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Gal Philippe Mangou (Chef d’Etat-major des armées de Côté d’Ivoire) : "Il n’y a jamais eu de nuage entre les armées burkinabè et ivoirienne"

Publié le jeudi 13 décembre 2007 à 11h00min

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Une délégation de la Côte d’Ivoire, à travers une brigade d’élèves officiers de la promotion Blaise Compaoré, a pris part aux festivités du 47e anniversaire de l’indépendance du Burkina. Cette délégation était conduite par le chef d’Etat-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), le général Philippe Mangou. Cet officier, très élégant dans sa tenue d’apparat, a accepté, à l’issue du défilé du 11 décembre dernier, de s’entretenir avec nous sur l’évolution du processus de paix en Côte d’Ivoire.

"Le Pays" : Comment avez-vous vécu la commémoration du 47e anniversaire de l’indépendance du Burkina ?

Général Philippe Mangou : Je voudrais profiter pour saluer nos frères d’armes burkinabè et remercier le général Ali Traoré qui nous a fait l’amabilité de nous convier à cette fête. Nous avons participé au 47e anniversaire de l’indépendance du Burkina avec une brigade d’élèves officiers, la promotion Blaise Compaoré. Je peux donc affirmer que nous repartons très satisfait. Au cours de cette cérémonie, l’occasion nous a été donnée de voir que le peuple burkinabè est au travail et cela est très important à retenir.

Peut-on affirmer que les forces armées burkinabè et ivoiriennes filent le parfait amour aujourd’hui quand on sait qu’il y a quelques années, la tension était tout de même vive.

Il n’y a jamais eu de nuage entre notre nos deux forces armées. Le général Ali Traoré et moi, nous nous rencontrons souvent à la conférence des chefs d’Etat-majors dans le cadre de la CEDEAO et je puis vous affirmer qu’entre nos deux armées, les relations sont au beau fixe.

Qu’est-ce qui explique que 9 mois après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, le processus pour parvenir à la paix piétine toujours ?

Pour nous, le processus avance. Il y a eu des actions symboliques de très fortes portées qui ont été menées. La toute première a été la suppression de la zone de confiance, ensuite la Flamme de la paix à Bouaké et à Guiglo, enfin la récente tournée effectuée par le président de la république dans le grand Nord. Toutes ces actions montrent que la Côte d’Ivoire est réunifiée. Nous travaillons actuellement pour que les deux forces en présence désarment, pour que la réunification et la refondation des forces armées se fassent.

Mais par contre l’opposition politique ivoirienne déclare qu’il y a beaucoup plus de symboles que d’actes...

Pour le président de la république, sa visite au grand Nord n’est pas un symbole, c’est la réunification de fait de la Côte d’Ivoire. Les actions futures que nous allons mener ne sont pas des symboles, puisque les Accords complémentaires de Ouaga nous demandent d’aller au regroupement, de faire le stockage des armes, de travailler sur la refondation de nos deux forces.

Au sujet des actions, où en êtes-vous avec la question des grades ?

Avec les Accords complémentaires de Ouaga, cette question est laissée à l’appréciation du facilitateur et nous nous en tenons essentiellement à ce qu’il dira.

Que préconisez-vous en tant que chef d’Etat-major des FANCI pour que les choses s’arrangent quand on sait que du côté des Forces nouvelles, il est dit que les éléments vont conserver leur grade lorsque l’armée sera réunifiée ?

Je n’en dirai pas plus en ce qui concerne les grades, puisque les chefs d’Etat-major des FANCI et des Forces nouvelles ont fait des propositions et les Accords complémentaires nous disent que le problème sera tranché par le facilitateur. Il faut être patient.

Doit-on dire que vous acceptez d’appeler le chef d’Etat-major adjoint des forces nouvelles, le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao, avec lequel vous étiez tout à l’heure (NDLR : l’entretien s’est déroulé quelques heures après que les deux hommes se soient séparés), commandant ?

C’est un frère d’armes, un Ivoirien que nous avons reçu et nous avons commencé à travailler avec nos frères d’armes des Forces nouvelles pour faire avancer le processus, et faire naître la confiance. Pour le moment, nous sommes des militaires et lisons ce qui est écrit. C’est le grade qu’il porte étant dans la rébellion et nous le lisons comme ça. Mais quand ils vont venir, est-ce que nous lirons le grade de la même manière ? C’est pour cela que je dis qu’il faut qu’on s’en tienne à ce que décidera le facilitateur.

