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Moralisation de la vie publique : Le coup de semonce de Blaise Compaoré

Publié le mercredi 9 janvier 2008 à 10h46min

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Blaise Compaoré

De toute évidence, le discours du président du Faso à la Nation, à l’occasion du nouvel an 2008, n’a pas retenu l’attention des Burkinabè. Même la presse d’Etat n’a pas su, ou voulu en donner l’écho suffisant comme elle en avait coutume depuis plusieurs années déjà. L’Opposition non plus.

Est-ce par lassitude pour avoir entendu plusieurs fois les mêmes choses ? Est-ce aussi parce qu’il n’a pas été question d’augmentation de salaires des travailleurs, ni de baisse des prix des denrées de grande consommation tels que les céréales, le carburant, l’huile, etc. On ne saurait le dire avec certitude. Mais l’essentiel du discours du président du Faso est passé "inaperçu" malgré son importance pour l’avenir immédiat et à moyen terme de notre pays. Important si l’on passait de l’intention à la concrétisation de la disposition annoncée.

Au sujet de "l’Etat de qualité" seul capable d’assurer "un environnement sécurisé indispensable à une gestion performante de nos économies et à la réalisation des infrastructures de base souhaités", Blaise Compaoré a pris l’engagement très fort et solennel de s’attaquer à la multitude de fléaux qui hypothèquent de manière structurelle toute velléité de développement national : la malgouvernance, le peu de considération faite à la chose publique, l’incivisme politique, l’irresponsabilité citoyenne.... "J’encourage les autorités de veille et de contrôle à s’assumer pleinement. Notre administration doit se moderniser profondément et gagner au quotidien le pari de la rigueur, de la transparence et de l’efficacité", a dit le président du Faso.

On ne peut être plus clair dans l’expression que plus rien ne saurait être comme avant dans le Burkina Faso dont l’avenir radieux dépend de "l’élévation de la qualité de nos ressources humaines, celle de la gouvernance de nos institutions, de même que sur la juste sanction des manquements".

Il y avait là, occasion manifeste, en relayant une telle disposition politique du président, de prendre ce dernier au mot. Car, si jusque-là c’était plutôt le nouveau Premier ministre qui annonçait sa détermination ferme à lutter contre la mauvaise gestion de la chose publique, la malgouvernance des affaires de l’Etat, les détournements et autres actes de corruption, par cette déclaration, le président du Faso venait de signer un chèque en blanc à Tertius Zongo. Celui-ci a désormais l’aval public et officiel du président pour mettre à exécution le programme de rigueur qu’il annonçait à son arrivée à la primature. Comme pour dire à ceux-là qui en douteraient encore, que le temps du laxisme, du favoritisme, de la complaisance et de l’impunité est révolu. Et pour tout le monde.

C’est précisément en cela que le discours du président méritait toute l’attention du peuple et particulièrement celle de la classe politique, à commencer par l’Opposition.

Après la carte blanche que le président vient de lui donner, c’est le Premier ministre d’abord qui a le dos au mur. Aucune excuse ne lui sera évocable si un "dossier" instruit par les structures compétentes de l’Etat, continuait de dormir dans ses tiroirs sans que les suites appropriées ne soient apportées. C’est vrai qu’avant le président, le Premier ministre avait annoncé et pris des mesures qui allaient dans le sens d’une moralisation de l’Etat de droit. C’est vrai qu’il avait annoncé qu’il rendrait public tout dossier instruit par ses services de "contrôle et de veille" de telle sorte que le peuple soit régulièrement informé - ce qui le soustrairait de toute manipulation frauduleuse tendant à l’impunité. C’est vrai que l’Autorité supérieure des contrôles de l’Etat qui coifferait les autres instances (Inspection générale d’Etat, Cour des comptes ...), du seul fait de sa création, laisse espérer l’assainissement de la gestion des affaires de l’Etat en même temps que la ferme volonté de sanctionner les coupables quels qu’ils soient.

Mais c’est la première fois que le président du Faso monte au créneau avec autant de rigueur et de précision comme pour dire au Premier ministre, avec le peuple entier pour témoin, que désormais il a les mains libres pour "gouverner" sans entrave aucune, et de quelqu’origine que ce soit.

Une telle déclaration vaut nettement mieux qu’une augmentation de salaire, car entre autres choses, elle donne le droit au peuple de demander des comptes, d’exiger de la transparence dans la gestion des affaires qui le concernent. Toutes choses dont l’indigence entraînait l’inefficacité des autres mesures censées sauvegarder les intérêts du peuple.

Elle offre la garantie supplémentaire d’un rapide passage à la concrétisation des mesures annoncées, au grand dam de tous ceux-là qui croient encore que "ce ne sont que des mots". Sans oublier que seule une gestion saine et rigoureuse de l’Etat, la bonne gouvernance en somme, pourrait rendre possible une augmentation sereine et logique des salaires, en harmonie réelle avec la croissance de l’économie nationale.

C’est vrai aussi que cette mesure, annoncée solennellement en cette occasion, servira en dernière analyse les intérêts politiques du président. Car, à l’état où se trouve notre pays, toute décision forte et efficace de lutter contre la fraude, la corruption, les détournements, ne pourra que servir les intérêts de celui qui la prend. De ce point de vue, Blaise Compaoré a réussi son coup. A l’instar de ses homologues du Mali, du Cameroun, du Nigeria, etc., il améliorera indubitablement son image politique aux yeux du peuple burkinabè s’il concrétisait ces mesures. Car tout le monde au Burkina Faso, sait que les "Structures de contrôle et de veille" ont des rapports dans leurs tiroirs. Maintenant, tout le monde doit savoir que le président lui-même a dit de les sortir. Alors ! En plus de ce qu’il a déjà fait et fera encore, Tertius Zongo, Premier ministre, est invité à aller plus loin et ... plus vite. Dans la transparence et la moralité citoyenne. Nous y gagnerons tous !

Le Pays

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