LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Tolé Sagnon (Président du mois des centrales syndicales) : Retour sur les acquis en 2007

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 12h42min

PARTAGER :                          

Celui que l’on appelle le général, à savoir Tolé Sagnon, président du mois des Centrales syndicales, nous dresse ici un bilan des activités de l’année 2007.

"Je vous fais une petite synthèse des activités du mouvement syndical national de l’année 2007. A notre niveau, il importe de prendre en compte toute la situation sociale de notre pays. Je parlerai des législatives de 2007 qui ont consacré la victoire du parti au pouvoir, le CDP, qui a obtenu 73 députés sur 111. Avant ces élections, le mouvement syndical avait présenté un cahier de doléances au gouvernement et qui prenait en compte la question des conséquences politiques sur le monde du travail, c’est-à-dire la situation sociale de l’ensemble des travailleurs. Il y a eu des échanges et des rencontres avec le gouvernement. Nous avons, entre-temps, attendu puisqu’il y a eu la nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement. C’est le 22 juin 2007 que nous avons pris contact avec le Premier ministre. Dans le cahier de doléances, nos préoccupations ont été résumées en une plate-forme minimale qui concernait la question de la vie chère, le relèvement du pouvoir d’achat, la hausse des prix des hydrocarbures, la lutte contre l’impunité et d’autres phénomènes sociaux. Pour l’ensemble des revendications, nous avons rencontré le gouvernement le 13 juillet 2007 pour des concertations. Suite à la hausse successive des prix des hydrocarbures, nous avons déposé un préavis de grève et le gouvernement nous a rencontrés.

Malheureusement il n’y a pas eu d’entente autour des différents points. Le 18 juillet 2007, le mouvement syndical a organisé une grève de protestation. A l’issue de nos concertations, l’un de nos acquis a été la réduction des prix des hydrocarbures qui avaient connu une hausse excessive. Cette réduction a été maintenue malgré la flambée du prix du baril de pétrole au plan international.

Par contre, une déception importante est la question des libertés syndicales, dont le dossier des travailleurs du ministère des Affaires étrangères que nous avons traité tout au long de cette année. Ces travailleurs ont été dispersés dans différents ministères suite à une manifestation qui concernait des revendications d’ordre professionnel et les conditions de vie et de travail. Cela a constitué un objet de la grève du 18 juillet pour dire au gouvernement que le mouvement syndical burkinabè est très regardant sur la question des libertés syndicales. En outre, au niveau social, il y a la question des Accords de partenariat économique, les APE, qui allaient aggraver la situation économique de nos entreprises, la situation sociale du monde du travail, si le gouvernement les signait. Nous avons, à ce propos, interpellé de façon spécifique le Premier ministre. Aux dernières négociations, nous nous sommes accordés avec le gouvernement qui nous a rassurés qu’il ne signerait pas ces accords tant qu’un certain nombre de conditions ne seraient pas réunies. Le mouvement syndical s’est intéressé au débat autour de la commémoration des vingt années de renaissance démocratique.

Nous avons pris position pour montrer que s’il est vrai qu’il y a eu un 15 octobre avec le coup d’Etat qui a vu la mort du président du CNR, Thomas Sankara, ainsi que certains de ses compagnons, il est aussi vrai que le CNR qui a gouverné le pays pendant quatre années avait, lui aussi, posé des actes graves contre les libertés syndicales. Pour nous, cette commémoration controversée entre deux camps était en réalité une activité qui ramenait sur la scène politique simplement un même groupe qui s’est scindé par la suite, avec le cours de l’histoire. Nous estimons qu’il y avait véritablement des questions concernant l’arrêt brusque des pluies, les inondations plus importantes pour le peuple. C’était une période où les commémorations fastes n’avaient de raison d ’ être en terme de priorité au plan social. Le mouvement syndical a préparé et réalisé avec le gouvernement, les négociations des 15 et 16 novembre 2007 qui ont débouché sur des résultats portant sur la prise en charge des risques professionnels pour les fonctionnaires. Il y a également les questions relatives aux indemnités de stage au Burkina Faso qui concernent généralement les fonctionnaires.

Au niveau du secteur privé, nous notons une déception parce qu’il n’y a pas eu, jusqu’ici, d’augmentation des salaires. Nous avons estimé que le patronat du privé devait se pencher sur la question surtout qu’il y a eu la décision consensuelle de relèvement du taux du SMIG. Ce relèvement, n’ayant pas été répercuté dans toutes les catégories, nous a conduits à des salaires non revus pour la grande majorité des travailleurs, c’est-à-dire ceux du privé. Finalement, au sortir des négociations, nous avons noté quelques acquis. Cependant, les libertés syndicales, la lutte contre l’impunité, à travers le dossier Norbert Zongo, et bien d’autres choses dont la réforme du système éducatif, m’amènent à dire que bien des revendications n’ont pas connu de réponses favorables, de solutions acceptables.

L’année 2007 a été marquée par une unité d’action syndicale. Il faut reconnaître que l’Etat et le patronat discutent aujourd’hui avec le mouvement syndical sur des préoccupations de portée nationale. Nous avons noté que des mouvements sociaux comme celui des militaires retraités, de policiers ou encore des fléaux telle l’impunité qui ont toujours cours, le banditisme, constituaient des préoccupations à prendre au sérieux. Des mouvements ; de la part de corps habillés surtout montrent qu’il y a un malaise. Il importe de trouver des solutions adéquates aux revendications. Des solutions peuvent engendrer des frustrations, à l’image de celles du gouvernement face aux revendications des militaires retraités en leur proposant trois mille emplois. Et ce pendant que la jeunesse qui elle aussi a droit à l’emploi, se retrouve dans sa grande majorité au chômage.

Ce ne sont pas les rencontres périodiques du chef de l’Etat avec la jeunesse qui vont apporter à celle-ci les solutions qu’il faut. Nous constations que l’on pourrait trouver trois mille emplois pour la jeunesse pour ceux qui nous "tirent" dessus et pour dire que l’Etat a des propositions concrètes pour elle. Au secondaire et même au primaire, il existe des problèmes à résoudre. Le mouvement syndical dans son ensemble entend poursuivre les concertations en 2008. Pour 2008, je souhaite, au nom du mouvement syndical national, à tous les travailleurs en activité ou non une année de santé et de courage. J’encourage la jeunesse, scolarisée ou non, à s’organiser et à défendre ses préoccupations. C’est ainsi qu’elle fera entendre sa voix. A tous nos partenaires, j’adresse mes remerciements. Je veux parler de la presse nationale, en général, et en particulier, votre journal qui a reçu plusieurs distinctions cette année. Ces distinctions témoignent de la qualité de votre travail et de tout votre professionnalisme dans l’exercice de votre métier. Même à ceux qui nous "tirent" dessus, je souhaite une bonne année 2008, pleine d’engagement, de bonheur pour tous."

Propos recueillis par Philippe BAMA

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique