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Cherté de la vie : Il fait tout de même bon vivre au Burkina

Publié le vendredi 18 janvier 2008 à 10h35min

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Parler de la vie chère ou pas chère, c’est parler de pouvoir d’achat qui est haut ou bas. C’est énoncer une trouvaille faite par Toto, le moins intelligent de la classe. La vie coûte cher, même très cher au Burkina Faso, en tout cas, pour le Burkinabè. On pourrait même dire que c’est le calvaire pour certains.

La situation empire chaque jour davantage. Mais pour l’étranger qui arrive à Ouagadougou ou Bobo Dioulassso avec en poche de lourds perdiems ou des frais de mission payés par les organisations internationales, les pays riches ou les ONG, de l’argent qu’il a préalablement converti en traveller-chèques, il fait tout de même bon vivre au pays des Hommes intègres. Il peut avoir pratiquement tout à sa portée pour une poignée d’euros ou de dollars ou de n’importe quelle autre devise. Le Burkinabè qui retourne chez lui après un long séjour à l’étranger fait le même constat. Pour "cet étranger", les prix de certains produits sont relativement bas, comparés aux prix pratiqués dans le pays d’où il vient.

Les réunions des experts, celles des ministres, puis les sommets des chefs d’État et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) vont drainer à Ouagadougou de nombreuses délégations. Dans les différentes délégations, il y a des femmes et des hommes qui se réjouissent de retrouver la capitale burkinabè pour ses légendaires poulets-bicyclette qu’on met au four ou qui seront mis sur le gril, son porc au four, son poisson à la braise et fortement pimenté, et bien d’autres spécialités de Simonville. Il doit simplement veiller pour ne pas être victime des pique-pokets ou ceux qui arrachent en pleine rue les sacs à main. C’est là une des plaies de la capitale, une plaie que le maire de la commune doit soigner parce qu’elle contribue à ternir beaucoup l’image de sa ville, et partant, de tout le Burkina.

Pour quelqu’un qui ne pouvait pas s’offrir chez lui un poulet grillé ou rôti à moins de 4 000 ou 5 000 F CFA, à Ouagadougou, on le lui propose bien souvent à moins de 2 000 F CFA. Pour ce visiteur, c’est du donner ; ce n’est pas du tout cher. Pour le Burkinabè qui vit ici, ce prix est inabordable ; la vie est "kanga". Son pouvoir d’achat est demeuré stationnaire depuis pratiquement plus d’une décennie ; il a même chuté, comparé au taux actuel de l’inflation. Il ne peut pas s’offrir le luxe de manger couramment un poulet.

Comparés aux prix pratiqués dans les autres capitales africaines et ailleurs dans le monde, les prix des chambres d’hôtel sont également abordables, ils ne sont pas élevés. Tout cela fait de Ouagadougou une ville commode pour accueillir des sommets et rencontres internationales. Les sommets et autres réunions internationales sont des opportunités d’affaires pour beaucoup de Burkinabè : hôteliers, restaurateurs, conducteurs de taxi, loueurs de véhicules, marchands, etc., chacun essaie de tirer son épingle du jeu.

Pour le visiteur, sur de nombreux plans, la vie au Burkina ne coûte pas cher. Pour une minorité de Burkinabè, les riches et les nouveaux riches, la vie ne coûte rien à Ouagadougou. Cependant, pour le Burkinabè, le Burkinabè privilégié que serait le fonctionnaire, joindre les deux bouts, offrir aux siens quotidiennement le traditionnel "tô-riz, riz-tô" relève de l’héroïsme. La situation est encore plus préoccupante dans les villages où le traditionnel air pur de la campagne est devenu un gaz asphyxiant qui provoque la ruée vers la ville. La suite logique de cet exode est que de nombreux jeunes gens sont poussés sur les routes de l’inconnu avec de grands risques. Au Burkina, la campagne commence dans les quartiers périphériques où sévit une misère extrême. La vie en campagne a perdu de son attrait à la suite des sécheresses répétitives qui frappent le Burkina. Ces sécheresses ont jeté des centaines de jeunes sur les routes de l’aventure, à la recherche d’un mieux-être. Les tristes échos de ces aventures nous parviennent grâce aux médias internationaux. Cette misère corrobore les données sur lesquelles s’est fondé le PNUD pour effectuer son classement d’indice de développement humain durable. Le rang d’un pays dépend de la capacité qu’il apporte comme réponses satisfaisantes aux besoins sociaux de ses populations. Ces besoins sociaux essentiels sont entre autres la santé, l’éducation, et le pouvoir d’achat.

Mais il fait tout de même bon vivre à Ouagadougou, comparé aux autres capitales, en dépit de ce classement. Mais cela ne doit pas être une invite à dormir sur ses lauriers. Si nous partons de la situation actuelle de notre pays, quel Burkina Faso voulons-nous avoir dans dix, quinze, vingt ans ? Les autres pays n’attendent pas. Le Burkina doit se hâter pour rejoindre le peloton et se hisser à un rang honorable. C’est le défi que doivent relever le Burkina et les Burkinabè.

"Le Fou"

Le Pays

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