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Burkina Faso : Un bon élève de Bretton Woods, un cancre du PNUD

Publié le vendredi 7 décembre 2007 à 18h28min

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Le Rapport sur l’indice de développement humain durable 2007 a classé le Burkina Faso 176 sur 177 pays sur le plan mondial. En Afrique, sur les 51 pays concernés par le classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Burkina est 50e. Le pays qui se trouve derrière le Burkina est la Sierra Leone, un pays qui sort de plus de dix ans d’une atroce guerre civile. C’est donc dire qu’en réalité le Burkina occupe la dernière place dans ce classement.

Au cours des années précédentes, après la publication du Rapport par le PNUD, le gouvernement se dépêchait de confectionner un contre-rapport national. Mais, comme on le voit, ses gesticulations n’ont pas changé grand-chose depuis que les rapports du PNUD sortent chaque année. Le Burkina fait du sur place ; pire, il recule. Ne dit-on pas que qui n’avance pas recule ?

Ce classement du PNUD est un classement renversant. En effet, les discours officiels disent que le Pays des hommes intègres est un bon élève de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ses gros bailleurs de fonds multilatéraux. Les autres bailleurs de fonds bilatéraux, les partenaires au développement lui chantent les mêmes louanges. Sur le plan national, le gouvernement n’a de cesse de répéter aux populations que les choses bougent. La croissance annuelle de l’économie avoisine les 6%. Les visiteurs, de passage à Ouagadougou et les missions d’experts, ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de notre pays. Il est cité en exemple.

Cependant, il est là, ce classement du PNUD. Et il semble difficile d’accuser le PNUD de partialité ou de malveillance à l’égard du Burkina. Il serait inexact aussi d’accuser une manipulation des chiffres. Par qui et à quelles fins ? Pourquoi ce rang "infamant" pour un pays qui vient de fêter avec éclat les "20 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré" ? Pourquoi ce bon élève qui applique soigneusement tous les remèdes prescrits par les "développeurs" garde-t-il depuis une décennie ce rang de bon avant-dernier ? Qu’ont fait les autres pays que le Burkina n’a pas fait ? Ce classement a été perçu comme une douche froide par tout Burkinabè soucieux du développement de son pays.

Il y a un menteur quelque part. Ou c’est le PNUD qui tripatouille les données que lui envoient les services compétents du Burkina, et pourquoi le fait-il à l’endroit de notre pays ? Ou bien ce sont les ministères concernés qui ne fournissent pas de données fiables. Car, on le sait, ces données qu’une institution de réputation mondiale comme le PNUD reçoit, il les contrôle.

C’est pourquoi, on est réduit à poser et à se poser des questions. Le gouvernement dit-il la vérité aux Burkinabè chaque fois qu’il chante le progrès, quand il dit que le pays avance ? Dans une certaine mesure, oui : on construit de beaux immeubles, on construit des échangeurs même.

Mais n’a-t-on pas oublié l’essentiel : le social par exemple qui se trouve être un indice-clé dans les évaluations du PNUD ? Les autorités de ce pays ne cachent-elles pas ces maladies que les autres voient pourtant ? En tout état de cause, ce classement du Burkina appelle les responsables du pays, mais aussi tous ses citoyens, à une nécessaire remise en cause de leurs certitudes.

Les Premiers ministres Paramanga Ernest Yonli, puis son successeur Tertius Zongo, dans des discours publics, ont parlé de croissance. Les fruits de la croissance ne sont pas répartis convenablement ou pas du tout. La ménagère n’a pas senti cette croissance. Depuis 20 ans, les salaires sont restés stationnaires. Or, on n’a pas besoin d’être un docteur en économie pour savoir que plus le pouvoir d’achat est important, plus la consommation des ménages l’est. Une grande consommation des biens et des services entraîne une meilleure production de ces biens et services, donc le développement. Mais au Burkina, la majorité ne peut pas consommer parce que son pouvoir d’achat est faible.

Toutefois, il faut reconnaître que le Burkina jouit d’une stabilité enviée au-delà de nos frontières, ce qui n’est pas une moindre chose, quand on voit les soubresauts qui secouent des pays voisins. Mais la stabilité dans la misère n’a jamais été un modèle à suivre.

"Le Fou"

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