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Assassinat de Norbert Zongo : Neuf ans après, le Collectif court toujours après la vérité

Publié le vendredi 14 décembre 2007 à 12h19min

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13 décembre 1998 - 13 décembre 2007, voilà 9 ans que le journaliste burkinabè Norbert Zongo, et ses compagnons, ont été assassinés à Sapouy. Neuf ans, et la lumière n’est pas encore faite dans l’affaire. En outre, le non-lieu prononcé par le juge d’instruction en juillet 2006 en faveur de Marcel Kafando, principal inculpé, apparaît comme un enterrement définitif du dossier.

Mais, loin de se résigner, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, continue le combat. Et, comme à chaque anniversaire du drame, le Collectif organise dans les quatre coins du pays, des manifestations pour que la lumière soit faite. A Ouagadougou, les temps forts de la manifestation du 13 décembre 2007 ont été le dépôt de gerbe sur les tombes des victimes et la marche-meeting. Retour sur une matinée très mouvementée.

Neuf ans après l’assassinat de Norbert Zongo, journaliste émérite, fondateur de l’hebdomadaire "L’Indépendant", et de ses trois compagnons d’infortune, Yembi Ernest Zongo, Blaise Ilboudo et Ablassé Nikièma, certains croyaient le Collectif à bout de souffle. Mais c’était sans compter avec la détermination de ses partisans qui, en dépit du temps et du non-lieu prononcé par la Justice en faveur de l’inculpé Marcel Kafando, entendent poursuivre la lutte pour "la réouverture et l’instruction sérieuse du dossier". Aussi, dans le cadre de la commémoration de la disparition du journaliste et de ses compagnons, ils se sont une fois de plus grandement mobilisés le 13 décembre 2007 à Ouagadougou pour une marche-meeting. Mais avant, très tôt le matin, ils se sont retrouvés au cimetière de Gounghin pour un dépôt de gerbe sur les tombes de Norbert et des trois autres. Une gerbe a été également déposée sur la tombe de l’élève Flavien Nébié, mort en 2000 au cours d’une manifestation de scolaires. De même, les manifestants ont eu une pensée pour Liermé Somé, précédemment directeur de publication de "L’Indépendant", mort de maladie dans la nuit du 25 au 26 novembre 2007.

L’ombre de Joseph Ki-Zerbo

L’ombre du Pr Joseph Ki-Zerbo, qui était également leader du Collectif, décédé en décembre 2006, a plané sur la manifestation. C’est ainsi que, outre "les minutes de silence" à sa mémoire, son célèbre slogan, devenu la devise du Collectif, "Naan laara, an saara !", a soutenu la manifestation de bout en bout.

Partie de la place de la Nation, la procession a duré plus d’une heure, avec comme itinéraire, Place de la Nation, rond-point des Nation unies, avenue de la Cathédrale, pour finir par un meeting à la place de la Nation. Un meeting qui semble avoir revigoré les uns et les autres qui, malgré le soleil, le nombre et la longueur des discours, ne se sont pas lassés un seul instant d’écouter les invectives contre le pouvoir de la IVe République. Pendant près de deux heures, ils sont restés débout, scandant les slogans "Vérité et justice pour Norbert Zongo !", "Non au non-lieu !" et autres, le tout soutenu par une chorale.

Côté discours, les responsables de l’Union générale des étudiants du Burkina (UGEB), du G 14, du collectif syndical CGT-B et du Collectif se sont succédé à la tribune. Dans l’ensemble, les contenus des interventions étaient les mêmes : rejet du non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo et demande d’une réouverture du dossier. Pour le Collectif, "le non-lieu traduit, d’une part, une absence de volonté politique des autorités de tirer au clair cette affaire et, d’autre part, un déni de justice".

Anniversaire dans un contexte de vie chère

Ce 9e anniversaire intervient aussi dans un contexte national particulièrement difficile au plan social. D’où le thème, "Toutes et tous avec le Collectif pour la réouverture et l’instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo, contre l’impunité des crimes, contre la vie chère, contre une école au rabais, pour les franchises scolaires et académiques, pour les libertés". Aussi, dira le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré, "ce contexte national est également marqué par l’installation d’une nouvelle législature toujours dominée par le CDP, parti au pouvoir, suite à des élections caractérisées par des fraudes massives et par le débat sur la question des candidatures indépendantes, des atteintes graves aux libertés démocratiques, la flambée générale des prix des produits de consommation courante, la mauvaise campagne agricole due à des inondations ayant détruit des biens et des récoltes, la rentrée scolaire marquée par une réforme de l’éducation adoptée au forceps, une débauche insultante de moyens matériels et financiers pour fêter "20 années de renaissance démocratique au Burkina Faso avec Blaise Compaoré", etc."

Un collectif déterminé

Plus que jamais déterminé, le Collectif, selon son président, compte poursuivre le travail de mobilisation pour la lutte. Car, dira-t-il, si tant est que c’est par la lutte que le jugement du dossier David Ouédraogo a eu lieu, et que c’est par la lutte que Blaise Compaoré a été contraint lui-même à organiser la journée de pardon (pardon rejeté, du reste, selon Chrysogone Zougmoré), aucune manoeuvre, ni même le non-lieu, n’aura raison du Collectif. Et le programme des activités de 2008 prévoit, entre autres, la tenue de la 5e Assemblée générale nationale du Collectif, ainsi que l’organisation de manifestations de rue "pour amener le pouvoir de la IVe République et sa Justice de service à réaliser une avancée significative sur le dossier Norbert Zongo", a laissé entendre Chrysogone Zougmoré. Par ailleurs, le Collectif se dit satisfait des résultats de la souscription qu’il a lancée et qui, à la date du 12 décembre 2007, a permis de collecter la somme de 2 millions 132 mille 985 F CFA, selon le président. Dans la recherche toujours de fonds, il sera organisé, en liaison avec les collectifs à l’étranger, en particulier le Collectif de France Norbert Zongo (COFANZO), et avec des artistes, un grand concert dont les recettes serviront à la poursuite des activités.

Il est à noter la présence des "Femmes en noir du Faso" à la manifestation commémorative du 9e anniversaire du drame de Sapouy.

Par Lassina Fabrice SANOU

Le Pays

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