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39e assises des la presse francophone : Contrat rempli pour la Côte d’Ivoire

Publié le mercredi 12 décembre 2007 à 09h22min

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Du 30 novembre au 07 décembre 2007, Abidjan puis Yamoussoukro ont abrité les travaux des 39es assises de l’Union de la presse francophone (UPF). Une semaine durant, près de deux cents hommes de médias ont planché sur le thème "Médias, démocratie, paix". Un thème d’actualité pour une Côte d’Ivoire qui tente de retrouver le chemin de la paix. Retour sur une rencontre ouverte par Laurent Gbagbo et clôturée par Guillaume Soro.

Inutile de dire qu’il y avait grand-monde au palais des congrès de l’hôtel Ivoire, où a été donné le top de départ des travaux des 39es assises de l’UPF. Surtout que le Président Laurent Gbagbo en personne relevait de sa présence l’éclat de ladite cérémonie.

Ces 39es olympiades de la presse francophone marquaient, pour ainsi dire, le retour de la paix en Côte d’Ivoire. Et la solennité de l’événement n’avait d’égal que la volonté des acteurs politiques et de la presse ivoirienne de dire à la face du monde que Côte d’Ivoire "is back".

L’histoire retiendra le nombre élevé des interventions à la cérémonie d’ouverture (neuf au total) et surtout la consistance de quelques-unes d’entre elles. De tous ces discours on retiendra un dénominateur commun : une certaine franchise afin de lever les équivoques, de dégager les responsabilités aux fins de consolider la paix s’en dégageait. De ces neuf allocutions retenons quelques-unes et des plus explicites.

D’abord celle d’Abdou Diouf

Absent à Abidjan, c’est son conseiller spécial, Ousmane Paye, qui a livré le discours du secrétaire général de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie). Pour l’ex-président sénégalais, il n’y a pas de paix sans démocratie, il n’y a pas de démocratie sans journalistes libres, crédibles et professionnels. C’est pour cela qu’il saluera à sa juste valeur la tenue de ces assises en Côte d’Ivoire, "un pays dont la crise politique avait jeté la consternation dans la famille francophone qui est en train d’en sortir".

Lui succédant, Laurent Dona Fologo, un homme que l’on ne devrait plus présenter tant il passe pour un loup blanc dans le landernau politique ivoirien. Journaliste de formation, ancien ministre, ancien président international de l’UPF, actuel président du CES (Conseil économique et social), il s’insurgera contre les médias francophones "qui ont diabolisé sa patrie, la Côte d’Ivoire".

Que ces assises aient lieu au pays de Félix Houphouët-Boigny est pour un message fort Dona Fologo, qui se définit comme un homme tant de l’ancien que du nouveau régime et qui n’a pas manqué de mousser son homonyme de président, lequel reste à ses yeux un grand démocrate.

Après Fologo, la parole échut au chef d’Etat ivoirien ; devant les participants, c’est un Gbagbo tout heureux qui a préféré mettre de côté son discours rédigé pour en improviser un. Et là, le premier magistrat de Côte d’Ivoire n’a pas fait dans la dentelle en livrant ce qu’il attend des journalistes : "Qu’ils soient sérieux", "j’attends d’eux ce qu’on attend de l’historien", dira-t-il.

"La presse nationale, poursuivra-t-il, jure avec la recherche de l’objectivité. Nous en sommes au stade des erreurs grotesques et grossières".

Puis le premier Ivoirien ne résistera pas à la tentation de flageller l’un des 16 quotidiens que compte son pays pour avoir barré à sa une sa prétendue fortune personnelle, estimée à 2 800 milliards FCFA ( ??!!) : "Et pourtant le journaliste n’avait même pas le début d’une preuve", soupira-t-il.

Prenant à témoin le Président international de l’UPF, Hervé Bourges, Gbagbo lui dira : "...Aide-nous à dire à nos journalistes que seul le sérieux paie. Ils ont le devoir de nous critiquer, mais il faut qu’on jette sur nos pays des regards sérieux et non des regards de propagandistes".

Selon Laurent Koudou, qui semblait en avoir gros sur le cœur, il n’est pas là pour bâillonner les journalistes. Bien au contraire, car la liberté de la presse est consubstantielle à la démocratie.

"Autant, poursuivra-t-il, nous ne pouvons pas faire l’économie de la démocratie, autant nous ne pouvons pas faire l’économie de la liberté de la presse". A entendre le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, "le journaliste neutre n’existe pas et chacun d’eux est inféodé à quelque chose. La ligne éditoriale, c’est la ligne politique ; et être neutre, c’est être incolore, inodore, avec des papiers qui n’ont aucun goût, ni le goût du sucre ni le goût du sel".

Parlant de la situation de crise dont émerge son pays, l’époux de Simone reconnaîtra que chaque pays construit son histoire avec des hauts et des bas. Mais si cette situation ne l’inquiète aucunement en tant qu’historien, elle l’agace par contre en tant que politique.

"Mais, ajoutera-t-il, si c’est le prix de la liberté, le passage obligé pour la formation d’une nation, assumons-la, faisons en sorte qu’elle soit la moins douloureuse possible". Avant d’asséner : "La Côte d’Ivoire sort de la crise et aucun Ivoirien ne peut franchir le pas du séparatisme", comme pour se donner bonne conscience.

A Yamoussokro, à l’hôtel des députés

Après la cérémonie d’ouverture, les participants à ces assises se sont transportés à Yamoussoukro, au centre de la Côte d’Ivoire, pour entamer la phase des travaux en plénière. Et c’est le tout flambant neuf Hôtel des députés de cette ville qui a prêté son rutilant cadre à ces assises.

Sans faire dans le dithyrambe, nous disons que celles-ci ont permis à chacun des participants d’avoir une meilleure approche du triplique médias, démocratie et paix. Une première table ronde, en effet, avait pour sous-thème "Médias, conflits et processus de paix dans l’espace francophone" et a été animée, entre autres, par Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS français (Centre national de la recherche scientifique), grand témoin et spécialiste de l’Afrique, Tidiane Dioh, responsable du Programme médias à l’OIF et Athanase Karayenga, chargé de projet à la Fondation Hirondelle. Ce fut une table ronde bien enrichissante pour les participants.

Quant à la deuxième, elle traitait de "La démocratie à l’épreuve de la liberté de presse, conflits entre pouvoirs publics et médias".

Ce panel était composé de Samba Koné, président du Réseau des instances africaines d’autorégulation des médias ; Mediambal Diagne, journaliste sénégalais ; Renaud Labrosse, universitaire français ; Ibrahim Koné et Yacouba Kébé, tous deux anciens directeurs de radio Côte d’Ivoire.

C’est dire que le farniente n’avait pas droit de cité à ces assises, car après ce panel, les participants ont accueilli un autre sur "L’engagement des médias pour la paix". Les panélistes avaient pour noms René Gnaléga, universitaire ivoirien ; Basile Boli, ancien international de football et directeur d’Entreprendre et réussir en Afrique (ERA) ; Daniel Pautrar, consultant international ; Eugène Dié Kacou, journaliste et président du Conseil national de la presse en Côte d’Ivoire ; et Jérôme Diégou Bailly, président du Conseil national de la communication audiovisuelle. Là encore, les débats, fort nourris, ont montré tout l’intérêt des participants pour cette communication, voire des assises.

La dernière table ronde s’est penchée sur cette question : "Que serait la démocratie sans les médias ? Le rôle des journalistes en période de crise politique" ; elle a été animée par Ibrahim Sy Savané, ministre ivoirien de la Communication ; Daniel Favre, président de l’UPF de Suisse ; Alcinou Louis Da Costa, consultant médias pour l’OIF, ancien fonctionnaire à l’UNESCO ; et Guy Bernière, ancien de l’AFP (Agence France Presse).

Ces quatre communications, marquées du sceau de la densité, ont été unanimement bien appréciées des participants.

Soro comme Gbagbo

Après l’ouverture des assises à l’Hôtel Ivoire, les travaux se sont poursuivis, comme nous l’écrivions plus haut, à Yamoussoukro, au centre de la Côte d’Ivoire. Mais si c’est le Président Gbagbo qui a patronné l’ouverture des travaux, la clôture, quant à elle, était placée sous l’autorité du tout jeune Premier ministre, Guillaume Soro.

Tout à fait à l’aise devant son auditoire, le chef du gouvernement ivoirien a dit toute sa joie et sa fierté de voir son pays accueillir lesdites assises.

Pour le Premier ministre ivoirien, les journalistes, acteurs sociaux de premier plan, informent les populations et leur donnent les moyens de se faire leur propre opinion ; raison pour laquelle il les considère comme partie prenante au processus de sortie de crise. Au-delà des différences de lignes éditoriales, voire des engagements personnels, dira-t-il, le professionnalisme, le sens de la responsabilité sociale, le respect de l’éthique et de la déontologie de leur métier sont les gages de leur crédibilité.

"Combattant de la liberté, poursuivra Guillaume Soro, j’attache une importance particulière à la liberté de presse, qui est l’essence même du journalisme". Et de l’avis du chef du gouvernement ivoirien, l’humanité ne peut pas survivre sans démocratie et, parce qu’il n’existe pas de démocratie sans information libre, cette liberté doit être renforcée et consolidée chaque jour davantage par les journalistes eux-mêmes, mais aussi par les pouvoirs publics, les acteurs sociaux, les usagers des médias.

Et Guillaume Soro de conclure en ces termes : "Sachant que la liberté de s’exprimer ne peut s’exercer sans la responsabilité, qui la fonde, mon souhait, comme je l’ai manifesté en d’autres occasions, est que les journalistes prennent leur part de responsabilité et jouent pleinement le rôle qui leur est dévolu dans le processus engagé en Côte d’Ivoire en faveur de la paix". Voilà qui est dit et bien dit.

C’est avec le sentiment du devoir bien accompli que les participants ont pris un rendez-vous ferme pour les 40es assises, qui se tiendront au Canada en 2008. Dans un an donc !

Boureima Diallo

Ouaga-Abidjan - Yamoussoukro - Ouaga


Dan Moussa remercie ses hôtes

Alfred Dan Moussa est le directeur des rédactions de Fraternité Matin. Il est également le Président de l’UPF-Côte d’Ivoire et l’organisateur en chef des 39es assises de l’UPF. Et c’est tout naturellement qu’il a ouvert la série des interventions pour souhaiter la bienvenue à ses confrères francophones.

Hervé Bourges est parti

Président de l’UPF depuis 2004, Hervé Bourges a quitté volontairement son poste et passé le témoin, à la fin des travaux, à Alfred Dan Moussa. Et son discours lors de ces assises, qui a été qualifié de dense est un discours-testament.

C’est tout heureux que le directeur de la rédaction de Fraternité Matin, Dan Moussa, assume désormais sa nouvelle charge. Disons, pour finir, que notre compatriote Issaka Lingani, directeur de publication de l’Opinion et par ailleurs trésorier de l’UPF - Burkina fait désormais partie du comité international de l’UPF.

Avec Edouard Ouédraogo, directeur de publication de l’Observateur paalga, Issaka Lingani est la 2e personnalité burkinabè à rejoindre le comité international, l’instance de décision de l’UPF.

Il ne saurait en être autrement pour le Burkina, qui, avec sa quinzaine de journalistes à ces assises, a fait bonne impression au bord de la lagune Ebrié. Et ce, grâce au soutien de la présidence du Faso, du premier ministère, de l’Assemblée nationale, du ministère de la Communication, des Arts et du Tourisme ainsi que d’Air Burkina, notre compagnie nationale.

B.D.

L’Observateur

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