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Elections en Afrique : "Pourquoi les dirigeants refusent de perdre ?"

Publié le vendredi 18 janvier 2008 à 10h48min

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A la lumière de ce qui se passe au Kenya, Céline Sika déplore l’attitude de certains dirigeants africains qui s’accrochent coûte que coûte à leur pouvoir même s’ils sont désavoués par leur peuple par la voie des urnes.

Après près d’un mois de congé, c’est avec un réel plaisir que je vous retrouve en ce début d’année qui ne s’annonce pas vraiment sous de belles couleurs, si je m’en tiens aux nouvelles qui nous viennent des quatre coins du monde, et surtout de notre continent. La plus spectaculaire est évidemment celle de la crise politique sans précédent que connaît le Kenya et qui a réussi l’exploit de faire oublier -du moins pour quelques jours-le douloureux, le terrible et l’innacceptable problème du Darfour que nous n’arrivons pas -honte à nous ! à régler, nous, Africains, mais aussi la communauté internationale -qui est-elle au juste ?- que nous avons pris la mauvaise habitude d’interpeller pour nous dire comment nous devons dormir dans notre lit.

En Afrique, nous sommes habitués à l’horreur, à côtoyer les horreurs les plus indescriptibles. Mais, lorsqu’il s’agit des faits de la nature -et encore que celle-ci ne s’énerve très souvent que lorsqu’on l’énerve ou la provoque, comme c’est le cas avec l’action de l’homme, éternel insatisfait-, la révolte et l’indignation sont moindres parce que le Tout-Puissant gère sa planète comme bon lui semble, sans avoir à demander des comptes à qui que ce soit. Mais lorsque les auteurs de ces horreurs, c’est nous-mêmes -ou mieux ceux-là mêmes qui devaient nous protéger et nous assurer un minimum de bien-être et d’épanouissement- tout simplement parce que nous avons choisi d’éliminer le terme alternance démocratique de notre vocabulaire et avons mis toute la machine de la fraude en oeuvre et mobilisé toutes les ressources à notre disposition pour toujours "gagner sans jamais perdre", je crois qu’il faut sérieusement s’inquiéter de l’avenir de l’Afrique.

Pourquoi est-ce que c’est toujours en Afrique que les dirigeants refusent de perdre les élections ou de reconnaître la victoire de leurs rivaux ? 700 morts au moins, des familles déplacées et traumatisées à jamais , leurs maigres biens saccagés, une ville aux allures de fantômes, une économie paralysée, des milliers de déplacés, et surtout le spectre du Rwanda qui plane... Avait-on vraiment besoin de cela ?

Travailler pour l’émergence d’une Afrique de paix et de bonheur

En ce début d’année, je voudrais vous souhaiter à vous tous beaucoup de courage pour affronter la vie, et assumer, chacun où il est, avec les ressources à sa disposition, si infimes soient-elles, la lourde tâche qui est la nôtre, à savoir continuer à travailler pour l’émergence d’une Afrique où règnent la paix, le bonheur ; une Afrique où il fait bon vivre pour tout le monde. Une Afrique où ceux que nous choisissons pour nous diriger et nous protéger ne nous trahissent plus et font vraiment ce pour quoi nous les avons élus. Une Afrique où leadership rime avec travail, intégrité, rigueur, responsabilité, recherche et protection du bien commun... Bref, une autre Afrique différente de celle que nous connaissons. Ce n’est pas impossible, croyez-moi. En Afrique même, nous avons des exemples de réussite, des modèles que nous pouvons imiter parce que ces pays, ou mieux, leurs dirigeants ont su placer leurs peuples au centre de tout, et rester les serviteurs de ces peuples comme l’ont fait Jésus et Ghandi, entre autres. Mais c’est de la responsabilité de tous et chacun de nous. Nous devons cesser de faire comme si la correction de ces travers était l’affaire des autres, parce que nous sommes tous concernés par ce que qui se passe non seulement chez nous et autour de nous, mais aussi chez le voisin le plus proche et celui éloigné de nous. Ne l’oublions pas. Comme le disait le pape Jean-Paul II, nous sommes les gardiens de nos frères dont le faux pas, les mésaventures, la souffrance, la pauvreté sont aussi les nôtres parce que nous sommes tous embarqués dans le même bateau ... Si nous restons passifs, haussons les épaules, fermons les yeux ou décidons de regarder ailleurs, comme c’est bien souvent malheureusement le cas, préparons-nous à vivre des scènes épouvantables et inhumaines comme celles que connaît le Kenya ces jours-ci.

Bonne et heureuse année 2008 !

Céline SIKA

Le Pays

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