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9 ans après Sapouy : "Les regards sont toujours tournés vers la présidence"

Publié le lundi 10 décembre 2007 à 10h37min

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13 décembre 1998-13 décembre 2007. Cela fait 9 ans que notre confrère Norbert Zongo et ses trois compagnons ont été abattus et brûlés sur la route de Sapouy. Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, créé à l’occasion, continue toujours de battre le macadam et d’exiger la réouverture du dossier, objet d’un non-lieu.

Comme de coutume, les journalistes ont été conviés à un point de presse sur la commémoration de ce triste anniversaire. C’était le samedi 9 décembre 2007 à la Bourse du travail de Ouagadougou.

Chrysogome Zougmoré du MBDHP, Tolé Sagnon du Collectif CGT-B, Me Bénéwendé Sankara du Collectif/avocats, Nestor Bassière du Groupe du 14 Février, Jean-Claude Méda de l’AJB et Adama Baguya de l’UGEB. Tels sont les responsables du Collectif qui se sont entretenus avec la presse durant plus d’une heure d’horloge. Pour introduire les échanges, le président du Collectif Chrysogome Zougmoré lira une déclaration liminaire dans laquelle il indique que les 9 ans de l’assassinat de Norbert se déroulent dans un contexte socio-économique dramatique pour les travailleurs salariés et les populations des villes et campagnes. Pour argumenter ses propos, il cite la campagne agricole désastreuse avec comme corollaire le spectre de la famine, le prix des céréales et des hydrocarbures en hausse vertigineuse, la baisse du pouvoir d’achat des populations.

"C’est dans ce contexte de famine rampante et de vie chère que les 20 ans de Blaise Compaoré ont été célébrés avec faste. C’est encore dans ce contexte de misère et de pauvreté que le pouvoir s’apprête à fêter le 11 décembre avec faste. C’est toujours dans ce contexte d’offensive contre les libertés syndicales, politiques, marquées par les sanctions contre les travailleurs du SAMAE que le gouvernement tente de montrer à la face du monde qu’il est un acteur de paix dans la sous-région" ajoute-t-il, amer. Le président du Collectif continue de tirer à boulets rouges sur le régime en abordant le non-lieu "qui traduit d’une part, une absence de volonté politique de tirer au clair cette affaire et d’autre part, un déni de justice... C’est enfin une tentative prônée et inacceptable d’enterrer pour toujours le dossier Norbert Zongo".

Mais pourquoi le Collectif n’a pas cherché des "éléments nouveaux" à mettre à la disposition du juge d’instruction, Wenceslas Ilboudo ? "Dès l’assassinat de Norbert Zongo, le Collectif a mis en place une Commission d’enquête dont les résultats ont été confirmés par la Commission d’enquête indépendante (CEI). Les éléments qui existent sont suffisants pour faire jaillir la lumière. C’est à la justice de faire son travail". Et Me Bénéwendé d’ajouter que la CEI a travaillé avec des experts en balistique venus d’Europe qui ont démontré que les armes utilisées viennent du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et c’est ce qui a permis, entre autres, de désigner des suspects sérieux. Le président du Collectif conclut en indiquant que les regards sont tournés à cet effet vers la présidence du Faso.

Dans tous les cas, le Collectif réaffirme sa détermination et son engagement à poursuivre la lutte pour exiger la réouverture et l’instruction sérieuse du dossier. Que vient faire la question des prix des céréales dans l’affaire Norbert Zongo ? interroge un confrère. Les animateurs du point de presse ont souligné que le Collectif est un mouvement citoyen qui tient compte des préoccupations de la base.

En plus de cela, il a une plate-forme revendicative qui ne contient pas seulement le dossier Norbert Zongo "L’un des éléments de la plate-forme, c’est la refondation de la justice, la séparation des pouvoirs pour avoir une juste libre et indépendante afin d’éviter que des juges comme le Procureur Barry n’affiche son parti pris..." martèle Me Bénéwendé Sankara. Du reste, la lutte du Collectif a engrangé des acquis importants tels que la relecture du Code électoral et des textes de la Constitution.

Au cours du débat, les relations entre Bénéwendé Sankara et Halidou Ouédraogo qui semblaient s’être détériorées avec le procès des 50 millions des commerçants ont été abordées. Me Bénéwendé était étonné d’apprendre que l’opinion a cru à une brouille entre lui et Me Halidou Ouédraogo. "Il n’en est rien. Nos relations sont au beau fixe. Je lui ai simplement rappelé le jour du procès qu’il doit demander l’autorisation du tribunal avant de s’asseoir pour plaider... Si j’avais su, on aurait fait un communiqué conjoint pour démentir la rumeur".

Adama Ouédraogo Damiss

Les activités de la commémoration

- Le port effectif du deuil par un brassard, un foulard ou autre fanion noirs ;
- Des rassemblements, recueillements, dépôts de gerbes de fleurs dans les cimetières, hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons, à Flavien Nébié et à toutes les victimes de violences en politique ;
- Des marches meetings dans les provinces, départements et autres localités du pays. Pour la ville de Ouagadougou, les manifestations suivantes sont prévues : Jeudi 13 décembre 2007 :
- Port effectif du deuil par un brassard, un foulard ou autre fanion, noirs ;
- 7h : rassemblement au cimetière de Gounghin pour les dépôts de gerbes de fleurs, le recueillement, l’hommage à Norbert Zongo et aux autres victimes de crimes impunis ;
- 8h : rassemblement à la Place de la Nation, pour la grande marche contre le non-lieu et pour la réouverture du dossier Norbert Zongo, contre la vie chère, contre une école au rabais et pour les libertés ;
- 10h : Meeting à la Place de la Nation après la marche.

L’Observateur Paalga

P.-S.

Lire aussi :
Affaire Norbert Zongo

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