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Manifestations d’ex-rebelles à Bouaké : Salves de rappel aux pacificateurs

Publié le samedi 22 décembre 2007 à 08h18min

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La Côte d’Ivoire, coupée en deux suite à la tentative de coup d’Etat des Forces nouvelles (FN) en 2002, est depuis au creux de la vague. Beaucoup a pourtant été fait pour sa sortie paisible de crise. Ainsi, d’accord de paix en accord de paix, on en est aujourd’hui à celui de Ouagadougou, signé en mars dernier entre le camp présidentiel et les FN, qui prévoit entre autres points le désarmement des ex-combattants rebelles. Ce désarmement n’a jamais véritablement commencé du fait de blocages multiples liés à l’avenir des principaux concernés.

Un accord complémentaire a alors été signé en fin novembre 2007 qui prévoit la reprise du regroupement des ex-combattants rebelles, le stockage des armes, le démantèlement des milices d’ici demain 22 décembre courant ainsi que le redéploiement de l’Administration sur l’ensemble du territoire au plus tard le 30 janvier prochain. Le processus, qui doit avoir lieu sous la conduite du Centre de commandement intégré et la supervision des forces impartiales, serait pratiquement sur les rails, à en croire les déclarations faites à l’issue d’une réunion par des responsables des Forces de défense et de sécurité (FDS) et ceux de l’ex-rébellion des FN lundi à Yamoussoukro.

On en était là quand une centaine d’ex-rebelles ont manifesté mardi passé, pendant près d’une heure devant leur état-major à Bouaké, pour exiger le paiement de primes alimentaires pour fêter la Tabaski, en tirant des coups de feu en l’air. Il n’y a pas eu de riposte ni de blessés, selon un témoin, mais, naturellement, la ville, qui grouillait de monde en cette veille de la fête musulmane du sacrifice du mouton, s’est vidée de ses habitants. Les manifestants, a-t-on appris de source militaire anonyme, ont séquestré brièvement quelques officiers avant de quitter les lieux à bord de véhicules confisqués à des civils. On se rappelle, le processus de paix au pays d’Houphouèt avait déjà essuyé des coups de semonce comme l’attentat à la roquette, qui a visé le 29 juin à Bouaké l’avion qui transportait Guillaume Soro et sa délégation, et qui avait fait quatre morts et plus d’une dizaine de blessés.

Ce coup-ci, même à un degré moindre, le « show » des bidasses dans le camp des ex-rebelles à Bouaké sonne comme un remake, une façon de dire haut et fort aux pacificateurs de ne pas les oublier. Au-delà de leurs revendications de primes alimentaires, ils entendent poser le problème de leur avenir après leur désarmement, comme pour souligner qu’il n’est pas question pour eux d’être les dindons de la farce. C’est connu, le problème des grades n’est pas encore résolu et reste en suspens.

Le service civique pour certains non plus n’est pas clarifié. La réhabilitation des sites et casernes devant accueillir les soldats des FN n’est pas effective. Autant d’équations qui cherchent solutions. Les fins de guerre sous nos tropiques ont toujours mis en évidence des difficultés de reconversion des ex-combattants et c’est bien le cas avec le voisin ivoirien présentement. Le chemin pour aboutir à la paix est très long et nécessite la prise en compte de plusieurs facteurs endogènes et exogènes. C’est une quête permanente. Vivement donc que les frères de la Côte d’Ivoire y parviennent...enfin.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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