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Indépendance "cha-cha"

Publié le jeudi 13 décembre 2007 à 11h01min

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La plupart des pays africains célèbrent cette année, leur quatrième décennie d’indépendance. L’âge de la maturité pourrait-on dire, sauf qu’au révélateur des discussions sur les Accords de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et l’Afrique, force est de reconnaître que le continent n’est pas encore sorti du royaume de l’enfance.

"Nous ne sommes pas prêts", ne cessent de clamer les Africains à leurs partenaires (?) européens, lesquels leur rétorquent à raison que le "deal" ayant été "ficelé" depuis l’an 2000, cette impréparation ne peut être qu’inopportune. Il faut dire que l’Afrique ne pouvait pas être prête, elle qui s’est embarquée dans des politiques économiques inappropriées depuis l’aube des indépendances, se complaisant dans son rôle de pourvoyeuse de matières premières, taillé sur mesure pour elle par le colon.

Or tout le monde sait que les économies qui ne créent pas de la plus- value par le biais d’une intense activité industrielle, sont vouées à être les appendices de celles qui sont performantes dans le secteur secondaire. Lorsque "papa" Maurice Yaméogo disait à propos de la Guinée de Sékou Touré qu’elle voulait prendre son indépendance alors qu’elle ne "savait même pas fabriquer une aiguille", il ironisait certes, mais ses paroles étaient pleines de justesse et de sagesse. Laissés à eux-mêmes par les européens, tels qu’ils les avaient trouvés avec par-ci, par-là des embryons d’industries, les pays africains n’ont pas su, pu ou voulu rompre le pacte colonial. Conséquence, cinquante ans plus tard, ils se retrouvent à la case-départ, vendant leurs matières premières pour avoir des devises afin de rembourser l’énorme dette qu’ils ont contractée sous le vocable trompeur d’aide publique au développement.

Une aide qui nourrit l’aide jusqu’à plus soif, entretenant le cycle infernal de la dépendance. Et, lorsque Sarkozy affirme que l’Afrique "refuse de rentrer dans l’histoire", on a presqu’envie de lui donner raison au regard du gâchis d’un continent si riche potentiellement et qui draine toute la misère du monde. "Un mendiant assis sur un océan de richesses", pour cause d’acculturation trop poussée de ses élites, aptes à singer le "maître" jusqu’à la caricature. Voitures haut de gamme, "costards" bon chic bon genre, vacances sur la Côte d’Azur voilà le nec plus ultra. Pendant ce temps, le peuple croupit dans la misère crasse, hébété de plus en plus par une mondialisation ultra libérale.

Toute chose qui permet de revenir sur les APE pour dire que pour ceux qui les ont signés au prétexte d’engranger des devises substantielles, le réveil risque d’être douloureux. C’est en effet une brèche ainsi ouverte à l’intégration sous régionale laquelle est la seule porte de sortie de cette misère. Tertius Zongo avait bien raison lorsqu’il affirmait dans sa déclaration de politique générale, qu’en cinquante ans, "la structure de nos économies n’a pas changé". Tout reste donc à faire pour que les fêtes de l’indépendance soient réellement des moments de joie partagée par tous.

Boubacar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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