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Parenté à plaisanterie : Pourquoi pas une Journée nationale de commémoration ?

Publié le vendredi 14 décembre 2007 à 11h10min

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Pour éviter que la parenté à plaisanterie, ce "trésor précieux et inestimable, gage de paix et de stabilité" ne meurt, ce lecteur préconise l’instiuttion d’une journée nationale pour la commémorer.

Indubitablement le Burkina Faso est un pays pluriethnique. Plus d’une soixantaine de groupes ethnoculturels de tailles diverses y cohabitent sur des territoires bien déterminés. Ainsi, on rencontre principalement les Gourmantché dans sa partie Est, les Yadcé au Nord, pour ne citer que ceux-là. Nonobstant les contrastes dus à leur situation géographique, ces différents groupes ethniques (plus de 60) sont liés les uns aux autres par un type d’alliance couramment appelée "Parenté a plaisanterie".

La parenté à plaisanterie, selon les linguistes, se définit comme une forme de communication sociale entre les individus d’une même ethnie (exemple : entre Tindano et Lankoandé chez les Gourmantché) ou entre des individus d’ethnies différentes (exemple : entre les Gourounsi et les Bissa). Elle se manifeste généralement par un jeu verbal souvent sous forme de querelle simulée : un jeu ostentatoire sans précédent qui empêche d’arriver à la vraie querelle, celle de la destruction des biens et des personnes. Sur les places publiques et partout ailleurs, l’observateur non averti est parfois surpris et même ébahi par ce jeu à travers lequel chaque "protagoniste" ne laisse la moindre chance à son "adversaire". Je vous conte ici une petite anecdote, pour vous montrer à quel point nous devons conjuguer nos efforts pour donner une âme à cette partie de notre culture. "Le jeudi 18 octobre 2007, lors de la rencontre Président du Faso et jeunesse burkinabè à l’occasion du 20e anniversaire de la renaissance démocratique, à son pied-à-terre de Pô dans le Nahouri, par la vertu de la parenté à plaisanterie, j’ai osé dire haut et fort au ministre des Transports, Monsieur Noël Gilbert Ouédraogo qui était en tenue relax comme la plupart des invités, qu’il n’avait pas sa place en ces lieux à cause de sa tenue décontractée. Celui-ci n ’a pu que se défendre vainement devant son maître". Oserais-je, n’eût été sous le couvert de ce facteur ? Toutes ces joutes n’ont pour objectif que d’asseoir et de pérenniser l’esprit de fraternité, de solidarité et de cohésion entre les différents groupes ethniques. Mais quelle est l’origine de la parenté à plaisanterie, valeur sûre et enviable qui tend à disparaître ? Une variété de réponses aussi croustillantes les unes que les autres foisonne sur l’origine des relations de plaisanterie entre les groupes ethniques qui composent le Burkina Faso. A la source de cette catharsis sociale, chaque société a son histoire.

Cependant, toutes ces histoires se jettent dans le même océan c’est-à-dire que ces groupes ethniques, aujourd’hui différents de par leur langage parlé, ont vécu dans un passé lointain un fait d’histoire commun. La parenté à plaisanterie joue un rôle prépondérant dans nos sociétés ; elle sert à se défouler, à atténuer les tensions sociales, et aide à éviter les conflits ou à diminuer leur occurrence. Avec seulement une superficie de 274 000 km2, pour abriter plus d’une soixantaine d’ethnies, rien ne prédisposait le Burkina Faso à l’harmonie qui règne entre les groupes sociaux qui la composent.

Certes, le Burkina Faso n’a jamais connu de conflit majeur à caractère ethnique ou tribal. Certes, il serait souhaitable, afin de sauvegarder ce trésor précieux et inestimable, gage de paix et de stabilité envié par plus d’un, qu’une Journée nationale de commémoration de la parenté à plaisanterie soit instituée pour le grand bonheur de ces groupes ethnolinguistiques et ethnoculturels. Je profite de l’aubaine que m’offre les Editions le "Pays", à savoir la publication intégrale de ce message issu du fond de mon coeur, pour demander au ministre burkinabè des Transports, Monsieur Noël Gilbert Ouédraogo, de plaider auprès de son collègue de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Sawadogo, voire auprès de S.E.M le Premier ministre ou le Président du Faso, afin que cette tradition en voie d’extinction ne meurt pas.

Lamourdia N. Ouoba (ouobardia@myahoo.fr)

Le Pays

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