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Promouvoir le « Faso danfani »

Publié le vendredi 7 décembre 2007 à 18h19min

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La IIe édition des journées de valorisation du textile artisanal s’est tenue du 29 novembre au 2 décembre 2007 à Ouagadougou sous le thèmes : « textile, cuir et accessoires de mode ». Cette initiative des producteurs et promoteurs du pagne tissé « danfani » a toute son importance au moment où la filière coton bat de l’aile. Le Burkina Faso, l’un des plus gros producteurs africains de coton n’arrive pas à transformer plus de 2% de sa production sur place.

Le peu transformé est un véritable nid d’emplois, surtout pour les femmes, reconnues pour être la frange la plus pauvre des populations : tissage, teinture, couture, vente...tous ces maillons de la chaîne occupent des hommes et des femmes qui en tirent leur pitance quotidienne. Les multiples actions pour promouvoir le pagne tissé depuis les années 80 n’ont pas réussi à faire adopter ce tissu dans les habitudes vestimentaires des Burkinabè.

Plus de 20 ans après la relance du « Faso danfani » (FDF), le tissu demeure un produit exotique pour beaucoup « d’hommes intègres ». On se débrouille pour en posséder au moins un qui sera porté à des circonstances précises. Il est vrai que comparativement aux pagnes importés, le Faso « dan fani » ne fait pas le poids vu son coût parfois élevé pour une grande partie de la population, mais il faut reconnaître et saluer l’ingéniosité des tisseuses, le talent des teinturiers et la créativité des couturiers qui ont permis d’en faire un produit de qualité reconnue. Ce savoir-faire envié par les pays voisins n’impressionne guère le consommateur burkinabè. Le pagne tissé s’est modernisé. Il a été allégé et modelé pour répondre aux exigences du marché. Il manque peut-être un meilleur doigté des couturiers locaux.

Sinon, comment comprendre que les autres pays en raffolent ? Sans mettre en cause la compétence et l’imagination des créateurs de mode burkinabè, les FDF doit aller au-delà du boubou, pour emprunter les marches de la haute couture. Le pagne ne perd en rien sa valeur traditionnelle ; bien au contraire, c’est un pan de la culture d’un peuple qui peut contribuer à la diversité.

Le FDF peut s’ouvrir au monde et offrir des marchés. La tentative de production de tissus d’ameublement reste au stade embryonnaire. Même si les prix ne sont accessibles qu’à une petite catégorie de Burkinabè, les mentalités restent difficiles à changer. En plus de toutes ces considérations, les producteurs eux-mêmes ne créent-ils pas leur propre concurrence ? Obligés de faire face aux pagnes synthétiques aux couleurs et motifs du FDF, les producteurs de plus en plus utilisent du fils synthétique importé. Ces pagnes brillants se vendent bien certes, mais n’est-ce pas une façon de dénaturer le FDF, de limiter la consommation du coton burkinabè au profit des productions étrangères ?

L’idéal dans ce contexte de rude concurrence est de créer d’abord, un marché national viable pour le FDF et susciter un peu de chauvinisme chez le consommateur burkinabè. Pourquoi ne pas exploiter le marché potentiel des tenues scolaires, militaires, les blouses etc ? Les élèves eux-mêmes organisent une fois par an « la journée du pagne traditionnel » dans leurs établissements. Pourquoi ne pas les encourager à s’habiller burkinabè toute l’année et d’en être fiers ? L’adaptabilité du pagne tissé peut contribuer à forger l’industrie textile burkinabè avec des retombées certaines pour l’économie du pays et ses populations.

Assétou BADOH

Sidwaya

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