEAO, le gentleman agreement a été consacré et c’est une victoire pour Laurent Gbagbo dans la petite bataille qui a précédée cette désignation

En attendant les réponses à ces questions, on peut noter que les deux sommets ont lieu dans un contexte sous-régional globalement calme. En effet, la plupart des foyers de tension connus jusque-là ont été éteints. Par exemple, en Côte d’Ivoire, les protagonistes de la crise se sont tous inscrits dans la logique de la paix. La situation est redevenue normale au Togo et l’Union européenne a même repris sa coopération avec ce pays qu’elle avait suspendue depuis belle lurette. Des retours à la normale pour lesquels, il faut le souligner, le président en exercice à la fois de l’UEMOA et de la CEDEAO Blaise Compaoré s’est beaucoup investi. Un autre exemple qui fait la fierté de la sous-région est l’élection de l’opposant Ernest Bai Koroma à la magistrature suprême de son pays, la Sierra Leone. Sur ce tableau, plane tout de même une ombre. Il s’agit de la Guinée Conakry qui risque de replonger dans une crise sociale semblable à celle qui l’a secouée l’année dernière à la même période.

Dans l’ensemble, le bilan du mandat du chef de l’Etat burkinabè à la tête des deux organisations est fort appréciable. C’est avec beaucoup de fierté qu’il aurait dû passer la main à son successeur lors de ce sommet de Ouaga. Mais il a été reconduit comme le souhaitait l’un de ses pairs, l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Il n’y a donc plus de raison qu’il ne poursuive pas ses efforts dans le même sens, afin de faire de l’ouest-africain un havre paisible. Mais en attendant, que de défis à relever, que d’attentes à combler par l’UEMOA et la CEDEAO !

Le hiatus est grand entre les textes et la réalité vécue par les populations des pays membres de l’UEMOA, et de la CEDEAO. Concernant par exemple la libre circulation des biens et des personnes dont les deux organisations ont fait leur cheval de bataille, c’est toujours le parcours du combattant pour qui veut se rendre d’un pays à un autre, malgré les efforts déployés. Aux inévitables et nombreuses tracasseries policières, s’ajoute la gangrène de l’insécurité. Idem pour faire circuler des biens dans l’espace communautaire malgré la suppression des barrières tarifaires. C’est dire que des efforts doivent encore être faits pour créer un espace Chengen à la ouest-africaine. Les rencontres au sommet, les décisions prises à l’occasion, doivent permettre de rendre effective, un jour, l’intégration sous toutes ses formes, au grand bonheur, des populations. C’est à partir de ce moment que ces dernières pourront croire à l’utilité des organisations.

Outre le défi de l’efficacité à relever, les deux organisations sous-régionales doivent aussi relever celui de l’adhésion et de la foi des populations qui continuent à s’interroger sur ce que font l’UEMOA et la CEDEAO censées garantir la liberté de circulation des biens et des personnes.

"Le Pays"

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