Qu’en est-il de la question des primes allouées aux éléments des FANCI et qui semblent poser toujours quelques problèmes ?

Pour ce que je sais concernant nos éléments qui sont sur la ligne de front, la prime a été fixée et elle est payée bien qu’il y ait des arriérés. Le problème réside plutôt au niveau des éléments du Centre de commandement intégré (CCI) qui font la sécurisation des audiences foraines. A la réunion préparatoire, il a été fixé un certain taux mais il se trouvait que les taux varient d’une personne à une autre. Ce problème a été posé par des éléments et nous avons demandé que la prime soit uniformisée pour tout le monde, parce qu’il y en avait qui devaient percevoir 12 000 F CFA et d’autres la somme de 3 000 F CFA pour le même travail qu’ils faisaient.

Est-ce qu’on peut dire que la confiance est totalement établie entre les FANCI et les forces armées des Forces nouvelles

La confiance est établie et il n’y a pas de doute là-dessus. Mon "ancien", Soumaïla Bagayoko et moi, nous travaillons dans le cadre du CCI et nous sommes les co-commandants de ce centre. Nous avons dans ce sens, une réunion tous les vendredis au niveau du CCI pour donner des instructions, recevoir des comptes-rendus du chef du commandement intégré. Nous avons même travaillé avec nos frères des Forces nouvelles dans le cadre de la visite du président de la république, Laurent Gbagbo dans le grand Nord et tout s’est bien passé.

Où en êtes-vous avec le retour des éléments des FANCI, dont le général Mathias Doué, qui avaient quitté la Côte d’Ivoire ?

Tous les éléments qui sont partis de la Côte d’Ivoire sont revenus. Le colonel. Jules Yao Yao est rentré de même que les colonels Oulatta, Kadio Miezou. Nous attendons que le général Mathias Doué rentre.

Avez-vous de ces nouvelles ?

A vrai dire, je n’ai pas des nouvelles du général Doué.

Il a été évoqué dans la presse ivoirienne qu’entre le président de la république Laurent Gbagbo et son chef d’Etat-major, la confiance est pratiquement rompue et qu’il serait sur le point de vous trouver un successeur

Il n’y a rien entre le président Laurent Gbagbo qui reste le chef suprême des armées et moi. Je dis que c’est une campagne de presse honteuse menée par des gens qui sont tapis dans l’ombre et recherchent, je ne sais quel but. Ce qui est essentiel et que tout le monde doit savoir, c’est que nous n’occupons pas des postes à vie. Nous avons été nommé en tant que fils de la Côte d’Ivoire et nous essayons à notre manière d’apporter notre modeste pierre à la reconstruction de notre pays. Même nommé par décret, nous pensons qu’après avoir accompli notre mission qu’on puisse faire appel à quelqu’un un d’autre pour qu’il remplisse également la sienne. Nous devons constamment nous mettre à l’esprit que nous n’occupons pas des postes éternels. Ces campagnes de presse font que lorsque des gens sont nommés à des postes et qu’on les change, ils ne sont pas contents et se retrouvent dans la rébellion.

Qu’est-ce que vous auriez voulu dire et que nous n’avons pas pu aborder ?

Je souhaite que les journalistes nous laissent travailler. Qu’on apporte à la population, l’information vraie et cela va contribuer énormément à faire avancer le processus. Mais telles que les nouvelles sont divulguées sans que les gens viennent à la base pour avoir les informations réelles, cela crée des problèmes, des tensions inutiles. Vous voyez ce que la presse dit de moi, il n’en est rien de tout cela. Je suis là et je travaille pour mon pays. Je souhaite que nos journalistes fassent preuve de professionnalisme dans tout ce qu’ils font. Je voudrais aussi lancer un appel à nos frères des Forces nouvelles et à ceux des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire que nous avons les textes relatifs aux Accords complémentaires de Ouagadougou. Ces Accords nous invitent à faire le regroupement et le stockage des armes. Faisons les choses avec diligence, parce que notre pays a beaucoup souffert et il faut que les activités reprennent leur cours normal en Côte d’Ivoire. Les clignotants sur le plan économique sont pratiquement au rouge. Il faut véritablement que nous puissions sortir de cette situation pour aller à la paix, afin de permettre au peuple ivoirien de souffler et de permettre à notre économie de reprendre.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO et Kab’s Paul KABORE (Collaborateur)

Le Pays

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